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Sondages de l'Elysée: Claude Guéant mis en examen pour "complicité de favoritisme"

L'ancien secrétaire général de l'Elysée était entendu mardi par le juge dans l'affaire des sondages de l'Elysée, et des contrats juteux accordés aux conseillers de Nicolas Sarkozy sous son quinquennat. Il a finalement été mis en examen.

Claude Guéant a été mis en examen mardi pour "complicité de favoritisme" dans l'affaire des sondages de l'Elysée. Proche de Nicolas Sarkozy, l'ancien ministre de l'Intérieur et ex-secrétaire général de l'Elysée était entendu mardi par le juge pour préciser son rôle dans les contrats passés sans appels d'offres à partir de 2007 avec les sociétés de Patrick Buisson (Publifact puis Publiopinion) et de Pierre Giacometti, tous deux mis en examen pour recel de favoritisme. 

Avec des soupçons supplémentaires d'avoir détourné des fonds publics pour le premier, ex-patron du journal d'extrême droite Minute qui s'était imposé comme l'un des conseillers les plus influents du président.

Guéant affirme avoir plutôt "freiné la dépense"

La convention signée par Patrick Buisson avec l'Elysée prévoyait d'une part du conseil rémunéré 10.000 euros par mois et octroyait d'autre part à Publifact "l'exécution de sondages", à sa liberté d'appréciation et avec les instituts de son choix. Dans un rapport de 2009, qui allait conduire l'association Anticor à porter plainte, la Cour des comptes dénonçait le caractère "exorbitant" de cette convention, l'Elysée n'ayant "ni la maîtrise ni le contrôle" des dépenses.

Au final, les enquêteurs ont retrouvé trace de 235 sondages achetés par le cabinet de Patrick Buisson et revendus à la présidence entre 2007 et 2009, avec une marge d'environ 1,4 million d'euros, soit entre 65% et 70%. Le juge l'a mis en examen pour le détournement de ces fonds publics. Certains des sondages revendus avaient déjà été diffusés dans la presse. "Mon rôle a plutôt été de freiner la dépense" par rapport à l'"appétence en matière de sondages" de Nicolas Sarkozy, s'est défendu son ancien conseiller, selon l'audition.

Le juge, qui cherche à déterminer qui a décidé cette convention signée par Emmanuelle Mignon et Patrick Buisson, a demandé à ce dernier s'il l'avait rédigée lui-même. Réponse affirmative. Nicolas Sarkozy lui aurait dit "pour les modalités, vois avec Claude (Guéant)", qui lui aurait répondu "puisque vous voulez une convention, proposez-moi un projet'". De son côté, Emmanuelle Mignon a assuré en garde à vue avoir reçu la convention déjà signée par Patrick Buisson, avec une note manuscrite de Claude Guéant, qu'elle a remise aux enquêteurs, lui demandant de "mettre le contrat à la signature".

Lors de sa garde à vue, Claude Guéant avait assuré ne pas avoir négocié le contrat. De plus, à ses yeux, "l'Elysée n'est pas un ministère mais un pouvoir constitutionnel qui échappe à la règle commune des administrations", donc aux appels d'offres. A la suite du rapport de la Cour des comptes, l'Elysée avait procédé à une régularisation pour les sondages en lançant une procédure d'appel d'offres.

Le nom de Guéant cité dans d'autres affaires

L'affaire, dans laquelle l'ex-directrice de cabinet Emmanuelle Mignon et d'autres anciens conseillers ont été mis en examen, n'est pas la seule dans laquelle le nom de l'ancien ministre est cité: Claude Guéant a été condamné mi-novembre à deux ans de prison avec sursis et cinq ans d'interdiction de toute fonction publique à l'issue du procès sur les primes en liquide du ministère de l'Intérieur, alors qu'il dirigeait le cabinet de Nicolas Sarkozy (2002-2004). Il a fait appel.

Il est aussi mis en examen pour faux et blanchiment de fraude fiscale dans l'affaire des soupçons de financement libyen de la campagne Sarkozy en 2007. En cause, la vente alléguée de tableaux pour expliquer un virement de 500.000 euros sur son compte.

A. K. avec AFP