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Primaire à droite: pourquoi Bayrou est la cible préférée de Sarkozy

Nicolas Sarkozy en meeting à Toulon le 21 octobre dernier.

Nicolas Sarkozy en meeting à Toulon le 21 octobre dernier. - Bertrand Langlois - AFP

Dans une tribune publiée par le JDD, 165 élus de droite et du centre s'en prennent violemment à la stratégie de François Bayrou, qui soutient Alain Juppé à la primaire de droite.

François Bayrou est-il la nouvelle cible privilégiée de Nicolas Sarkozy? Dimanche dans le Journal du dimanche, le candidat à la primaire à droite et 164 de ses partisans ont signé un "appel pour une véritable alternance", ciblant directement le président du Modem, qui n'est pourtant pas candidat à l'investiture.

"On ne peut pas sortir du socialisme avec celui qui nous y a fait rentrer (…)", peut-on lire dans ce texte. La rancune de Nicolas Sarkozy à l'encontre de François Bayrou est tenace. Le patron du centre ne l'a pas soutenu en 2012, ni en 2007 et ça, il n'est pas prêt de l'oublier. 

Pire encore, l'alliance entre François Bayrou et Alain Juppé révulse Nicolas Sarkozy. D'autant plus qu'elle lui fait sérieusement de l'ombre: le maire de Bordeaux creuse de plus en plus l'écart sur son concurrent dans les sondages. La campagne de Nicolas Sarkozy peine à décoller, le "blast" tant attendu ne vient pas. Alors l'ancien Président attaque.

"C'est à hurler de rire"

Mais sur le fond, le clan Juppé n'a pas l'intention de laisser passer l'attaque. "Parmi les signataires de l'appel, j'en vois au moins une dizaine qui gèrent un exécutif local –municipal, départemental ou régional– avec le Modem", relève Benoist Apparu, porte-parole d'Alain Juppé, contacté par nos soins.

"Ce serait à hurler de rire si ça n'était pas tragique", renchérit Marielle de Sarnez, vice-présidente du Modem, également jointe par BFMTV.com. Et tous deux de citer notamment Christian Estrosi, élu avec les voix du Modem aux régionales en Paca, ou encore Gérald Darmanin, vice-président de la région Hauts-de-France, élu également après un accord avec le PS et le centre aux régionales.

Quelle stratégie se cache derrière cette attaque? "C'est une tactique de primaire, il cherche à attirer un électorat interne, facile à mobiliser", estime Yann Wehrling, porte-parole du Modem. Marielle de Sarnez, qui voit d'abord dans cette attaque le signe d'un "désarroi profond", estime possible l'idée que "Sarkozy veut écoeurer une partie de l'électorat, celui qui ne lui est pas acquis, pour qu'il n'aille pas voter, et que seul le noyau dur se déplace". Autrement dit, celui qui ira voter Nicolas Sarkozy.

"Mais je pense que c'est exactement l'inverse qui va se produire". Au passage, égratigner François Bayrou permet à Nicolas Sarkozy d'attirer en creux les électeurs de l'UDI.

Pour Benoist Apparu, il est clair que cette attaque vise directement le clan Juppé. Elle rejoint l'argument de "l'alternance molle", ce "risque" que brandit Nicolas Sarkozy lorsqu'il évoque Alain Juppé dans ses discours. L'appel condamne également "les petites combinaisons de partis".

"C'est de bonne guerre, je n'ai rien à leur reprocher", assure Benoist Apparu. "Mais ils auraient pu faire preuve de plus de cohérence. Et surtout, il fallait se réveiller plus tôt: l'accord avec Bayrou est conclu depuis plus de deux ans!"

NKM, elle, "est cohérente"

La cohérence, c'est au contraire ce que tous saluent…chez Nathalie Kosciusko-Morizet. Candidate à la primaire elle aussi, elle a appelé dimanche sur BFMTV à une alliance avec le centre en vue de la présidentielle. "Elle est historiquement sur la même ligne que lors de sa campagne pour les municipales à Paris, elle est constante", souligne Benoist Apparu. "C'est de la pure cohérence. Moi j'ai soutenu Valérie Pécresse pour les régionales", rappelle Marielle de Sarnez: "elle a fait une très bonne campagne, mais elle a aussi été élue parce qu'on était là !".

D'accords électoraux en rejets violents, les rapports entre le Modem et une partie de la droite ne sont pas un long fleuve tranquille. 

"Le Modem est un courant centriste qui n'a jamais bien cohabité avec la droite bonapartiste, elle a tendance à le considérer au mieux comme une force d'appoint", représentée par Nicolas Sarkozy, analyse l'historien Christian Delporte. "Mais dans le passé, les relations entre l'UDF et le RER n'ont jamais été bonnes non plus".

"On n'avait pas les mêmes idées, c'est vrai, mais dans l'ensemble les choses se passaient bien", rétorque au contraire Marielle de Sarnez. L'arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir aurait-elle été le déclencheur de la tempête? "Il a en tout cas décidé de cristalliser l'attaque sur la personne de François Bayrou. Et je pense que ce sera totalement contre-productif".

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV