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"Droit d'inventaire": une bonne idée pour l'UMP?

Le siège de l'UMP dans le XVe arrondissement de Paris

Le siège de l'UMP dans le XVe arrondissement de Paris - -

Plusieurs personnalités de l'UMP se sont démarquées ces jours-ci en réclamant un droit d'inventaire du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Le point sur les "erreurs" avouables et le risque encouru à les reconnaître.

Alors que la gauche reproche régulièrement à l'opposition de ne pas s'être remise en question après le quinquennat de Nicolas Sarkozy, le débat s'invite désormais à la table de l'UMP. Certaines personnalités de l'opposition n'ont pas hésité récemment à réclamer un droit d'inventaire.

Mais est-ce bien raisonnable pour un parti qui a frôlé la banqueroute?

> Ils sont "pour" l'inventaire

Le droit d'inventaire des années Sarkozy a été réclamé en premier par Jean-Pierre Raffarin et surtout François Fillon. Celui-ci avait invité ses troupes à "méditer sur le passé", à La Grande Motte le 11 juillet, trois jours après le retour de Nicolas Sarkozy devant le bureau politique de l'UMP.

Puis, pendant l'été, les anciens Premiers ministres ont fait des émules. Des voix se sont élevées pour annoncer qu'il était temps de procéder à "l'inventaire" du précédent quinquennat pour mieux se préparer au prochain.

♦ Ainsi le délégué général de l'UMP au projet, Hervé Mariton, a jugé sur BFMTV nécessaire d'évaluer le passé "sans ingratitude et sans insulte".

♦ Patrick Devedjian, président du conseil général des Hauts-de-Seine, lui, a estimé ce travail "essentiel", mettant par ailleurs en garde la droite de laisser ainsi "le champ libre à la gauche pour caricaturer autant qu'elle le souhaite [le] bilan [de l'UMP]".

♦ Quant à Laurent Wauquiez, vice-président de l'UMP, il ne mâche pas ses mots dans un entretien accordé mercredi au Point: "En dix ans, on a sans doute amélioré le fonctionnement du pays mais on n'a pas redonné un vrai souffle ni interrompu la menace du déclin".

♦ Moins catégoriques, il y a ceux qui sont "pour" mais pas à tout prix. C'est le cas de Luc Chatel, qui estime que "l’on ne peut pas penser l’avenir en ne regardant pas le passé". "Simplement il y a méthode et méthode. Oui à l’inventaire dans le cadre d’un bilan objectif, constructif. Mais non au procès, aux Tontons flingueurs", a déclaré mercredi matin l'ancien ministre sur BFMTV.

♦ Une position partagée par l'ancienne garde des Sceaux, Rachida Dati. "Le droit d'inventaire, pourquoi pas, à condition de ne pas en profiter pour faire le procès d'un homme. Nous avons gagné ensemble en 2007, Nicolas Sarkozy n'a pas perdu seul en 2012!", rappelle-t-elle solidaire au Figaro Magazine.

> Les sujets qui font l'objet de critiques

Si la plupart appellent à dresser un bilan exhaustif sans faire le procès d'un homme, rares sont ceux qui ont déjà commencé à reconnaître les bourdes. Laurent Wauquiez ou encore Hervé Mariton ont joué le jeu. Tour d'horizon des points négatifs du quinquennat, selon eux.

♦ Les 35 heures. Mea culpa de Mariton qui évoque "un tort" de ne pas les avoir "remises en cause". Wauquiez, lui, juge "juste incompréhensible" que la droite ne les ait pas supprimées.

♦ Les régimes spéciaux des retraites. Même chose, les deux anciens ministres déplorent que "la réforme des retraites" n'ait pas été menée "jusqu'au bout".

♦ Parmi les réformes inabouties: la formation professionnelle, le contrat de travail et la TVA sociale. Autres loupés aux yeux de Laurent Wauquiez: le principe de précaution et le Grenelle de l'environnement, qui ont donné lieu à "des rafales de normes administratives", jusqu'à "étouffer le pays", estime-t-il.

> Un risque: la division

Si réclamer ce droit apparaît comme une demande louable, il n'en demeure pas moins un jeu dangereux. En effet, l'inventaire réclamé par certains peut mener à la division, prévient le sénateur des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi, qui appelle à "ne pas se tromper de débat".

Geoffroy Didier, fondateur de la Droite forte, assimile, lui, l'inventaire à de "l'autoflagellation", laquelle dit-il, "mène au suicide collectif".

Toutefois, le politologue Jean-Daniel Lévy note que "ceux qui prennent la parole, soit ont été malmenés par Sarkozy comme Devedjian ou Raffarin, soit profitent de l'absence des ténors du parti" en plein été.

Enfin, même si l'UMP se veut unie, la rentrée des deux "grosses têtes" du parti ne se fera pas en même temps. Le président de l'UMP, Jean-François Copé, fera la sienne le 25 août dans les Bouches-du-Rhône. Quant à François Fillon, leader de Force Républicaine, il sera de retour sur la scène politique le 28 dans la Sarthe. Et c'est sans compter la réunion de l'Association "Les amis de Nicolas Sarkozy" qui se tiendra les 1er et 2 septembre à Arcachon.

Mélanie Godey avec AFP