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La candidature de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains se précise

Bruno Retailleau, en août 2019

Bruno Retailleau, en août 2019 - Sébastien Salom-Gomis - AFP

Le patron du groupe LR au Sénat a convoqué une réunion, en visioconférence, ce jeudi soir à 18h. Principal sujet: son intention de se lancer dans la course pour la présidence des Républicains.

"Il nous a annoncé sa réflexion” raconte un participant. "Il a dit qu'il réfléchissait” abonde un autre, ”mais à aucun moment il n'a fait la moindre annonce". À la tête du groupe LR au Sénat depuis 2014, Bruno Retailleau voulait s'assurer du soutien de ses troupes en cas de candidature à la présidence des Républicains. Il a donc organisé une réunion en visioconférence ce jeudi soir avec des cadres de la formation.

”La quasi unanimité des sénateurs va le soutenir, on lui a dit", poursuit l'un des élus. "Il était ému, témoigne une figure du groupe, "d'habitude dans ces réunions on ne dit pas forcément tout le bien qu'on pense de lui!"

Une étape cruciale pour le parlementaire de 61 ans.... Avant de se déclarer en bonne et due forme à l'occasion des journées des Jeunes LR à Angers? Il s'agit en tout cas du scénario qui semble se dessiner ces derniers jours.

Un suspense entretenu tout l'été

Présentée comme inéluctable par beaucoup chez LR, la candidature du Vendéen se serait décantée pendant l'été. "Il a pas mal coupé en août", raconte-t-on dans son entourage. 

"Il se dit qu'il peut cumuler les deux postes, garder le groupe LR au Sénat et prendre la tête du parti", remarque un ancien membre de l'équipe de campagne de Valérie Pécresse.

Sa place au Sénat semble avoir été au cœur de ses hésitations alors que la Chambre Haute va avoir un rôle important dans la nouvelle configuration politique. "Je l'ai vu début juillet, il m'a dit qu'il n'irait pas", raconte une personnalité éminente au sein de LR. "Il pensait que c'était incompatible avec la présidence du groupe".

Fin juillet, Bruno Retailleau déclarait même sur BFMTV/RMC que la présidence du parti "n'est pas l'hypothèse que je privilégie, je ne suis pas en manque de responsabilité". "J'attends de voir pour ce qui me concerne pour savoir quelle décision je prendrai", ajoutait-il encore sur notre antenne.

Ce jeudi soir, à quelques exceptions près, ses collègues n'ont pas exprimé d'opposition à ce possible cumul. Ses tergiversations en ont rappelé d'autres: déjà en 2019, Bruno Retailleau avait renoncé à concourir pour prendre la direction des Républicains. L'année dernière, après avoir exprimé des envies de présidentielle, il n'avait finalement pas participé à la primaire. Cette fois, l'ancien patron de la région Pays-de-la-Loire paraît plus décidé. D'autant que le président du Sénat aurait joué un rôle dans son choix.

Une candidature anti-Ciotti?

Figure incontournable à droite, Gérard Larcher souhaite à tout prix maintenir l'unité dans son parti. Et pour lui, cela passe par une candidature de son collègue de Vendée. 

"Ce qui a fait pencher Larcher, ce sont les craintes de division et d'implosion du parti qui nous remontent depuis la candidature d'Éric Ciotti", raconte un parlementaire.

"Avec Retailleau, on n'est pas d'accord sur tous les sujets", reconnaît un autre. "Mais lui peut tolérer que des gens ne soient pas d'accord avec lui. Ce qui n'est pas le cas de l'autre candidat", tacle un autre sénateur, pas emballé par le favori des militants.

Alors que la ligne droitière du député des Alpes-Maritimes, axée sur les sujets de sécurité, est critiquée par certains en interne, le conservatisme plus traditionnel de Bruno Retailleau serait perçu comme moins clivant.

"Vu l'état de notre famille politique, on a besoin de quelqu'un de solide, qui ne fera partir personne" juge un sénateur. "Éric est un peu plus inquiet aujourd'hui qu'il y a trois semaines", raconte un élu du Sud. "Certains de ses soutiens vont s'interroger, les cartes vont être redistribuées"

Une élection plus serrée qu'annoncée

Car même si les deux hommes ont des visions différentes, ils s'adressent tous les deux aux militants les plus à droite du mouvement. 

"C'est la droite décomplexée, avec des fonds idéologiques similaires", analyse un soutien de Ciotti. "Cela va réserver plus de place à la ligne Pradié, qui aurait fait un score très bas en cas de duel avec Éric Ciotti"

Pas encore déclaré, le député du Lot, tenant d'une ligne plus sociale, devrait lui aussi être candidat. Chez les Républicains, un face-à-face Pradié-Ciotti, potentiellement tendu, était redouté. La liste définitive des candidats doit être connue mi-octobre. Le premier tour de l'élection est quant à lui prévu les 3 et 4 décembre prochains. 

Alexis Cuvillier avec Hugues Garnier