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Fillon remanie symboliquement son programme sur la santé

Vivement critiqué pour le volet santé de son programme et pris dans une campagne qui patine, François Fillon veut montrer patte blanche. Le candidat présente ce mardi de nouvelles propositions sur la santé qui visent à rassurer son électorat.

Il n'avait de plan B pour sa candidature à la présidentielle, mais il en a un pour son programme sur la santé. François Fillon, dont la campagne est ralentie depuis qu'il est empêtré dans les soupçons d'emploi fictif pesant sur son épouse, veut refaire parler de son programme pour espérer être à nouveau audible. Pour cela, rien de mieux que de présenter une nouvelle mouture de son programme sur la santé, dont la version d'origine a été tant critiquée jusque dans son propre camp.

Ce mardi, il est invité à dévoiler son plan sur cette thématique lors d'une rencontre organisée par la Mutualité française. D'autres candidats se prêteront aussi à l'exercice: Nicolas Dupont-Aignan, Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Yannick Jadot. En janvier, il avait promis de retravailler ce pan de son programme. Depuis, près de 100 rendez-vous ont été pilotés par Eric Woerth avec des professionnels de santé, des syndicats, des agents de l'Assurance maladie et notamment avec les députés Jean Leonetti, auteur de la Loi sur la fin de vie, ou Bernard Debré.

"On a fait des clarifications et des amendements, c’est à la fois la même chose et quelque chose de très différent", explique Jean Leonetti, interrogé par Le Monde

Lunettes remboursées à 100% pour les enfants

Le résultat, dévoilé en partie dans Le Parisien dans son édition du jour, comporte de nouvelles mesures phares, symboliques, visant à rassurer les Français. Mais l'essentiel demeure. François Fillon a tout d'abord purgé son programme d'une formulation "ambiguë", tel qu'il le reconnaît dans son interview au quotidien: celle sur les "gros risques" pris en charge par la Sécurité sociale, et les "petits risques" remboursés par les complémentaires.

"Je n'ai jamais voulu mettre en place une santé à plusieurs vitesses", se défend le candidat, qui évoque une "polémique absurde". Désormais, il promet que son projet "consolide le caractère obligatoire et universel de l'Assurance maladie dont le niveau de prise en charge ne diminuera pas."

Aide aux retraités modestes

En termes de promesses, le vainqueur de la primaire de droite va plus loin. Il se fixe comme objectif "d'ici à 2022" un reste à charge nul pour les dépenses les plus coûteuses. Et ce grâce à "un nouveau partenariat" entre la Sécurité sociale et les mutuelles.

Parmi les mesures symboliques, dès 2017, il souhaite que la Sécurité sociale rembourse à 100% les lunettes pour enfants. En fin de quinquennat, il vise aussi un reste à charge nul pour les prothèses auditives, l'optique, les prothèses dentaires et les dépassements d'honoraires, autant de soins qui sont actuellement très mal remboursés par l'Assurance maladie.

Pour arriver à cela, il veut mettre en place une "Agence de garantie de la couverture solidaire des dépenses de santé", mais ne présente pas de financement précis, même s'il promet que les cotisations aux mutuelles n'augmenteront pas "abusivement". Le candidat propose aussi pour les retraités les plus modestes d'augmenter "les aides à l'acquisition d'une complémentaire santé". 

Retour aux 39 heures à l'hôpital

Autre nouveauté, il souhaite mettre en place une "consultation de prévention longue et gratuite" tous les deux ans, pour tous les Français, assurées par les médecins généralistes contre rémunération, ainsi qu'un "plan santé à l'école". Répondant aux inquiétudes sur la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires, il promet que cela ne concernera pas les "effectifs médicaux et soignants auprès des malades" mais les personnels administratifs.

Sur l'hôpital, il prône aussi le retour aux 39 heures et la réintroduction du jour de carence en cas d'arrêt de travail pour, dit-il, lutter contre l'absentéisme. Ainsi que la mise en place d'une instance publique d'évaluation des établissements hospitaliers "pour que le patient choisisse en connaissance de cause". 

Suppression de l'AME et du tiers payant obligatoire

Le candidat maintient sa volonté de supprimer l'AME (Aide médicale d'Etat) pour les sans papiers, ainsi que le caractère obligatoire du tiers payant. Il garde aussi pour objectif de réduire de 20 milliards d'euros les dépenses de soins. "Dans cet équilibre, les mutuelles auront un rôle complémentaire à jouer, qu'il faudra préciser", précise l'un de ses proches au Figaro, sans apporter davantage de détails.

Toutes ces propositions, dont les nouvelles ne figurent pas encore sur le site internet de François Fillon, doivent donc encore faire l'objet de précisions de la part du candidat. 

Charlie Vandekerkhove