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2017: Michèle Alliot-Marie se pose en alternative au programme libéral de François Fillon

Michèle Alliot-Marie le 23 juin 2016 au Parlement européen.

Michèle Alliot-Marie le 23 juin 2016 au Parlement européen. - John Thys - AFP

L'ancienne ministre, qui a annoncé sa candidature à la présidentielle jeudi, s'oppose au programme libéral de François Fillon en revendiquant le rôle central de l'Etat dans la société.

Elle avait prévenu au printemps dernier: Michèle Alliot-Marie a fini par se lancer. L'ancienne ministre de la Défense de Jacques Chirac, actuellement députée européenne, a annoncé jeudi 8 décembre sa candidature à la présidentielle. Elle aura donc décidé de ne pas passer par la primaire à droite. Au Monde, en juin, elle avait confié ne pas en avoir envie. "Certains se présentent à la primaire pour se faire connaître ou pour négocier un poste de ministre. Cela n'a pas de sens".

L'ancienne présidente du feu RPR, qui a créé son micro-parti Nouvelle France en avril dernier, a donc décidé de ne pas ajouter son nom à la liste des sept candidats. "Les primaires ne sont pas dans l'esprit de nos institutions", selon elle. Michèle Alliot-Marie entend se placer au-dessus de la mêlée. "Le petit bout de la lorgnette, avec un chiffre par-ci, un chiffre par-là, ne fait pas une politique. Il faut une vision à long terme, un projet cohérent à la hauteur des enjeux", assène-t-elle dans 20 Minutes.

En héritière autoproclamée du général de Gaulle, cette proche de Jacques Chirac place l'Etat au centre de son projet. Tout au long de son programme, l'Etat stratège revient comme un leitmotiv, autant dans les sujets économiques que régaliens.

"Contrairement à ce que la mode libérale veut faire croire, l'Etat a des responsabilités éminentes dans le domaine économique, que nulle entreprise ne peut jouer à sa place", écrit-elle. "Un Etat doit rassurer les Français pour leur permettre d'être plus libres et pour que chacun réussisse", dit-elle encore à 20 Minutes.

En creux, Michèle Alliot-Marie attaque celui qui est désormais son rival dans la course à la présidentielle: François Fillon, vainqueur de la primaire. "Je suis d'accord avec lui sur les domaines régaliens inspirés du gaullisme. Je suis cependant surprise par ses choix libéraux, que certains qualifient d'ultralibéraux. On ne peut marginaliser le rôle de l’Etat au nom d’une théorie libérale".

Plus de référendums

Outre l'Etat stratège, Michèle Alliot-Marie souhaite recourir davantage au référendum: "A force d'être exceptionnel, il a pris l'allure d'un plébiscite pour ou contre celui qui pose la question", selon elle. Le référendum permettrait de redonner au citoyen "sa place et son rôle", ainsi qu'une "légitimité".

Les mesures concrètes de son programme ne sont pas toutes prêtes, et la candidate promet de les dévoiler à partir de la fin janvier 2017. Mais dans ses "lettres à la Nouvelle France", Michèle Alliot-Marie en dévoile les contours. On trouve ainsi une batterie de mesures communes à une partie de la droite: pas de suppression du nucléaire mais un soutien au mix énergétique, pas de proportionnelle aux législatives, suppression du collège unique, révision des seuils de protection sociale, valorisation de la "fibre patriotique", etc.

Ses propositions aux accents gaullistes viennent se distinguer lorsqu'elle évoque par exemple la souveraineté française en Europe, la généralisation de la participation des salariés de l'entreprise, ou encore le soutien aux industries de pointe. En ce qui concerne la sécurité, elle refuse, au contraire de plusieurs candidats à la primaire, de chiffrer le recrutement dans les forces de l'ordre, et préfère le faire en intégrant les données concernant les fonctionnaires de police (formation, départs, reconversion, etc). Quant à la justice, Michèle Alliot-Marie souhaite "clarifier la hiérarchie des peines", et faire réécrire les codes pour les rendre plus compréhensibles".

Une rivalité avec Henri Guaino

Un projet dont les contours sont encore flous, mais qui en appelle directement à l'héritage du général de Gaulle.

"Le gaullisme est un mot souvent galvaudé (…) Pour moi, il est, depuis longtemps, une référence toujours d'actualité (…) Il ne s'agit pas d'y chercher des recettes miracles, c'est plutôt une grille de lecture et une grille d'action".

Dans ce registre, Michèle Alliot-Marie devra compter sur la concurrence d'Henri Guaino. L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, qui se revendique lui aussi gaulliste, avait prévenu: faute de parrainages, il se présenterait à la présidentielle sans passer par la primaire. Les deux candidats arriveront-ils au bout de la course? Michèle Alliot-Marie affirme avoir déjà la moitié des signatures nécessaires. Le 8 décembre, le député des Yvelines, lui, a refusé d'indiquer combien il en avait recueilli.

Ariane Kujawski