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Les Républicains

Le chaos UMP booste l'audience des rédactions

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12,5 millions de personnes ont suivi l'élection interne dimanche dernier. L'actualité est si rapide que les acteurs peinent à ajuster leur stratégie.

Invectives, ripostes et annonces en direct : le feuilleton de l'UMP booste les chaînes d'information et nourrit les commentaires sur la toile, si vite que les acteurs de ce psychodrame n'arrivent pas à ajuster leur stratégie de communication, selon des experts.

"On a des audiences qui sont très fortes avec des pics à près de 1 million de téléspectateurs dimanche soir et lundi soir. 12,5 millions de téléspectateurs ont regardé BFM TV dimanche en cumulé sur la journée, et 12 millions lundi contre en moyenne 10 millions", se réjouit Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM TV.

"C'est un événement politique majeur et c'est un feuilleton qui convient parfaitement au format des chaînes d'information en continu : étalement dans le temps, rebondissements permanents, déclarations surprises", ajoute-t-il.

Dramatisation du phénomène par les chaînes

"Il y a un réel appétit des téléspectateurs. À chaque nouvel épisode, les courbes [indicateurs d'audience] s'envolent", confirme Céline Pigalle, directrice de la rédaction d'i-télé.

"Avec internet, twitter, les réseaux sociaux, tout ça s'autoalimente et s'accélère. Les politiques l'ont bien compris et ils s'en servent pour occuper le terrain. Mais parfois ils perdent le contrôle", ajoute-t-elle.

Dans l'urgence, "ils sont moins langue de bois mais c'est plus irrationnel et le lecteur ne comprend plus. On finit par s'interroger sur la stratégie politique", commente Marie-Eve Malouine chef du service politique à France-Info.

Pour Eric Revel, directeur général de LCI, "il y a une surenchère pour ne pas donner l'impression qu'on laisse l'autre avoir le dernier mot. Dans cette crise, le mode de consommation induit par les chaînes d'info a accéléré et peut-être accentué la dramatisation du phénomène, sans le vouloir".

2012 sonne la fin de l'UMP

Conférences de presse en direct, tweets de François Fillon ou de Jean-François Copé eux-mêmes juste avant, ripostes par lieutenants interposés 24/24... Le feuilleton UMP "atteint l'écoeurement", estime Jean Véronis, universitaire et spécialiste du langage. Et de rappeler l'exemple jeudi de l'éditorialiste de BFM TV Olivier Mazerolle qui a confessé en direct son ras-le-bol de "commenter des inepsies".

Les rebondissements UMP font aussi la joie des réseaux sociaux et des blogs. "La dérision et l'ironie atteignent des sommets rarement égalés depuis le tweet de Valérie Trierweiler", la compagne de François Hollande, ajoute Jean Véronis.

"En fait les mayas se sont trompés, en 2012 c'est juste la fin de l'UMP", "Fillon après la jambe cassée, les calculs rénaux, ce qui nous arrangerait c'est qu'il soit aphone quelques temps", "Si t'es fier d'être UMP frappe dans tes mains... Silence de mort", pouvait-on lire parmi les tweets vendredi. "Après les couacs, le Copé, la cocoe, voilà le concours de quéquettes", "des cartes de l'UMP en vente sur leboncoin.fr", "une pensée pour Coluche qui rate tout cela", "la garde alternée, c'est prévu dans les statuts ?", s'amusaient d'autres twittos, tandis que les vidéos et parodies se multipliaient sur YouTub

Le langage direct

"Un signe de bonne santé de la démocratie", commente Jean Véronis, qui rappelle que "dans la Grèce Antique, le public manifestait son mécontentement en crachant des noyaux d'olives sur les orateurs". Ce qui frappe ce spécialiste c'est "la désorganisation de l'UMP incapable d'ajuster une stratégie de communication".

"C'est la première fois que le langage se fait en direct. Avant, la stratégie se faisait à huis clos et ensuite on allait à la télévision. Là tout le monde intervient en direct, tout le temps".

L.B avec AFP