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"On nous a menti": Retailleau charge le gouvernement et menace à nouveau d'une motion de censure

"Les hypothèses" du budget 2023 "étaient pipotées", accuse Bruno Retailleau. Au point, pour la droite, de déposer une motion de censure? Le patron des sénateurs LR continue de ménager le suspens, indiquant que "ça va dépendre aussi du gouvernement".

La situation a des airs de déjà-vu. Bruno Retailleau, patron des sénateurs Les Républicains, met de nouveau la pression sur l'exécutif ce mercredi 10 avril sur BFMTV-RMC, en rappelant notamment la menace d'une motion de censure, en marge de l'envolée du déficit public en 2023 (5,5% du PIB), bien au-delà des prévisions du gouvernement (4,9%).

L'élu de Vendée tance d'abord la gestion des finances publiques sous Emmanuel Macron, dépeignant la France comme "le cancre de l'Europe". Puis, il accuse l'exécutif d'avoir "menti". En cause: un contrôle "sur place et sur pièce" effectué par le rapporteur général du budget du Sénat, François Husson (LR), à Bercy le 21 mars dernier.

"C'est catastrophique"

Ce dernier "a découvert des notes qui "indiquent très clairement (...) avant même que le Parlement ait pu voter le budget 2024" que "les ministres savaient que les hypothèses étaient pipotées, donc que le budget était insincère", dénonce Bruno Retailleau, qui a déjà relayé cette accusation ces derniers jours.

L'actualité récente ne va pas le pousser à changer de ton. Le déficit public atteindra encore au moins 5% du PIB en 2024, contre 4,4% espérés, dans les nouvelles prévisions que doit dévoiler ce mercredi le gouvernement, ont affirmé mardi plusieurs quotidiens, comme Les Échos et l'Opinion. Bruno Retailleau enfonce le clou: "C'est catastrophique".

Quid de la motion de censure?

Dès lors, son parti est-il prêt à dégainer une motion de censure? Bruno Retailleau formule à nouveau cette menace mais précise que "cela dépend aussi du gouvernement". La droite lui a adressé plusieurs "lignes rouges". Éric Ciotti, patron du parti, les a définies dans Le Parisien samedi:

"1, nous refuserons toute augmentation des prélèvements obligatoires. 2, nous refuserons la désindexation des retraites. 3, les dépenses de santé ne doivent pas constituer la variable d'ajustement des errances gouvernementales", a-t-il dit.
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Si motion de censure, il y a, ce ne sera pas à partir d'un budget rectificatif pour 2024. Emmanuel Macron a balayé cette option au détour d'une apparition surprise lors de la traditionnelle réunion de coordination hebdomadaire de la majorité à l'Élysée.

De quoi faire enrager Bruno Retailleau: "On est quand même dans une démocratie parlementaire. Et les Parlements ont été inventés pour voter l’impôt, pour voter la dépense. Le président de la République dit ‘oui, oui, on va bricoler des choses mais en dehors du Parlement'", tance-t-il.

Baptiste Farge