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Présidence des Jeunes populaires : l'autre match de l'UMP

Benjamin Lancar, au campus UMP de Port-Marly. À sa gauche Camille Bedin, à sa droite Mickaël Camilleri

Benjamin Lancar, au campus UMP de Port-Marly. À sa gauche Camille Bedin, à sa droite Mickaël Camilleri - -

Alors que la bataille pour la présidence du parti d'opposition fait rage, en coulisses se joue un autre duel tout aussi féroce : celui de la succession de Benjamin Lancar à la tête du mouvement jeune de l'UMP.

À l'UMP, un duel peut en cacher un autre. Derrière la bataille Fillon-Copé pour la présidence se profile un affrontement tout aussi féroce et non moins décisif pour le parti d'opposition, celui de la succession de Benjamin Lancar à la tête des Jeunes populaires, la branche jeune de l'UMP. Entre 18.000 et 20.000 militants potentiellement mobilisables pour les futures échéances électorales, municipales en tête. Le match est ouvert, le second mandat du président sortant arrive à son terme et il ne peut se présenter une troisième fois.

Il faudra cependant patienter. Pour ne pas parasiter le match des champions, les cadres du parti ont décidé de reporter l'élection, traditionnellement organisée au cours de l'été, à une date ultérieure au congrès du parti.

"Janvier 2013", au mieux, promet-on, justifiant le chamboulement du calendrier par le souci de l'UMP de ne pas ouvrir de nouveau front en pleine guerre Fillon-Copé. Il se murmure au siège du parti que la date, qui satisfait un secrétaire général sortant soucieux de mettre rapidement en action son équipe, sera encore repoussée si François Fillon venait à être élu. Non convaincu par les courtisans actuels, l'ancien Premier ministre souhaiterait prendre le temps de laisser émerger de nouvelles personnalités parmi les jeunes, dans un contexte déconnecté de la guerre des chefs.

Des rivalités

Car en réalité, de l'issu du prochain scrutin interne dépendra largement le profil des futurs candidats. Et les aspirants ont à cœur de ne pas brûler toutes leurs cartes avant même de savoir s'ils ont misé sur le bon cheval : comprendre, celui qui sera désigné le 18 novembre prochain par les militants pour prendre la tête de l'UMP, et dont le choix pèsera lourd, parmi ceux qui se prétendent les mieux à même de représenter les moins de 30 ans du parti.

En attendant, le duel fait rage entre les postulants au titre qui, déjà, positionnent leurs pions derrière les deux ténors dans un affrontement à qui mieux mieux. Fin septembre, le très sarkozyste responsable de la formation des jeunes UMP Mickaël Camilleri, et Aurore Bergé, proche de Valérie Pécresse, revendiquaient tous deux la paternité de l'"appel des 200" en faveur de François Fillon.

Une tribune signée par 212 jeunes cadres et responsables locaux de l'UMP (Jeunes populaires, Jeunes actifs, UMP Grandes écoles...) en faveur de l'ancien Premier ministre. Un pied de nez, malgré cette légère rivalité interne, au camp adverse qui n'a réussi de son côté qu'à récolter 67 soutiens parmi les jeunes.

Quatre favoris

Avec le secrétaire national chargé de l'entreprenariat des jeunes Jonas Haddad, ces trois jeunes pousses font figure de vainqueurs potentiels. Au premier rang des favoris, l'actuel numéro trois des jeunes populaires Mickaël Camilleri, bien placé en cas de victoire de François Fillon même s'il ne fait pas partie des préférences du candidat à la présidence de l'UMP. D'autant que l'autre filloniste potentiellement présidentiable, Aurore Bergé, ne devrait pas lui opposer beaucoup de résistance.

À bientôt 26 ans, la jeune femme, très engagée sur les questions d'égalité hommes-femmes, laisse toutefois planer le doute sur ses intentions. "Rien n'est exclu", assure-t-elle. Mais balayée il y a deux ans dans une campagne dominée de bout en bout par un président sortant très présent dans les fédérations, la militante des Yvelines pourrait préférer laisser sa place pour se consacrer pleinement à sa ville de Magny-les-Hameaux où elle sait avoir une carte à jouer en vue des municipales 2014.

Un héritage

Au contraire de sa rivale, Mickaël Camilleri n'entend pas rompre totalement avec la politique menée par Benjamin Lancar. Même s'il la souhaite "davantage tournée vers le fond", ce proche de Laurent Wauquiez est bien obligé d'admettre que la présidence incarnée par Benjamin Lancar, sa stratégie de communication parfois outrancière, son fameux lipdub, et ses dérapages contrôlés, ont permis au mouvement d'attirer l'attention des médias comme jamais depuis la création de l'UMP en 2002.

Ce proche de Xavier Bertrand avait connu quelques désaveux après l'élection d'un Jean-François Copé plus soucieux de faire émerger d'autres talents, à commencer à l'époque par le président de l'antenne jeune de son think tank Génération France, Benjamin Haddad, lequel ne participera pas à la campagne pour la présidence des Jeunes populaires pour continuer à prêcher la bonne parole copéiste sur le terrain.

C'est un autre Haddad, Jonas, cette fois, qui pourrait tirer son épingle du jeu dans cette bataille à couteaux tirés. Mais à 24 ans, le secrétaire national de l'UMP chargé de l'entreprenariat des jeunes n'a encore "rien décidé", persuadé que le futur leader du parti imposera un candidat de consensus.

Deux challengers

Camille Bedin ? L'actuelle numéro 2 des Jeunes populaires et secrétaire nationale chargée des questions éducatives assure qu'elle sera "probablement candidate". Elle pourrait cependant pâtir d'une stratégie trop tournée à droite, vers l'ex-frontiste Guillaume Peltier et son courant, la "droite forte", qu'elle a rejoint et qui, même s'il sert la campagne d'un Jean-François Copé "décomplexé" pour mieux fédérer autour de lui les militants les plus à droite, emprunte un peu trop ses discours au Front national, au jugé de jeunes majoritairement pro-fillonistes.

De quoi permettre à des challengers comme Mahmoud Tall et Mickaël Vaqueta d'émerger ? Les deux se sont déclarés très tôt candidats à la succession de Benjamin Lancar, fin septembre pour le deuxième, qui se revendique de la nouvelle génération, début octobre pour le premier. À 26 ans, ce consultant spécialisé dans la vie culturelle, militant du VIe arrondissement de Paris, et inconnu des médias, cherche à se faire un nom avant le lancement officiel de la campagne. Filloniste pure souche, sans grands soutiens au niveau national, Mahmoud Tall pourrait trouver bénéfice de ce calendrier tardif, lui qui plaide pour une modification des règles électorales internes, favorable à l'élection du président des jeunes populaires par l'ensemble des militants jeunes quand il est, pour l'instant, élu au suffrage indirect par les 1.800 conseillers nationaux Jeunes Populaires (CNJP).

Une stratégie qui permet au mieux d'émerger, au pire d'exister.

Tristan Berteloot