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Les Républicains

Patrick Stefanini, l'homme de l'ombre qui a fait gagner François Fillon

Patrick Stefanini, directeur de campagne de François FIllon, le 12 octobre 2016 à Boulogne-Billancourt.

Patrick Stefanini, directeur de campagne de François FIllon, le 12 octobre 2016 à Boulogne-Billancourt. - Patrick Kovarik - AFP

Inconnu du grand public, le directeur de campagne de François Fillon n'en est pas à sa première victoire aux côtés d'un candidat de son parti.

Il est l'homme de l'ombre, celui dont le nom est apparu publiquement seulement après le premier tour de la primaire de la droite: Patrick Stefanini, directeur de campagne de François Fillon, a mené son candidat jusqu'à la victoire, contre toutes les prévisions des sondages et des concurrents de l'ancien Premier ministre.

Cet énarque discret de 63 ans n'en est pas à sa première campagne victorieuse: il n'en a d'ailleurs perdu aucune. En 1995, c'est à lui que fait appel Jacques Chirac pour mener la bataille face à Edouard Balladur, à l'époque grand favori des sondages. La victoire du maire de Paris sera le début d'une longue série. Il s'engage ensuite auprès d'Alain Juppé, son mentor, avec qui il est condamné en 2004 dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Préfet de Gironde, il est ensuite nommé secrétaire général du ministère de l'Immigration lorsqu'il est dirigé par Brice Hortefeux, et s'engage en 2015 auprès de Valérie Pécresse pour sa campagne de 2015 en Ile-de-France.

Lorsqu'il apprend à Nicolas Sarkozy qu'il s'engage au côté de François Fillon dans la campagne, il tente tout ce qu'il peut pour le convaincre de changer d'avis, raconte L'Obs. Alain Juppé, lui, pense en priorité à conquérir Bordeaux à l'occasion des municipales. Il laisse partir son ami, qui, déçu, se lance alors dans une campagne de terrain, rigoureuse et très organisée, au service de François Fillon. Son talent est connu, l'homme a fait ses preuves dans le passé. Il est également un fin connaisseur de l'UMP, futur Les Républicains.

Un candidat pas assez offensif à son goût

Pourtant, la campagne ne sera pas toujours à son goût. Un an avant l'échéance, il s'impatiente face au comportement de "son" candidat, et le trouve trop passif. Il s'active en coulisses pour remobiliser ses proches, et se charger de faire passer le message: François Fillon doit être plus offensif. Mais loin de se démonter face aux sondages, il prédit également six mois avant l'échéance que la remontée de son poulain se fera sur la dernière ligne droite.

En parallèle, il organise le ralliement à François Fillon du mouvement catholique Sens commun, issu de la Manif pour tous. Une opération déterminante pour la suite de la campagne: François Fillon devient alors le candidat naturel des catholiques conservateurs.

S'il n'a jamais perdu une campagne en tant qu'homme de l'ombre, Patrick Stefanini n'a jamais réussi à transformer l'essai en son nom propre. Candidat de l'UMP, il échoue aux législatives à Paris en 2002 et ne renouvellera pas l'expérience. Désormais, son efficacité pour faire gagner François Fillon pourrait être récompensée: selon L'Obs et RTL, le candidat de la droite à la présidentielle voudrait remodeler l'organigramme du parti Les Républicains. Il pourrait nommer Patrick Stefanini directeur général du parti Les Républicains à la place de Frédéric Péchenard, qui avait été nommé à ce poste par Nicolas Sarkozy.

Ariane Kujawski