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Fillon comparé à Berlusconi, Trump ou Orban par la presse étrangère

L'entêtement de François Fillon fait réagir la presse étrangère.

L'entêtement de François Fillon fait réagir la presse étrangère. - Christophe ARCHAMBAULT / AFP

De très nombreux médias étrangers commentent depuis mercredi la décision de François Fillon de poursuivre sa campagne. Dans l'ensemble, la presse étrangère est très sévère avec le candidat, et renvoie une image peu glorieuse de la présidentielle française.

"Un peu Comédie humaine, un peu House of Cards", "Etat sans droits", "présidentielle abîmée", "moment à la Trump"... La presse étrangère ne manque pas d'images ou de comparaisons pour commenter l'attitude de François Fillon, décidé à rester candidat à la présidentielle malgré sa prochaine convocation en vue d'une mise en examen.

Les éditorialistes et journalistes sont particulièrement choqués par ses attaques envers la presse et la justice. Ils y voient le signe d'un populisme assumé et pointent le risque d'un assassinat. Mais pas celui, "politique", dénoncé par François Fillon. Celui de la présidentielle. 

Comparé à Berlusconi en Italie...

"Il faisait le moraliste, maintenant il fait le Berlusconi anti-juge", titrait mercredi le site d'informations italien Blitz. Dans les médias transalpins, la tentation est forte de comparer François Fillon à l'ancien président du Conseil, tant leurs attaques envers la justice se répondent, à quelques années d'intervalle. Des similitudes mises en vidéo par le site Brut.

Silvio Berlusconi avait lui aussi promis de tenir bon. "Io non mollo", "je n'abandonne pas", avait-il déclaré, impliqué dans plusieurs affaires dont certaines ne sont toujours pas terminées. Comme François Fillon, il avait invoqué la démocratie, la vérité et clamé son innocence.

"Fillon a décidé de résister, de s'en remettre au suffrage universel contre les juges. C'est un vieux vice, il suffit de penser à Silvio Berlusconi", écrit le site. 

Outre les comparaisons avec Berlusconi, la presse italienne souligne aussi la campagne extrêmement difficile du candidat. "Un cauchemar", pour La Repubblica, quand le Corriere Della Sera évoque une présidentielle "un peu Comédie humaine (de Balzac ndlr), un peu House of Cards" où François Fillon conduit la droite républicaine vers un "gouffre". 

... mais aussi à Trump et Orban

Le journal allemand Die Welt invoque quant à lui la figure de Donald Trump, pour qualifier l'attitude de François Fillon. Comme le rapporte le Courrier international, la conférence de presse du candidat a constitué le "premier moment à la Trump de la campagne électorale française".

"Fillon s'est présenté devant les médias comme un partisan de la théorie du complot", estime le quotidien conservateur. 

Le quotidien belge Le Soir va plus loin encore. Evoquant en titre "l'insulte" de François Fillon à l'Etat de droit, il le compare à plusieurs responsables politiques représentant l'aile droite populiste européenne. "Le candidat du parti ‘Les Républicains’ s’est mis dans le sillage des populistes à la Trump, Le Pen, Wilders, Kaczynski et autres Orban", écrit-il, en référence au leader néerlandais populiste Geert Wilders, à Jaroslaw Kaczynski, qui dirige en Pologne le puissant parti national catholique et au Premier ministre hongrois Victor Orban.

"François Fillon en a appelé au peuple pour rendre la justice. Cela fait de lui désormais un homme dangereux pour la démocratie", insiste le journal. 

Le problème de la France avec les délits financiers

Pour plusieurs journaux, la "surenchère" de François Fillon et sa charge contre juges et journaliste le rapprochent de son adversaire Marine Le Pen. Le New York Times, qui consacre une demi-page au candidat, évoque ainsi des "défenses remarquablement similaires" d'un candidat à l'autre. "Tous deux ont pointé les médias aussi bien que le système judiciaire et les fonctionnaires pour expliquer leurs problèmes", écrit le prestigieux quotidien américain. Qui ne mâche pas ses mots sur la tolérance de la France à l'égard des délits financiers. 

"Dans un autre pays, l'ombre planant sur M. Fillon aurait toutes les chances de mettre fin à la campagne pour la plus haute fonction. Mais en France, les problèmes légaux, même sérieux, ne mettent que rarement fin aux carrières politiques, même si l'électorat semble montrer - dans les sondages du moins - une moins bonne tolérance des délits financiers qu'auparavant", analyse le journal. 

Un "factieux" qui assassine la présidentielle

Du côté de la Suisse, La Tribune de Genève et Le Temps consacrent chacun un éditorial au candidat français. Le premier estime qu'il ressemble à "un factieux".

"D’ordinaire, les politiques appellent au calme. En 2017 en France, ils veulent que la rue les protège de la justice. Il y a quelque chose de pourri au royaume de France, doit se dire, en paraphrasant Hamlet, le général de Gaulle dont il est beaucoup question", écrit le quotidien francophone. 

"Une élection de cette importance n’a pas pour but de défendre l’honneur d’une famille, ou de permettre au candidat de régler ses comptes avec les magistrats, journalistes, ou autres opposants", rappelle pour sa part Le Temps, qui estime qu'une "certaine conception de la présidentielle a été assassinée" mercredi, par François Fillon lui-même. 

Plusieurs avertissements

Au Liban, L'Orient le jour adresse un avertissement au candidat. "On ne joue pas avec l'État de droit. Encore moins lorsqu'on est un représentant politique. Encore moins lorsqu'on postule à la plus haute fonction de l'État. Rien ne peut le justifier : ni les ambitions politiques ni les soutiens populaires, aussi nombreux soient-ils", écrit le quotidien, qui compare ses méthodes à celles de Nicolas Sarkozy et qualifie son discours d'"immoral". Le quotidien francophone compare enfin la rhétorique du candidat à celle des "dirigeants autoritaires du monde arabe".

"Mais dans ce monde arabe, l'État de droit est le plus souvent une chimère, tandis que la guerre civile, elle, est parfois une réalité. Est-ce vers ce modèle que François Fillon souhaite que la France se dirige?", conclut l'article. 

Charlie Vandekerkhove