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Les Républicains

Primaire à droite: les stratégies des candidats révélées par leurs comptes de campagne

Alain Juppé a mené la campagne la plus onéreuse de la primaire à droite

Alain Juppé a mené la campagne la plus onéreuse de la primaire à droite - PATRICK KOVARIK / AFP

Les dépenses des candidats pour la primaire de la droite et du centre, révélées cette semaine par la Haute autorité, en disent long sur leurs stratégies électorales.

L’argent, le nerf de la guerre en politique? La Haute Autorité a dévoilé cette semaine les comptes de campagne des sept prétendants à l'investiture de la droite et du centre. Dépenses et recettes y sont comptabilisées, depuis l’annonce officielle de leur candidature, le 21 septembre, jusqu’au jour du second tour, le 27 novembre. La transparence s’avère donc limitée pour les candidats dont la campagne a démarré tôt. François Fillon s’est présenté à la presse en 2013, Alain Juppé en 2014, Jean-François Copé et Bruno Le Maire en février 2016, Nathalie Kosciusko-Morizet en mars 2016.

Des budgets hétérogènes

Néanmoins, ces chiffres permettent d’entrevoir plusieurs stratégies de campagne. Premier constat: les candidats les plus dépensiers sont également ceux arrivés en tête dans les urnes. Celui qui a dépensé le plus est Alain Juppé, le favori des sondages: avec 1,488 million d’euros, il frôle le plafond autorisé par le parti Les Républicains, fixé à 1,5 million d’euros. En deuxième position, on retrouve François Fillon, grand gagnant du scrutin. Sa campagne a coûté 1,481 million d’euros. Non loin derrière, Nicolas Sarkozy, éliminé au premier scrutin, qui a déboursé en tout 1,301 million d’euros.

Derrière, les sommes sont loin du million: 596.807 euros pour Bruno Le Maire, 283.498 pour Jean-Frédéric Poisson, 112.739 pour Nathalie Kosciusko-Morizet, et 101.064 euros pour Jean-François Copé, également en queue de classement dans les urnes avec 0,3% des voix. Les fonds des trois candidats en tête proviennent surtout de dons privés, expliquant les différences de budgets entre les sept candidats.

Le terrain, la stratégie gagnante

Les candidats ont utilisé de manière très différente leurs ressources financières. Quelle a été la stratégie gagnante? François Fillon a tout misé sur le terrain. Parmi les prétendants en lice, il est celui qui a consacré la plus grande part de ses dépenses aux réunions publiques, 69% de son budget total. Le candidat a parcouru la France entière durant deux mois, ses frais de déplacement s'élèvent à 134.430 euros, le record dans cette catégorie.

Alain Juppé a privilégié les canaux de communication délaissés par ses concurrents. Il est celui qui a dépensé le plus en promotion téléphonique, avec 244.369 euros. Quatre de ses compétiteurs n’ont pas investi un seul centime dans ce mode de communication. Pour les deux autres, le budget n’excède pas 25.000 euros. Il est le seul à avoir acheté des espaces publicitaires et l’un des rares à avoir mis en place des opérations commerciales. Sa campagne se rapproche ainsi des stratégies classiques de lancement de produit en marketing.

Nicolas Sarkozy possède le site internet le plus onéreux de la primaire à droite, 114.105 euros. Son personnel lui a également coûté cher, 236.591 euros, le record dans cette catégorie. Il possède également le QG le plus expansif, avec un montant de 57.485 euros. Avec 69.957 euros d’achat de matériel et de fournitures, ce dernier devait être particulièrement bien équipé. Nicolas Sarkozy a donc particulièrement soigné ses collaborateurs. Autre particularité, il est le seul à recourir aux caravanes, permettant à de jeunes engagés de sillonner la France pour promouvoir ses idées. Là encore, la facture est salée, 101.007 euros.

Parmi les autres candidats, Jean-Frédéric Poisson n'a pas vraiment été un homme de terrain. Il a dépensé autant en tracts qu'en meetings. Bruno Le Maire, qui voulait incarner la jeunesse, a consacré 15% de son budget à son site internet. Même si Jean-François Copé n'a dépensé "que" 101.064 euros dans cette élection, l'opération n'a pas été très rentable pour le maire de Meaux. Avec seulement 12.787 voix, chaque bulletin lui a coûté 7,9 euros. Au contraire, Nathalie Kosciusko-Morizet a mené une campagne efficace financièrement, puisque chaque voix lui est revenue à un euro. 

Emeline Gaube