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EDITO - L’énigmatique Monsieur Guéant

Jean-François Achilli, Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV.

Jean-François Achilli, Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV. - -

Il y a désormais une "affaire Claude Guéant": deux rapports confirment les primes indûment touchées par ce fidèle de Nicolas Sarkozy, qui a décidé aujourd’hui de se taire.

"Menteur ou voleur." Vous vous souvenez de la tirade de Roselyne Bachelot qui lui avait valu quelques inimitiés dans les rangs de l’UMP? En fait, c’est "menteur ET voleur", se désolait lundi soir une personnalité chiraquienne, meurtrie par le résultat de la double enquête confiée par Manuel Valls à l’IGA, l'Inspection générale de l'administration, et à l’IGPN, la police des polices.

Le résultat de ces deux rapports est sans appel. Claude Guéant a continué à percevoir des frais d’enquête et de surveillance pendant deux ans, de 2002 à 2004, lorsqu’il dirigeait le cabinet du ministre de l’intérieur, à raison de 10.000 euros mensuels. Oui, il a rétabli une pratique qui avait été supprimée le 1er janvier 2002.

Enrichissement personnel?

C’est ce que ne disent pas les enquêtes internes: a-t-il partagé ses primes? Un ancien membre du cabinet de la place Beauvau de l’époque le jure: "je n’ai pas vu passer le moindre centime", dit-il, sans savoir toutefois ce que Claude Guéant a pu faire de ces sommes rondelettes. Manuel Valls a transmis le rapport à la justice, qui décidera, ou pas, d’engager des poursuites.

L’ancien directeur de cabinet, devenu par la suite secrétaire général de l’Elysée puis ministre de l’intérieur, s’est muré dans le silence. Il ne veut plus répondre au téléphone. Plus question pour lui de donner la moindre interview, comme il l’a trop fait début mai, en se noyant dans des explications confuses, après la découverte sur son compte, lors de perquisitions, d’un virement de 500.000 euros, qu’il avait attribué à la vente de deux tableaux, mais aussi de factures en liquide.

Claude Guéant, aux dires de ceux qui l’ont côtoyé, reste ce qu’il est, un homme très secret, dont personne ne sait finalement rien. Nous sommes donc confrontés à sa "part d’ombre", pour reprendre l’expression de Jérôme Cahuzac.

Nicolas Sarkozy était-il au courant?

Là encore, mystère. Les amis de l’ancien président, qui était ministre de l’intérieur à l’époque des faits, sont persuadés que ces dossiers ne sortent pas par hasard, et que c’est lui qui, au final, serait visé.

Alors qu’un hommage est rendu ce mardi matin à Pierre Mauroy, personnalité respectée à gauche comme à droite, les révélations sur les primes de Claude Guéant ne font qu’alourdir le climat ambiant nauséeux: celui des affaires, qui ne vont pas réconcilier les Français avec la politique.

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Jean-François Achilli, Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste sur RMC et BFMTV.

Il intègre la rédaction de France Inter en 1998, intègre le service politique en 2000, dont il prend la direction en septembre 2008. Il rejoint RMC en décembre 2012 comme directeur de la rédaction et éditorialiste RMC/BFMTV.

>> Suivez-le sur Twitter @jfachilli

Jean-François Achilli