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Juppé une nouvelle fois interpellé sur son rôle pendant le génocide rwandais

Alain Juppé, maire de Bordeaux, au conseil municipal de la ville, le 28 mars 2014, après sa réélection.

Alain Juppé, maire de Bordeaux, au conseil municipal de la ville, le 28 mars 2014, après sa réélection. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Un collectif citoyen interpelle le maire de Bordeaux sur son action à la tête de la diplomatie française, pendant le génocide perpétré au Rwanda en 1994. Alain répond en défendant son action et celle de l'armée française lors de l'opération "Turquoise".

Un collectif de citoyens interpelle le maire de Bordeaux et ancien ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, sur son "rôle politique" durant le génocide au Rwanda. Ce sera bientôt le vingtième anniversaire des massacres qui firent 800.000 victimes, principalement des Tutsi, d'avril à juillet 1994.

Dans une longue lettre ouverte, la trentaine de signataires questionnent le rôle de l'ancien ministre des Affaires étrangères (1993-1995) d'Édouard Balladur pendant le génocide rwandais et ses positions sur le sujet.

Une lettre et une pétition pour faire lever le secret-défense

"Selon vous, la France n'a rien à se reprocher, bien au contraire", écrivent les signataires qui se présentent comme des "habitants de Bordeaux et citoyens attentifs au respect de la mémoire des victimes", auxquels se sont joints des journalistes, intellectuels ou membres d'associations.

Parmi eux, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, l'écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop ou le président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), Alain Gauthier, qui traque les génocidaires installés en France.

"Oseriez-vous encore, M. Juppé, laisser entendre qu'en 1994 plusieurs génocides étaient commis au Rwanda ? (...) Continuez-vous à prétendre contre l'évidence des faits, que l'État français s'est opposé à la passivité de l'ONU devant le génocide des Tutsi ? Et que l'opération Turquoise n'était qu'une opération humanitaire, dont le but était de lutter contre ce génocide ?", interrogent-ils dans cette lettre relayée par l'association Survie, à l'origine d'une pétition "pour lever le secret-défense" sur le rôle de la France au Rwanda.

"N'est-il pas grandement temps d'oser regarder le passé en face ?", ajoutent les signataires.

Juppé dénonce une falsification historique

"J'ai moi-même dénoncé solennellement le génocide dont des centaines de milliers de Tutsi étaient victimes. J'ai été le premier responsable politique français à le faire devant le Conseil des ministres de l'Union européenne d'abord puis à l'Assemblée nationale le 18 mai 1994", a déclaré vendredi Alain Juppé dans une réponse à cette lettre.

Il a aussi souligné que la France avait de son côté lancé l'opération Turquoise "face à l'inaction internationale", opération ayant permis de "sauver des centaines de milliers de vie".

Il a enfin dénoncé "l'opération de falsification historique dont la France est régulièrement la cible depuis 20 ans", une opération suscitant "l'incompréhension", et "l'indignation", avant d'exprimer son "admiration" et sa "reconnaissance" pour "les soldats et diplomates qui ont permis à la France de sauver l'honneur".

D. N. avec AFP