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Nadine Morano, l'hypercommunicante

Nadine Morano

Nadine Morano - -

Nadine Morano est partout: sur les réseaux sociaux comme dans les médias, impossible d'y échapper quel que soit le sujet. Pourtant, elle n'a quasiment plus de fonction politique à l'UMP. Cette stratégie peut-elle servir son retour en politique?

Un compte twitter alimenté en permanence où photos - postées aussi sur Instagram - bons mots et saillies se succèdent. Un profil facebook qui annonce ses nombreuses apparitions médiatiques et revient sur son actualité. Dernier exemple en date, lors du conflit qui l’a opposé à l’humoriste Guy Bedos ce wek-end, la chronique en sa faveur de Jean-Michel Apathie sur RTL ou encore un sondage du Figaro allant dans le même sens, ont été largement valorisés. Et bien sûr le classique, plus classieux que le blog, site Internet personnel. Cette personne qui use, voire abuse, des techniques de communication modernes est Nadine Morano.

Ex-ministre, ex-députée mais toujours conseillère municipale de Toul, la "Sarko girl" occupe le front médiatique. Et ce dernier le lui rend bien. Pas une actualité de son parti, l’UMP, de son favori, Nicolas Sarkozy, ou du gouvernement n’échappe à sa sentence, tançant s’il le faut les juges ou la pertinence d’une décision élyséenne. Mardi matin, elle était invitée des Grandes Gueules sur RMC avant de déjeuner avec les membres de l’association des Amis de Nicolas Sarkozy, dont elle est la trésorière. La veille, elle était sur France 2 pour participer à l’émission "Mots Croisés".

Conseillère en communication politique

Dans les rédactions l’on sait que Nadine Morano est une "bonne cliente". Les Guignols de l’Info aiment à la dépeindre en poissonnière. C’est "la seule ministre vraiment populaire du pouvoir sarkozyste", écrivait à son sujet Guy Carlier dans "Morano, une chanson populaire". En clair il est facile de la considérer avec un peu de condescendance, notamment pour sa propension au langage fleuri ou ses positions parfois très (très) simplifiées.

Alors "crétine exemplaire" Nadine Morano, comme s’interrogeait le site de L’Express en 2012? Possible. Mais pas évident. Peu savent par exemple qu’elle est titulaire d’un bac +5 en droit. Peut-être est-elle simplement plus maligne que d’autres. Après ses échecs électoraux, Nadine Morano a lancé une agence de communication, racontait Rue89 en octobre 2012.

Et le site en ligne de relever que l’ancienne ministre allait notamment conseiller des camarades politiques dont "beaucoup lui demandent déjà conseil". Comprendre que sa communication séduit ses congénères, que sa méthode serait peut-être en passe de devenir une référence. Mais Rue89 pointait aussi quelques dérapages incontrôlés. A moins que ceux-ci ne soient aussi que pure stratégie.

Morano et la théorie de l'agenda

Maxwell McCombs et Donald Shaw ont publié en 1968 "Agenda-setting theory", la "Théorie de l’agenda". Ils cherchaient à définir si, oui ou non, les médias influencent l’opinion. La réponse? Oui, parce que les média choisissent l’actualité traitée et l’importance donnée à celle-ci: l’agenda. Non, car ils ne disent ce qu’il faut en penser. Là intervient Nadine Morano.

La petite phrase politique du matin (ou de la veille au soir), publiée sur les réseaux sociaux ou lancée dans les matinales radio-télés, dicte les sujets à venir. Nicolas Sarkozy, directement ou indirectement, était un maître en la matière. Rémi Rieffel, dans son essai "Que sont les médias", estime que "bien souvent les médias calquent leur agenda sur l’agenda politique" mais, nuance-t-il "sans que la perception du public soit automatiquement suiviste".

Là peut intervenir la très disponible Nadine Morano. Sans filtre, elle analyse, commente l’actualité ou s’impose en douceur, par son intervention, entre le message rapporté par le média et le récepteur. Ainsi son message est entendu. Via les réseaux sociaux multiples de sa besace, elle touche aisément et directement, journalistes, sympathisants et ennemis.

Son avenir politique dira, notamment à ses nombreux détracteurs, si sa stratégie d’omniprésence a fonctionné. Et rien ne dit que, si elle retrouve de hautes fonctions, Nadine Morano s’assagira.

Samuel Auffray