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Copé sur le fond et sur la forme: le match des éditorialistes

Thierry Arnaud et Eric Brunet, éditorialistes sur BFMTV, livrent leur analyse de la conférence de presse de Jean-François Copé.

Thierry Arnaud et Eric Brunet, éditorialistes sur BFMTV, livrent leur analyse de la conférence de presse de Jean-François Copé. - -

La "conférence solennelle" de Jean-François Copé suscité des réactions diverses et variées. Le point de vue de nos éditorialistes politiques, Thierry Arnaud et Eric Brunet.

Après les accusations du magazine Le Point, Jean-François Copé se devait de réagir. Sa contre-attaque, sous forme de "conférence solennelle", a notamment visé la presse. Le président de l'UMP veut ainsi déposer une proposition de loi visant à introduire la transparence chez tous les acteurs de la vie politique, y compris les médias. Convaincant? Les réponses des éditorialistes politiques de BFMTV et RMC, Thierry Arnaud et Eric Brunet.

> SUR LA FORME

Que doit-on penser de cette intervention "solennelle"?

Thierry Arnaud: la forme est très étonnante. En se présentant devant un fond bleu, avec les drapeaux français et européen en arrière-plan, en débutant son intervention par "mes chers compatriotes"… Il s’est adressé aux Français, presque comme un président de la République. Il a voulu déplacer le registre: alors que la Une du Point et le papier du Monde qui a suivi le mettent en cause personnellement, il a voulu faire passer un message: ce n’est pas un problème Copé, mais plutôt un dysfonctionnement de la démocratie et de la transparence en France.

Eric Brunet: la forme ne m’intéresse pas beaucoup. J’ai surtout vu un Jean-François Copé extrêmement déstabilisé. Il faut dire que la Une du Point a été assez violente : "A-t-il volé Nicolas Sarkozy" ! Il m’a paru ébranlé sur le plan humain, et je pense que le fait qu’il ne soit pas au rendez-vous de Jean-Jacques Bourdin ce matin n’est pas anodin (Ndlr: le président de l’UMP a annulé sa venue dans les locaux de BFMTV et RMC, prévue ce lundi). Il ne faut tout de même pas croire que les politiques sont des surhommes! Avec sa Une, Le Point a fait un gros coup, mais ils ont tapé très fort.

> SUR LE FOND

Jean-François Copé n'avait pas voté la loi pour la tranparence. A quoi est dû ce changement de discours?

Thierry Arnaud: le fond est au moins aussi étonnant que la forme. Il ne s’est pas contenté de changer son discours, il est allé à son extrême opposé, en se posant comme une espèce d’ayatollah de la transparence. Est-ce qu’il y croit vraiment ou est-ce de la provocation? Il sait pertinemment que sa proposition de loi sera sans doute rejetée par la majorité socialiste, et suscitera la désapprobation de beaucoup de membres de l’UMP. Il fait donc une démonstration par l’absurde: pourquoi me demande-t-on à moi ce que les autres refuseraient d’accepter?

Eric Brunet: il est vrai qu’il existe un anachronisme. Mais ce sont les évènements qui construisent les hommes, et cette campagne de presse que Copé a pris en pleine face a peut-être dicté ce changement de discours.

> UN PARI REUSSI?

Globalement, comment jugez-vous l'intervention de Jean-François Copé?

Thierry Arnaud: d’un côté, il ne s’agissait pas d’une intervention politique, mais personnelle. Ces derniers jours, les proches de Jean-François Copé refusaient d’évoquer le contenu de son discours, mais décrivaient un homme profondément meurtri. Cette mise en cause personnelle du Point l’a suffisamment atteint pour qu’il intervienne. D’un autre côté, cette attitude est conforme au personnage: lorsqu’il se retrouve dans les cordes, il cogne le plus fort possible.

Eric Brunet: je pense que sa réaction est celle d’un homme blessé, et je peux le concevoir. Concernant sa proposition de transparence dans les médias, pourquoi pas? J’estime que c’est une contre-attaque intelligente. Par contre, Jean-François Copé devrait répondre point par point aux accusations du Point, notamment sur la vente immobilière au Qatar lorsqu’il était ministre du Budget.

Yann Duvert