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Police, gendarmerie, renseignement: Sarkozy à l'épreuve des chiffres

Le président de l'UMP Nicolas Sarkozy

Le président de l'UMP Nicolas Sarkozy - Lionel Bonaventure - AFP

Le retour des heures supplémentaires qui entraînerait mécaniquement l'équivalent de "4.000 équivalents temps plein" au sein de la police et du renseignement et débat sur les effectifs de police et de gendarmerie sous sa présidence ont suscité des interrogations après le passage du président de l'UMP au 20 heures de France 2. Explications. 

Le retour du "travailler plus pour gagner plus"... et pour protéger plus? Le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a proposé mercredi soir sur France 2 "de décider immédiatement de rétablir les heures supplémentaires dans la police et les services de renseignement" pour faire face à la menace terroriste, un moyen selon lui de créer automatiquement "4.000 équivalents temps plein tout de suite". Une telle mesure, plaide-t-il, éviterait d'attendre les deux ans de formation nécessaires à un jeune entrant, en écho à l'annonce de Manuel Valls de créer 2.680 postes. L'ancien président de la République a également réfuté avoir lui-même baissé les effectifs de police et de gendarmerie lors de son quinquennat, entre 2007 et 2012.

> Rétablir les heures supplémentaires va-t-il créer "4.000 temps plein"?

Les heures supplémentaires existent déjà dans la police nationale, mais aucune ligne budgétaire ne permet leur paiement actuellement. Un rapport de la Cour des Comptes de 2013 pointe qu'à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, l'équivalent de 19 millions d'euros d'heures supplémentaires restait en attente de paiement au sein de la police.

De plus, ce rapport dénonce que le taux moyen de l'indemnité horaire pour les heures supplémentaires travaillées de juillet 2011 à juin 2012 avait atteint "26,47 euros au lieu de 12,33 euros", soit plus du double du taux prévu par un décret du 3 mars 2000.

Il est vrai que Nicolas Sarkozy n'a pas parlé explicitement d'heures supplémentaires payées. Mais, explique Jean-Pierre Colombies du syndicat des officiers SCSI à BFMTV, les forces de l'ordre multiplient déjà les heures supplémentaires: "Les comptes temps sont surchargés et les récupérations impossibles à prendre par manque d'effectifs. 4.000 temps plein grâce aux heures supplémentaires? C'est une augmentation virtuelle". 

"Il serait faux de penser que les policiers ne font pas d'heures supplémentaires, elles sont juste non payées et théoriquement récupérables!", a réagi Nicolas Comte du syndicat Unité SGP Police FO qui évoque "20 millions d'heures en attente" actuellement.

Il affirme aussi que son syndicat - comme le SCSI reçu ce jeudi - n'a pas été reçu par Nicolas Sarkozy qui a pourtant assuré que "tout le monde est d'accord" avec sa proposition.

Autant que financier, le problème de la police et de la gendarmerie serait donc humain.

> Les effectifs de police et de gendarmerie ont-ils baissé sous Nicolas Sarkozy?

Le manque d'effectifs pour prendre les heures supplémentaires est "la conséquence de la Révision générales des politiques publiques de 2007" (RGPP) sous la présidence de Nicolas Sarkozy, assure Jean-Pierre Colombies. Lors de son quinquennat, 12.000 postes de policiers ont été supprimés, assure Le Monde. Des chiffres confirmés par une enquête de Libération dès le mois de mai 2012 ou par Le Figaro qui relatait le blues des forces de l'ordre dès 2009.

"C'est faux, c'est totalement faux", a rétorqué Nicolas Sarkozy sur France 2 mercredi, arguant que les chiffres étaient restés stables entre... 2002 (malgré la pause entre 2004 et 2005) et 2012, soit en incluant dans son bilan son passage au ministère de l'Intérieur

Nicolas Comte assure lui sur Twitter qu'"entre 2008 et 2012 13.000 suppressions de postes (sont intervenues) dans la police et la gendarmerie! Un document validant cette diminution existe. (...) Document signé par Michèle Alliot-Marie et JC Delage du syndicat alliance qui validait ces suppressions de postes".

Cette baisse des effectifs de police et de gendarmerie liée à la RGPP est également corroborée par une analyse de Laurent Mucchielli, sociologue au CNRS, sur Mediapart, pour la période 2007-2010.

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- © Laurent Mucchielli - Mediapart
Samuel Auffray