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Baroin ou Juppé, une bataille en coulisses pour le plan B à Fillon

Alain Juppé semble bien placer pour faire figure de plan B après François Fillon, mais ça n'est pas du goût de François Baroin.

Alain Juppé semble bien placer pour faire figure de plan B après François Fillon, mais ça n'est pas du goût de François Baroin. - ERIC FEFERBERG / AFP

Alors que se précise la perspective d'un plan B en faveur d'Alain Juppé, les sarkozystes lui préfèrent François Baroin. L'ancien président joue un rôle important dans les négociations qui doivent permettre de conduire François Fillon à retirer sa candidature.

"Si c'est Juppé, alors je suis candidat." Voilà ce qu'aurait dit en coulisses François Baroin, à propos d'un éventuel recours au maire de Bordeaux pour remplacer François Fillon dans la course à la présidentielle. Un recours qui semble de plus en plus crédible, à mesure que les défections s'accumulent dans l'équipe de François Fillon, et qu'en parallèle les soutiens publics appelant à parrainer Alain Juppé se font de plus en plus nombreux.

"Si l’entourage d’Alain Juppé fait savoir qu’il est disponible, c’est qu’Alain Juppé a pris cette décision et a autorisé son entourage à le faire savoir", fait valoir Thierry Arnaud, chef du service politique de BFMTV. "Il ne peut pas être l’auteur d’un putsch, pour que la transition puisse fonctionner il faut qu’on crée les conditions politiques qui amènent François Fillon de lui-même à retirer sa candidature. Le schéma consiste à faire monter la pression sur François Fillon", analyse-t-il.

Larcher et Accoyer chez Sarkozy

En interne, cela doit cependant passer par le franchissement d'un obstacle de taille: Nicolas Sarkozy. Car pour que l'ancien président et ses soutiens acceptent la candidature du maire de Bordeaux, certaines conditions vont devoir être négociées. Comme le révélait BFMTV à la mi-journée, Bernard Accoyer et Gérard Larcher ont d'ailleurs rencontré Nicolas Sarkozy dans son bureau de la Rue de Miromesnil ce vendredi.

Une rencontre qui ne peut qu'être que stratégique, car elle implique deux fidèles de François Fillon et surtout deux ténors du parti: le secrétaire général des Républicains et le président du Sénat. En coulisses, mercredi, tous deux avaient demandé à François Fillon de jeter l'éponge.

"Ils sont venus voir quelle est la position de l’ancien président. Jusque-là, lui et ses proches étaient dans une position de ni-ni, ni François Fillon ni Alain Juppé… Mais plutôt François Baroin", résume notre journaliste Antoine Heulard, devant le QG de l'ancien président. A l’heure qu’il est Nicolas Sarkozy pourrait peut-être se rallier à une candidature d’Alain Juppé. Mais on devrait y voir plus clair mardi prochain, puisqu'un un petit-déjeuner sera organisé avec les proches de Nicolas Sarkozy.

Baroin, tête de clan des chiraquiens contre Juppé

D'ici-là, Alain Juppé d'une part, et François Baroin d'autre part, ont chacun des forces et des faiblesses dans la bataille qui les oppose. François Baroin et Alain Juppé se détestent depuis que le second, Premier ministre de Jacques Chirac en 1995, a sorti le premier du gouvernement. François Baroin était alors porte-parole, directement sous l'autorité d'Alain Juppé.

Alain Juppé peut compter actuellement sur ses propres soutiens, mais aussi sur ceux de Bruno Le Maire et de Jean-François Copé, qui sont favorables à sa candidature comme plan B. François Baroin, lui, bénéficie du soutien de Nicolas Sarkozy, qui fait toujours figure d'autorité au sein du parti, et de ses fidèles. Lors de la primaire de droite, le maire de Troyes était pressenti pour être le futur Premier ministre en cas de victoire à la présidentielle. Il fait figure de tête de clan des chiraquiens opposés en interne à Alain Juppé. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, vendredi matin, Nadine Morano a affirmé qu'il ferait un candidat idéal. 

"Quel est celui qui rassemblerait le plus ? François Baroin a été ministre, il est sénateur, il est président de l'association des Maires de France, il a été parlementaire, vice-président de l'Assemblée nationale, il a ces talents de rassemblement (...) François Baroin est un homme de responsabilité et je le sais respectueux des personnes comme il l'est de François Fillon, comme nous le sommes tous", a déclaré l'eurodéputée.

Juppé et la légitimité de la primaire

François Baroin pourrait en effet compter sur le soutien des maires, s'il se présentait, tandis qu'Alain Juppé aurait pour lui la légitimité d'avoir participé à la primaire, même s'il est arrivé deuxième avec un score décevant. François Baroin pourrait en revanche être empêché par la jeune garde des Républicains, qui compte notamment Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, opposée à sa candidature.

Au-delà de son soutien à François Baroin, Nicolas Sarkozy souhaite aussi ne pas "brutaliser" François Fillon pour ne pas le braquer. Les deux hommes se sont entretenus par téléphone ce vendredi, après plusieurs autres appels cette semaine. "Les consultations s'accélèrent, Nicolas Sarkozy veut jouer un rôle discret mais utile", note Thierry Arnaud. Pour la discrétion, on repassera. Reste à savoir comment son arbitrage influencera l'avenir de cette campagne en état d'urgence.

Charlie Vandekerkhove avec le service politique de BFMTV