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Nicolas Sarkozy, chronique d'un retour annoncé

Le non-lieu en faveur de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt signe l'amorce de son retour en politique.

Le non-lieu en faveur de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt signe l'amorce de son retour en politique. - -

Nicolas Sarkozy, qui bénéficie d’un non-lieu dans l’affaire Bettencourt, se voit libéré du dernier obstacle qui lui barrait la route. L’ancien président peut-il revenir en politique, voire se présenter à la présidentielle de 2017?

Ses admirateurs n’ont plus que ce mot à la bouche: le retour. Avec la décision du juge Gentil d’accorder un non-lieu à Nicolas Sarkozy, mis en examen dans l’affaire Bettencourt, c’est un boulevard politique qui s’ouvre devant l’ancien président, et ses amis l’ont bien compris. Nadine Morano évoque déjà 2015 comme un "bon timing" pour revenir.

Nicolas Sarkozy lavé, blanchi, peut désormais tracer tranquillement sa route vers 2017. "Les amis de Sarkozy peuvent se réjouir, car c’est une victoire considérable", analyse le politologue Thomas Guénolé, auteur de Nicolas Sarkozy, chronique d'un retour impossible? "Il a été mis en cause publiquement, il a annoncé qu’il se défendrait, et aujourd’hui il a gagné". Depuis mars dernier, date de sa mise en examen, l’ancien président s’était plusieurs fois exprimé, notamment sur son compte Facebook, pour clamer son innocence et son intention de se défendre.

Le spectre des affaires plane toujours

Pourtant, ses aventures judiciaires ne sont pas terminées. "Le principal obstacle sur sa route vers 2017, c’était le spectre des affaires, et en particulier l’affaire Bettencourt. Désormais, l’épée de Damoclès est levée... Mais il y en a d’autres!", rappelle Thomas Guénolé.

Nicolas Sarkozy est également mis en cause dans l’affaire Karachi, l’affaire Tapie-Lagarde, l’affaire Kadhafi et enfin celle des sondages de l’Elysée. "La plus dangereuse, et pourtant la moins médiatisée", selon le politologue. "Dans les autres, il y a très peu de chances qu’il soit mis en danger. Dans celle-ci, s'il est établi qu'il a utilisé des sondages commandés par l'Elysée pour son intérêt de candidat, il pourrait y avoir un potentiel détournement de fonds."

Mais l'ancien président n’a pas dit son dernier mot. "Chaque fois qu’il est mis en cause par la justice, sa stratégie consiste à mettre en cause les juges d’instruction via les médias", explique Thomas Guénolé. Une stratégie qu’il ne manquera pas de renouveler s’il est remis en cause.

L'homme providentiel de l'UMP?

L’enjeu est de taille, car la course pour 2017 semble avoir déjà commencé. Et Nicolas Sarkozy est déjà très bien placé. En témoigne notamment le "Sarkothon", la très rapide levée de fonds de 11 millions d'euros cet été pour éponger sa dette électorale, après l’invalidation de ses comptes de campagne.

Les sondages parlent, eux aussi. Dans une enquête Ifop de septembre, le candidat malheureux de 2012 surclasse tous les autres UMP: pour 62% des personnes interrogées, il leur est préféré en vue de la présidentielle de 2017. Nicolas Sarkozy reste également populaire chez les Français: malgré une réserve très calculée, il arrive deuxième avec 35% derrière Manuel Valls (43%), pour ce qui est de sa cote d’avenir.

Un retour tout en discrétion

Toutes les conditions semblent donc réunies. Mais Nicolas Sarkozy ne va pas pour autant revenir immédiatement sur la place publique. "Tout simplement parce qu’il n’est jamais vraiment parti", estime Thomas Guénolé. Depuis son échec en 2012, Nicolas Sarkozy n’a effectivement jamais cessé de se rappeler au bon souvenir de ses amis comme de ses adversaires.

De petites phrases qui fuitent dans la presse aux bains de foule dignes d'une rock star, l’ancien président a distillé une présence discrète et calculée. Lors de sa dernière sortie publique à Nice, le 27 septembre dernier, il s’est adressé à la presse pour la première fois depuis mai 2012. Il a également déjeuné avec des élus, comme il avait l’habitude de le faire lorsqu’il était président.

Nicolas Sarkozy devrait poursuivre cette stratégie, au moins jusqu’aux élections municipales et européennes de 2014. Le potentiel futur candidat de l’UMP a tout intérêt à prendre son temps avant de faire un come-back. "Plus on attend pour se déclarer, moins on peut être attaqué en tant que candidat", selon Thomas Guénolé. Puis Nicolas Sarkozy pourrait entre en scène. "Il feindra alors certainement d’accepter un fardeau pour sauver l’avenir de la France, comme il l’a déjà laissé entendre". La stratégie Sarkozy est en place.

Ariane Kujawski