Sarkozy, "une personnalité abîmée mais pas à terre"

La garde à vue de Nicolas Sarkozy vient s'ajouter à la liste des affaires dans lesquelles l'ancien président est cité. Le retour de Nicolas Sarkozy en politique est-il compromis?

Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue mardi matin, dans le cadre de l'enquête sur les soupçons de trafic d'influence et de violation du secret de l'instruction. Une mesure qui rappelle les différentes affaires dans lesquelles son nom est cité. Nicolas Sarkozy peut-il malgré tout organiser son retour? BFMTV.com a posé la question à Jean-Daniel Lévy, de l'institut de sondage Harris Interactive.

Ces rebondissements judiciaires peuvent-ils compromettre le retour de Nicolas Sarkozy?

Cela peut poser un problème, mais en France, on ne vote pas uniquement en fonction de la morale ou de la probité. On vote aussi en fonction d'un programme politique, d'une personnalité, etc. La preuve, c'est que Jacques Chirac a été élu, alors que les Français savaient qu'il n'avait pas toujours été honnête.

Malgré cela, on constate une forte baisse de confiance vis-à-vis de Nicolas Sarkozy. On est dans un contexte où les Français souhaitent être fiers de leurs responsables politiques, et cette accumulation d'affaires peut altérer l'idée que Nicolas Sarkozy puisse remplir la "mission" de représenter la droite à la prochaine présidentielle.

Malgré cela, Nicolas Sarkozy reste parmi les plus populaires au sein de l'UMP...

C'est exact. Les Français le considèrent toujours comme le premier candidat à l'élection présidentielle. Malgré la baisse de popularité (-18 points en neuf mois selon Harris Interactive), il conserve un potentiel très important aux yeux des électeurs de droite, et au sein de son parti. Nicolas Sarkozy est une personnalité abîmée, mais pas à terre. Son retour n'est pas forcément compromis.

Parallèlement, sa baisse dans l'opinion se fait au profit d'Alain Juppé. L'ancien Premier ministre a lui été condamné. Mais il a purgé sa peine, puis s'est "exilé" au Canada avant de redevenir ministre des Affaires étrangères. Cela lui a permis d'acquérir de nouveau le statut d'homme d'Etat.

Ses soutiens à l'UMP peuvent-ils l'aider à revenir?

Oui, il compte des soutiens à l'UMP - comme Brice Hortefeux ou Nadine Morano par exemple. Et le regard enthousiaste que ces soutiens véhiculent peut avoir un impact positif sur l'électorat. Ces "supporteurs" communiquent souvent sur les mêmes arguments, comme l'idée d'un complot judiciaire contre Nicolas Sarkozy. Ils s'attaquent également à la décrédibilisation de la justice: un argument qui fonctionne bien chez l'électorat de droite.

Malgré cela, il faut rester prudent, et observer de près les suites: combien de temps Nicolas Sarkozy reste en garde à vue, est-ce qu'il sera mis en examen ou pas. Car l'aspect moral reste important pour l'opinion.

Propos recueillis par Ariane Kujawski