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Ciotti, Pradié, Retailleau: le profil des trois candidats à la présidence des Républicains

Eric Ciotti, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau, candidats à la présidence des Républicains, réunis pour un grand oral au siège du parti, le 26 novembre 2022 à Paris.

Eric Ciotti, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau, candidats à la présidence des Républicains, réunis pour un grand oral au siège du parti, le 26 novembre 2022 à Paris. - Geoffroy Van der Hasselt / AFP

Éric Ciotti, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau s'affrontent ce week-end pour obtenir la présidence de LR. Si aucun n'obtient la majorité absolue, un second tour sera organisé les 10 et 11 décembre.

Entre Éric Ciotti, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié, c'est l'heure du choix pour Les Républicains. Les quelque 91.000 adhérents du parti sont appelés à désigner ce week-end le futur président du mouvement, qui prendra la suite d'Annie Genevard. Habituelle numéro 2 du parti, elle assure l'intérim à la tête de LR depuis que Christian Jacob a quitté ses fonctions à la fin du mois de juin.

À l'issue du premier tour, si l'un des trois prétendants obtient la majorité absolue des voix, il sera directement élu. Dans le cas contraire, un second tour sera organisé les 10 et 11 décembre entre les deux candidats ayant obtenu le meilleur score.

Le gagnant aura la lourde tâche de relever un parti fortement affaibli par le score de Valérie Pécresse lors de la dernière présidentielle (4,78%) et pris dans un étau entre l'extrême droite et la majorité. BFMTV.com présente les trois candidats ainsi que leurs différences.

· Éric Ciotti, le favori

Qui est-il?

Éric Ciotti est député des Alpes-Maritimes depuis 2007. Au sein du parti, il est chargé de la stratégique commission nationale d'investiture.

Quelle est sa ligne politique?

Éric Ciotti est souvent présenté comme le "Monsieur sécurité" de LR. Le très à droite élu sudiste n'est jamais avare de propositions choc dans ce domaine. Il avait par exemple mis sur la table l'idée d'"un Guantanamo à la française" lors du Congrès LR de 2021, destiné à désigner le candidat du parti pour la présidentielle de 2022.

Pour cette nouvelle campagne interne, il n'a pas changé de cap. L'accueil de l'Ocean Viking et ses 234 migrants en France? Une "bérézina", a-t-il cinglé sur LCI le 21 novembre lors du débat avec Aurélien Pradié et Bruno Retailleau. Avant d'aller plus loin en estimant que dans cette affaire, "c'est Italie 1, France 0". Et d'opposer la nouvelle Première ministre postfasciste italienne Giorgia Meloni "courageuse et efficace" à un Emmanuel Macron "lâche et impuissant".

Sur le plan économie, Éric Ciotti adopte une approche résolument libérale: il défend une baisse massive des impôts et la suppression de l'impôt sur les successions.

Quel est son style?

D'outsider au Congrès de 2021, Éric Ciotti est désormais passé au statut de favori. En conséquence, le député a pris moins de risques. Il lui faut maintenir un équilibre: rester sur la ligne dure qui lui a permis de terminer en tête à l'issue du premier tour de la primaire interne de l'an dernier, tout en ne donnant pas de gages à ceux qui craignent une implosion du parti dans le cas où il serait élu.

Un événement a, par ailleurs, sûrement joué dans la prudence d'Éric Ciotti. Il a dû composer avec les révélations du Canard enchaîné selon lesquelles son ex-épouse, Caroline Magne, a occupé plusieurs emplois politiques en même temps, dont certains auprès de lui. Le parquet national financier (PNF) a ensuite ouvert une enquête préliminaire.

Le député s'est défendu en expliquant notamment avoir employé Caroline Magne comme collaboratrice parlementaire "à temps très partiel" et "dans le strict respect des lois et règlements". Reste que ces révélations tombent mal pour celui qui axe souvent son discours sur la "valeur travail", qu'il veut "réhabiliter".

Quelle est sa stratégie pour le parti?

Éric Ciotti veut un "chef" et vite. Avec lui à la tête du parti, Laurent Wauquiez sera le candidat de la droite en 2027, promet-il. En retour, le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes a indiqué qu'il voterait en faveur du député des Alpes-Maritimes.

À Aurélien Pradié et Bruno Retailleau qui estiment que cette stratégie est "une folie" car elle mettrait une cible dans le dos du candidat, Éric Ciotti répond que Laurent Wauquiez conservera la main sur le calendrier de l'annonce de sa candidature.

Pour mieux justifier son choix, il évoque les deux dernières présidentielles, lors desquelles la droite avait décidé de passer par des primaires quelques mois avant l'échéance élyséenne pour choisir son chef de file. Avec, à l'arrivée, une défaite à chaque fois.

· Aurélien Pradié, l'outsider

Qui est-il?

Aurélien Pradié est l'actuel secrétaire général de LR, soit le numéro 3 du parti. Il est également député du Lot depuis 2017.

Quelle est sa ligne politique?

Aurélien Pradié se veut le chantre d'une "droite sociale" et "populaire", dans la lignée de Jacques Chirac qu'il idolâtre. Depuis quelques années, il fait entendre sa singularité dans sa famille politique en se distinguant sur des sujets comme le handicap ou les violences sexuelles. Contrairement à ses deux concurrents, il est contre l'allongement de l'âge légal de départ à la retraite.

Pour autant, le Lotois cherche également à renforcer sa jambe droite pour parler à la base militante. Dans cette campagne, il a par exemple estimé qu'il faudrait "peut-être" interdire le voile dans l'espace public. Un virage à 360° comme l'a souligné Libération. En effet, le trentenaire affrirmait il y a 3 ans sur France Inter qu'il serait "le premier à défendre les femmes qui veulent porter le voile dans l'espace public".

Aurélien Pradié a également proposé récemment de rendre tous les titres de séjour "probatoires". Ou encore, d'établir le port de l'uniforme à l'université avant de rétropédaler et de revenir sur sa position intiale de rendre ce vêtement obligatoire uniquement à l'école.

Quel est son style?

Âgé de 36 ans, Aurélien Pradié est connu pour son franc-parler. Il creuse son sillage, quitte parfois, à blesser quelques égos au sein de LR. Lors de ce congrès, il a fait de sa jeunesse un atout pour appeler au "renouvellement" de son parti et incarner un "nouvel espoir".

"Qui voulons-vous envoyer (...) pour tenir tête à Mathilde Panot, à Gabriel Attal, à Aurore Bergé et à Jordan Bardella ?", questionnait-il récemment lors d'une rencontre avec des adhérants de son parti à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne).

Dans le même temps, le numéro 3 de LR veut rassurer et vante à l'envi son experience d'elu. "Je suis le seul des trois candidats à avoir été maire", répète-t-il en référence à son passage à la tête de la commune Coeur-de-Causse dans le Lot entre 2014 et 2018. Souvent, Aurélien Pradié rappelle également qu'il est devenu député en 2017 dans une circonscription détenue par la gauche, avant d'être réélu en 2022.

Quelle est sa stratégie pour le parti?

Dans Le Parisien, Aurélien Pradié expliquait récemment vouloir remettre de la démocratie "à tous les étages". Concrétement, il s'agirait de composer le bureau politique selon les résultats du congrès, inclure dans cette instance des ahérents tirés au sort et de soumettre la liste pour les élections européennes au vote des militants.

Le député du Lot souhaite également supprimer les primaires. Sur LCI, il qualifiait ainsi les système de départage de "bidules". Il propose que le futur candidat à la présidentielle soit désigné par le bureau politique de LR.

Contrairement à Éric Ciotti, Aurélien Pradié estime que désigner Laurent Wauquiez comme candidat de LR pour l'Elysée dès 2023 serait une "folie". Cette décision reviendrait à "exposer (Laurent Wauquiez) à tous les feux nucléaires", expliquait-il, toujours sur LCI.

· Bruno Retailleau, le challenger

Qui est-il?

Bruno Retailleau est sénateur de Vendée depuis 2004. Il préside actuellement la majorité LR au Sénat.

Quelle est sa ligne politique?

Comme Éric Ciotti, Bruno Retailleau est libéral sur les sujets économiques. Comme Éric Ciotti, il affiche des positions très dures sur le plan régalien.

Après le meurtre de la petite Lola - dont la principale suspecte était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire (OQTF) - l'élu vendéen a indiqué sur BFMTV vouloir déposer "un texte de loi pour rendre l'État civilement responsable lorsqu'un Français est blessé ou même tué par un étranger qui n'a rien à faire sur le sol français".

Sur les questions sociétales, Bruno Retailleau apparait comme le plus conservateur des trois candidats. Il souhaite entreprendre un "combat civilisationnel". "Les valeurs de notre civilisation judéo-chrétienne doivent redevenir l'âme de notre combat politique, pour faire échec à l'islamisme ou au wokisme, et leur opposer la générosité exigeante de l'assimilation et de la transmission", déclarait-il à l'occasion d'une tribune publiée en octobre dans L'Express.

Lors du débat diffusé sur LCI, il a marqué sa différence avec Éric Ciotti et Aurélien Pradié sur l'IVG. Si les deux députés sont favorables à une constitutionnalisation des principes de la loi Veil, lui non. Il voit là "un débat que l'extrême gauche est en train d'importer des États-Unis".

Quel est son style?

Bruno Retailleau cherche à apparaître au-dessus de la mêlée, en privilégiant dans ses interventions médiatiques le débat de fond. L'élu vendéen, qui a déclaré dans le JDD que la "marque Les Républicains" est "morte", veut également incarner une rupture avec le passé de sa formation.

Si Aurélien Pradié et Éric Ciotti souhaitent également tourner la page Nicolas Sarkozy, Bruno Retailleau n'hésite pas à cogner fort sur l'ancien président. "S'il souhaite quitter LR, qu'il le fasse", a d'abord lâché Bruno Retailleau sur Europe 1 début octobre. Avant de co-écrire dans la tribune de L'Express citée plus haut, que "sous Nicolas Sarkozy, rien n'a été assumé jusqu'au bout".

Une façon pour cet ancien du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers de réaffirmer la préiminence de sa ligne politique, plus dure, par rapport à celle de l'ex-chef de l'État. Mais aussi d'opposer un net refus à une alliance entre LR et le camp d'Emmanuel Macron, voulue par Nicolas Sarkozy.

Quelle est sa stratégie pour le parti?

Bruno Retailleau souhaite "rendre le parti à ses militants" en leur proposant notamment de trancher sur les "grandes orientations" de LR à partir de référendums internes.

Lui aussi est contre l'idée de choisir Laurent Wauquiez comme candidat pour la présidentiel dès 2023. Sur France Info, fin octobre, il expliquait que ce serait une "erreur" à la fois pour "le parti" et "le candidat désigné".

D'abord, au niveau de LR, cela ferait passer "les personnalités, les égos avant les idées", avait-il pointé. Ensuite, en cas d'échec aux élection européennes cela "électrocutera(it notre candidat désigné un an auparavant", selon lui. Bruno Retailleau propose ainsi d'attendre les europeennes de 2024 pour laisser ensuite le choix aux adhérents de désigner leur chef de file pour la présidentielle.

Baptiste Farge