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EDITO - Christine Lagarde joue un billard à trois bandes

Jean-François Achilli, directeur de la rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV

Jean-François Achilli, directeur de la rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV - -

Christine Lagarde est convoquée ce jeudi devant la Cour de justice de la République dans l’affaire Tapie. L’Elysée tente de ménager la patronne du FMI, qui risque une mise en examen.

François Hollande a multiplié les messages de bienveillance à l’égard de la directrice générale du Fonds Monétaire International, qui va devoir s’expliquer sur sa décision prise en 2007 de recourir à un tribunal arbitral, qui a abouti au versement de plus de 400 millions d’euros à Bernard Tapie dans le règlement du litige sur la vente d’Adidas.

A-t-elle agi seule, comme elle l’a affirmé, ou sur ordre de Nicolas Sarkozy, qui a reçu à de nombreuses reprises Bernard Tapie avant l’élection de 2007, mais aussi une fois installé à l’Elysée ?

Christine Lagarde épargnée par Moscovici et Hollande

Le chef de l’Etat ne veut pas d’une démission de la patronne du FMI qui affaiblirait la position de la France : après le départ de Jean-Claude Trichet de la BCE, Pascal Lamy s’apprête à quitter la direction générale de l’OMC, l’organisation mondiale du commerce. Un éventuel retrait de Christine Lagarde et il n’y aurait plus de Français à la tête d’une institution internationale.

C’est pourquoi Pierre Moscovici, en annonçant mercredi un possible recours de Bercy contre l’arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie, a pris soin d’épargner Christine Lagarde : aucune procédure ne la viserait, elle "qui conserve la confiance des autorités de l’Etat".

"Ça, c’est le calendrier de la Cour de justice de la République", répond l’Elysée. Un conseiller ajoute : "inutile d’y voir un contrefeu de l’affaire Cahuzac, les magistrats de la CJR sont indépendants".

Christine Lagarde pourrait ressortir de ces auditions avec le statut de témoin assisté, ou une mise en examen pour "complicité de détournement de fonds publics". Ce qui fragiliserait, voire rendrait intenable sa position à la tête du FMI, qui reste traumatisé par le précédent que constitue l’affaire Dominique Strauss-Kahn.

Qu'est-il reproché à Christine Lagarde ?

Christine Lagarde est soupçonnée d’avoir choisi l’instance arbitrale, pour un renvoi d’ascenseur en faveur d’un Bernard Tapie qui avait appelé à voter Nicolas Sarkozy en 2007. Une vision contestée par un soutien de l’ancienne ministre de l’économie, qui rappelle cet épisode oublié : les députés Jean-Marc Ayrault, François Bayrou et Charles Amédée de Courson avaient saisi le Tribunal Administratif, qui avait donné raison à Christine Lagarde, qui estimait que ce dossier Tapie aurait pu coûter bien plus cher si elle ne l’avait pas bouclé.

La directrice générale du FMI joue une partie de son avenir, elle qui reste très populaire en France, et à qui certains prêtent des ambitions pour 2017.

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Jean-François Achilli

Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV

Il intègre la rédaction de France Inter en 1998, puis le service politique en 2000, dont il prend la direction en septembre 2008. Il rejoint RMC en décembre 2012 comme directeur de la rédaction et éditorialiste RMC/BFMTV.

>> Suivez-le sur Twitter @jfachilli

Jean-François Achilli