"Nicolas Sarkozy arrive toujours à se faire passer pour une victime"

La succession d’affaires affectant l’UMP peut-elle nuire au parti de Jean-François Copé, ainsi qu’à l’ancien président français ? La réponse de Jean-Daniel Levy, de l’institut Harris Interactive.

La droite française a sans doute connu des jours meilleurs. L’affaire Copé et les soupçons de favoritisme qui l’accompagnent, mais aussi les enregistrements de Patrick Buisson et, ce vendredi, la nouvelle affaire concernant un possible trafic d’influence impliquant Nicolas Sarkozy plombent l'ancien président et l'UMP. Le parti peut-il s’en remettre, à quelques jours des élections municipales? La réponse de Jean-Daniel Levy, de l’institut Harris Interactive.

Dans quelle mesure cette succession d’affaires est un coup dur pour l’UMP?

On peut déjà rappeler que la bataille interne à l’UMP n’a pas vraiment eu de conséquence pour le parti. Ça n’a, par exemple, pas porté atteinte au nombre de sympathisants de l’UMP. Le contexte des élections législatives partielles l’a également montré. Aujourd’hui, il y a plutôt une focalisation sur Jean-François Copé plutôt que sur l’UMP. Il n’était déjà pas très populaire aux yeux des Français –à tort ou à raison- à cause de son lien spécial avec l’argent, via l’affaire Takieddine. Le risque, actuellement, c’est qu’il devienne celui qui a participé aux difficultés financières de Nicolas Sarkozy, alors que ce dernier reste très populaire parmi les sympathisants de l’UMP.

Nicolas Sarkozy peut-il en pâtir?

Ce n’est jamais très agréable, évidemment. Mais ce qui est impressionnant dans ce contexte, c’est que Nicolas Sarkozy arrive toujours à se faire passer pour une victime. Il est celui qu’on a "volé" (affaire Copé), qu’on a écouté à son insu (affaire Buisson), dont on a violé la vie privée (mise sur écoute par la justice).

Ces affaires peuvent-elles avoir un impact sur les élections municipales?

Jusqu’à il y a quelques heures, je vous aurais dit non. Mais maintenant, je dirais que ce n’est pas impossible, car l’on mesure une petite démobilisation à droite. On observe ainsi qu’il y a moins de personnes se disant prêtes à voter pour l’UMP, c’est assez étrange.

Pourquoi est-ce étrange?

Car en général, les Français ne votent pas sur la thématique de la morale publique. Cependant, la perception selon laquelle la morale des dirigeants de l’UMP peut être réprouvée peut s’avérer pénible à gérer pour le parti.

Les autres partis peuvent-ils être avantagés ?

Jusqu’à présent, ce n’est pas forcément le cas. Mais le différentiel d’abstentionnistes peut éventuellement jouer en faveur du PS. Quant au FN, il n’est pas spécialement encore considéré comme un parti "propre" par les Français. Il n’est donc pas susceptible d’incarner la "pureté" par rapport à l'UMP.

Yann Duvert