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Lisnard alerte sur la montée des violences "physiques" et "réputationnelles" envers les élus locaux

S'il souligne que le phénomène est en hausse, l'édile de Cannes et président de l'AMF juge que "la surcharge bureaucratique" est "la première source de découragement" des maires.

Invité de BFMTV-RMC, le maire LR de Cannes David Lisnard, également président de l'Association des maires de France (AMF), alerte sur la montée des violences envers les élus locaux.

"Il y a une vérité statistique, c'est que sur la dernière décennie 2013-2023, il y a deux fois plus de démissions d’élus municipaux que sur la décennie précédente", explique l'édile de droite, ajoutant: "Depuis 2020, on a passé la barre des 1400 maires démissionnaires".

Montée des "violences physiques et réputationnels"

L'un d'eux, Yannick Morez, anciennement maire de Saint-Brevin (Loire-Atlantique), a concentré les regards, après avoir présenté sa démission sur fond de menaces de l'extrême droite. Mais, il n'est pas seul.

D'autres exemples ont interpellé, comme celui du maire de Carnac, dans le Morbihan - qui a été menacé de mort, après la destruction de menhirs - ou celui de l'édile de Lauris, dans le Vaucluse, qui a annoncé son départ ainsi que celui des conseillers municipaux de son groupe en raison de l'agression de l'un des élus par un habitant de la commune.

"On voit monter les violences physiques, mais aussi les violences réputationnelles. C'est-à-dire [que] vous vous voyez dénigré sur les réseaux sociaux, vous voyez vos enfants jetés en pâture etc...", détaille David Lisnard, qui s'appuie sur une étude annuelle de l'AMF et du Cevipof.

"Crise de la pratique politique"

Pour autant, "la première cause de découragement, c'est la surcharge bureaucratique", poursuit-il. "On perd en pouvoir d'agir", d'après l'élu, qui dénonce une "espèce de doxa au sommet de l'État", selon laquelle "plus" celui-ci "s'occupe des choses, plus c'est juste".

S'il plaide pour un "État fort, qui sanctionne vite tous ceux qui sortent des clous", David Lisnard souhaite que l'on "cesse d'entraver a priori la créativité, l'action". Il dénonce "une inflation, non seulement des coûts, mais [aussi] des textes" et prend un exemple: "Le code de l’environnement faisait 100.000 mots en 2012, il fait un million de mots en 2022." "Quand le droit devient abscons, c'est une régression démocratique", insiste le maire de Cannes, avant de conclure en évoquant une "crise de la pratique politique".

Baptiste Farge