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Les Républicains

Les Républicains: la maison brûle à droite

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé à Limoges le 14 octobre 2015.

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé à Limoges le 14 octobre 2015. - Nicolas Tucat - AFP

Evictions, départs et divisions: rien ne va plus chez Les Républicains depuis les élections régionales. Malgré ses appels au rassemblement, le leadership de Nicolas Sarkozy prend l'eau.

Nicolas Sarkozy se serait-il réjoui trop vite des résultats des Républicains aux élections régionales? Depuis le second tour, malgré les appels au rassemblement derrière lui, l'heure est aux règlements de compte et aux conflits internes.

La semaine a commencé par l'éviction de Nathalie Kosciusko-Morizet de la direction du parti. Sa faute? Avoir défendu la ligne du front républicain dans l'entre-deux tours, contre l'avis de Nicolas Sarkozy. Remplacée par son rival Laurent Wauquiez au poste de numéro 2, NKM n'a depuis pas mâché ses mots, évoquant des "méthodes staliniennes".

Estrosi et Bertrand remercient la gauche

Elle n'était pourtant pas la seule à défendre cette ligne: Jean-Pierre Raffarin, également pourfendeur du "ni-ni", souhaite même aller plus loin en défendant l'idée d'un "pacte républicain" avec le gouvernement sur le chômage. Plus surprenant, les deux nouveaux présidents de région Xavier Bertrand (Nord-Pas-de-Calais-Picardie) et Christian Estrosi (Paca) ont chacun remercié la gauche d'avoir appelé à faire barrage au FN, puis ouvertement critiqué leur président Nicolas Sarkozy.

"Si les électeurs avaient adopté la ligne du ni-ni, Xavier Bertrand et moi-même n'aurions pas été élus", a rappelé le président de Paca dans une interview à Paris Match. Avant d'ajouter que "Nicolas Sarkozy est un ami, je le respecte. Mais contrairement à lui, je ne pense pas que nous, élus Républicains, devions tenir un discours toujours plus à droite. Plus on va à droite, plus on fait monter le FN".

"Il faut qu'ils dessaoulent"

De quoi provoquer la colère du chef de l'opposition. "Il faut attendre qu'ils dessaoulent. Ça prendra deux mois", aurait lâché Nicolas Sarkozy mercredi matin devant ses équipes, rapporte Le Point. Un autre ajoute: "Ils sont atteints du syndrome de Stockholm: ils sont tombés amoureux de la gauche qui les a pris en otage". Si cette prise de distance agace Nicolas Sarkozy, c'est aussi parce que Christian Estrosi dirige la fédération Les Républicains des Alpes-Maritimes, qui lui est habituellement acquise. Comment prévoir les réactions des électeurs?

Comme si cela ne suffisait pas, Jean-René Lecerf, président du Conseil départemental du Nord, a annoncé jeudi matin son départ du parti à cause de son désaccord avec la ligne… et de l'éviction de NKM. "Un rassemblement, c'est un lieu où chacun peut s'exprimer et si vous avez des gens qui n'ont pas la même idée, ce n'est pas une raison pour les dégager comme ce qu'il s'est passé pour NKM", a-t-il ajouté.

Face à de telles divisions, Luc Chatel, conseiller politique de Nicolas Sarkozy, a suggéré d'avancer la date de la primaire des Républicains. "Je pense que si on avait notre candidat à la présidentielle avant l'été, ça nous permettrait d'avoir une année pour se préparer, pour rassembler, pour élargir, pour s'adresser aux Français", a-t-il expliqué, soulignant que les électeurs "ne supportent plus ces divisions". "Donc plus tôt on tranchera ce débat, à mon sens mieux ce sera".

Juppé capitalisera-t-il sur les divisions?

Mais là encore, la suggestion n'a fait que mettre en valeur les divisions du parti. François Fillon s'est déclaré hostile à la proposition, tout comme Bruno Le Maire et Alain Juppé. Depuis, la Haute autorité de la primaire a reconnu "impossible" cette hypothèse. L'élection se tiendra donc dans un an, comme prévu. Elle a perdu un candidat, Xavier Bertrand, mais pourrait gagner une nouvelle candidate, NKM, qui dit "y réfléchir".

En attendant, Alain Juppé continue la course en tête. Selon le sondage Elabe pour BFMTV, il serait le candidat préféré des Français pour les prochaines élections présidentielles, loin devant Nicolas Sarkozy. 

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV