BFMTV
Les Républicains

Fillon fait appel à Sarkozy pour se relancer

Devant la fronde des parlementaires, le candidat LR à la présidentielle a sollicité un rendez-vous avec Nicolas Sarkozy. Mais en privé, ce dernier ne se prive pas pour dire tout le mal qu'il pense de la situation actuelle.

Cela fait plus de 15 jours que François Fillon tente chaque jour de reprendre la main sur son parti, déboussolé par les révélations sur l'emploi présumé fictif dont aurait bénéficié son épouse Penelope. Comment faire pour relancer une campagne dont beaucoup de parlementaires disent déjà qu'elle devient trop compliquée à mener sur le terrain? Mardi, juste avant la réunion avec les parlementaires Les Républicains (LR) à l'Assemblée – ajoutée au dernier moment à l'agenda du candidat – François Fillon a décroché son téléphone pour solliciter un rendez-vous auprès de… Nicolas Sarkozy. Tous deux doivent se voir ce mercredi pour déjeuner.

Une façon de désamorcer la colère des parlementaires. "C'est plutôt malin, car ça a permis d'annoncer en direct la nouvelle de ce rendez-vous et de calmer ceux qui étaient le plus remontés contre lui, en l'occurrence les sarkozystes", analyse un ténor du parti dans Le Parisien. Le député du Rhône Georges Fenech, qui mène la fronde depuis 15 jours, fait partie de ceux-là: lors de la réunion, il a renoncé à réclamer la tenue d'un bureau politique comme il menaçait de le faire quelques heures plus tôt dans une "lettre ouverte".

Si l'annonce du déjeuner commun a pu calmer certains élus, d'autres ne sont pas dupes. "Un comble", lance un parlementaire au Parisien, rappelant que François Fillon n'a jamais hésité à se démarquer de Nicolas Sarkozy lorsque lui-même était rattrapé par les affaires. "Qui imagine le général de Gaulle mis en examen?", avait-il lancé lors d'un meeting de campagne pendant la primaire, attaquant directement Nicolas Sarkozy sur ce terrain.

Sarkozy déplore "le gâchis" de l'affaire

Des attaques, et une profonde rivalité que l'intéressé n'a pas oubliées. Car s'il a accepté rapidement de voir François Fillon, Nicolas Sarkozy ne se prive pas de faire fuiter par ses proches ce qu'il pense de l'affaire. "Il glousse de plaisir", apprenait-on le 2 février, lorsque la polémique a éclaté. Deux semaines plus tard, le ton se fait plus dur.

"Il m'a fallu deux ans pour remettre la famille en ordre de marche et il ne lui aura pas fallu deux mois pour raviver toutes les guerres internes. Quel gâchis", répète-t-il auprès de ses visiteurs.

Le Canard enchaîné, dans son numéro de ce mercredi, rapporte des propos encore plus durs: "S'il va jusqu'au bout, je ne vois pas comment il passe le premier tour", aurait affirmé Nicolas Sarkozy au téléphone depuis les Maldives, où il était en vacances. Selon lui, les "accusations de népotisme" et les "rémunérations exorbitantes" de Penelope Fillon "font très mal".

Le mot d'ordre, pour l'ex-chef de l'Etat: "ne rien faire pour gêner Fillon".

"Mais s'il continue à avoir de mauvais sondages, et je ne vois pas pourquoi il remonterait, il est à la merci d'une fronde de parlementaires ou d'une décision de justice".

Une rencontre Sarkozy-Baroin

Nicolas Sarkozy serait donc déjà en train de penser à l'après: "Le plus difficile sera de se mettre d'accord sur une procédure pour remplacer l'actuel candidat. Il ne nous reste pas plus de 15 jours, après ce sera trop tard". Pense-t-il lui aussi à un "plan B"? Comme pour relativiser l'annonce du déjeuner avec François Fillon, il a fait savoir qu'une rencontre était également prévue prochainement avec… François Baroin, potentiel "plan B" et prévu pour devenir son Premier ministre s'il avait gagné la présidentielle.

En attendant, François Fillon serre les dents et poursuit sa campagne. Mais sur le terrain, l'ambiance est tendue. Les meetings de Limoges et Clermont-Ferrand ont été reportés - officiellement pour des questions de calendrier. Mais les élus LR locaux ne cachent pas leur manque d'enthousiasme à l'idée de recevoir le candidat. Mercredi soir, François Fillon va donc tenter de remettre ses propositions au centre du débat. Il sera en meeting à Compiègne, dans l'Oise, pour parler sécurité.

Ariane Kujawski