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"Les précaires n'ont jamais connu l'abondance": à gauche, la mise en garde de Macron ne passe pas

Dans son propos liminaire avant le Conseil des ministres de rentrée, Emmanuel Macron a estimé que le pays vit "la fin de l'abondance". Plusieurs figures politiques de gauche considèrent cette remarque déplacée.

Une formule qui passe mal. À gauche, les propos d'Emmanuel Macron sur "la fin de l'abondance" et de "l'insouciance" sont déjà très critiqués. Ce mercredi, lors de l'ouverture du Conseil des ministres de rentrée, le président de la République a prononcé quelques mots devant les caméras: "Au fond, nous vivons la fin de l'abondance", a notamment estimé le chef de l'État, citant la rareté à venir des liquidités, des technologiques, ou des ressources naturelles.

"Je ne sais pas de quel abondance (Emmanuel Macron) parlait", a commenté le député la France Insoumise (LFI) Manuel Bompard sur BFMTV. "Je n'ai pas l'impression que, ces derniers mois, pour les Français, c'était l'abondance."

"Il a appelé à l'unité du pays, or, si on veut de l'unité il faut de la justice, notamment de la justice fiscale", a poursuivi l'élu. "Il faut que chacun contribue à la hauteur de ses ressources. Aujourd'hui ce gouvernement il a beau faire de belles déclarations sur l'unité, il refuse de mettre en place une taxe sur les superprofits."

"Pour ses amis les riches, l'abondance continue" répond Jean-Luc Mélenchon

Depuis l'université d'été de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a lui aussi réagi aux propos du président. "Il ne se rend pas compte à quel point cela peut être blessant pour les gens. Pour ses amis, les riches, l'abondance continue", répond-il.

"Il n'y a jamais eu d'abondance, Monsieur Macron, mais il y a toujours eu de l'irresponsabilité. C'est-à-dire des gens qui croyaient que c'était sans fin. Que la nature était une réserve disponible sans fin. Il y a pillage et saccage, et ça continue."

"Comme si les Français avaient manqué de soucis"

Plusieurs personnalités de gauche ont argué que la situation économique était déjà tendue pour de nombreux ménages. "Non mais on rêve", a réagi par exemple le député Fabien Roussel, ex-candidat communiste à la présidentielle, sur Twitter. "Comme si les Français avaient manqué de soucis et s'étaient trop gavés."

"Les précaires n'ont jamais connu cette abondance, mais c'est pourtant (encore) à eux qu'il va demander des efforts!", a commenté quant à elle Manon Aubry, eurodéputée LFI.

"Bas salaires et retraites face aux prix, 40% d’enfants sans vacances, étudiants en grave précarité, soignants en pénurie… (Les Français) ont depuis longtemps quitté 'l’insouciance'", a listé Ségolène Royal.

Les "ultra-riches" pointés du doigt

C'est aussi une contradiction entre ce discours grave et les profits affichés par certains que ces personnalités de gauche dénoncent. "Il n’y a jamais tellement eu d’abondance. Il y a eu de l’enrichissement, de la destruction, de l’extraction au-delà des limites de la planète et de beaucoup d’humains. Un des principaux responsables de cela s’appelle libéralisme," écrit la députée Europe Ecologie-les Verts (EELV) Sandrine Rousseau .

Toujours sur Twitter, le député LFI Adrien Quatennens évoque, lui, "quelques-uns qui se gavent", accompagné d'un tableau montrant les 10 plus fortes progressions parmi les grandes fortunes françaises sur l'année écoulée.

"Bénéfices records pour Total, la France championne d’Europe du versement des dividendes aux actionnaires du CAC40, explosion des trajets en jets privés, la fin de l’abondance ne concerne pas les ultra riches" a énuméré le député LFI Thomas Portes.

Cette remarque d'Emmanuel Macron survient alors que plusieurs débats émergent sur la sobriété énergétique. Le député EELV Julien Bayou, a, par exemple, proposé d'interdire les jets privés.

Quentin Meunier