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Politique

Les histoires insolites des Municipales

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100% des voix pour un maire ! Tout un village contre un autre. Votant, bien vivant mais déclaré mort ou encore maire en prison... Petit tour de ces « inso-listes » du cru 2008.

Tête de liste et têtes de mule
A Cheviré-le-Rouge (Maine-et-Loire), commune d'environ 800 habitants près d'Angers, Philippe Laureau conduisait l'unique liste aux élections municipales dimanche 9 mars. Or, la liste qu'il conduisait comportait 17 noms pour 15 places de conseillers municipaux et son nom a été l'un des deux le plus souvent rayés par les électeurs. Ainsi, Mr Laureau n'a pas été élu et, ne concevant pas de travailler sans lui après ses deux mandats, quatorze conseillers municipaux ont démissionné immédiatement après leur installation. Une décision que ne comprennent pas les électeurs, considérant que leur choix n'a pas été respecté !

Vous ne pouvez pas voter... vous êtes mort !
Lorsque Mohamed Taouil, 59 ans, s'est présenté le dimanche 9 mars pour voter au premier tour des municipales à Saint-Priest (Rhône), il n'a pas pu mettre son bulletin dans l'urne. En effet, il lui a été notifié qu'il était mort à Chelles (Seine-et-Marne) en décembre dernier. Ainsi, il avait été rayé des listes électorales suite à l'annonce le 2 décembre de sa propre mort par l'Insee de Clermont-Ferrand, qui gère les états civils en Rhône-Alpes. Très inquiet, Mohamed a été rassuré par l'annonce de l'Insee, qui a avancé une erreur due à une homonymie. Mohamed a été réinscrit sur les listes et a pu voter dimanche 16 mars au second tour des élections municipales.

Faucon-du-Caire : de Coty à Sarkozy
Onzième mandat consécutif remporté confortablement pour Arthur Richier, qui à 86 ans reste pour six ans encore, le doyen des maires de France. Il a enfilé sa première écharpe tricolore sous René Coty en 1947, c’est dire ! Pour ce nouveau mandat, il va s’asseoir dans une mairie flambant neuve et souhaite apporter le haut débit aux 45 habitants de son village coincé entre Gap et Sisteron. Ce serait une juste continuité en termes de réseau, puisque ses administrés lui doivent déjà l’eau courante, le tout-à-l’égout et la station d’épuration !

Mahina : mon maire est en prison
Tandis qu’il purge une peine de prison préventive depuis décembre pour présomption d’abus de biens sociaux, Emile Vernaudon, le maire depuis 1977 de Mahina, à Tahiti, a appris depuis sa cellule qu’il est en ballotage favorable à l’élection de dimanche. L’accusation de détournement de 960 000 € (tout de même !) lorsqu’il était ministre des Postes et Télécommunications de la Polynésie française, ne semble donc pas avoir pesé lors du scrutin. L’affaire n’a certes pas de rapport avec la gestion de la ville… Mais reconnaissons que voilà une belle preuve de confiance de la part de ses administrés !

Mont-de-Marsan : l’anesthésiste en réanimation
Trop c’est trop. Apprenant dimanche 9 mars qu’il arrive derrière la candidate UMP et qu’en plus, quelque 400 bulletins avec son nom « rageusement » barré ont été glissés dans les urnes, Philippe Labeyrie considère que Mont-de-Marsan ne veut plus de lui et décide de ne plus briguer sa propre succession (mais reste éligible). Lui qui était élu sans problème depuis 1983 considère être devenu « un poids » pour sa liste. C’est donc son adjoint, anesthésiste, qui prend le train en marche à trois jours du deuxième tour, pour se faire connaître des électeurs et garder ce bastion dans le giron PS. Son adversaire crie, elle, à une manipulation histoire de réanimer (sans jeu de mot) une gauche démobilisée.

Vézélise: l’heure c’est l’heure
Gouverner c’est prévoir. Et aussi arriver à l’heure ? Parce qu’il s’est présenté en retard au dépôt des listes du deuxième tour des cantonales de Vézélise, Jean-Jacques Henry, arrivé en tête au premier tour, se voit exclu de l’élection. Pour expliquer son retard de deux minutes, le conseiller général sortant a avoué ignorer que les listes des cantonales clôturaient à 16 h soit deux heures avant celles des municipales. Puis il a expliqué que des feux rouge sur la route de Nancy l’avaient retardé. A noter que certains élus respectent donc le code de la route…

Aubagne : le MoDem voit rouge
On a beau être ouvert d’esprit au MoDem, il ne faut pas pousser non plus. Jean-Marie Orihuel, le candidat MoDem à Aubagne, l’a appris à ses dépends. En faisant une alliance pour le deuxième tour avec le maire sortant, encarté au PCF, il s’assure une place d’adjoint alors qu’il n’a totalisé que 8 % des voix au premier tour dimanche 9 mars. Mais il franchit aussi la ligne blanche (ou orange ?) de l’ouverture au cas par cas, prônée par François Bayrou. Ce dernier s’est déclaré ouvertement contre cette alliance « sans repères communs ». Très remonté, il a retiré l’investiture MoDem au candidat. Ce qui ne bouleversera pas la donne dimanche, puisque la liste communiste, quasiment certaine de remportée l’élection, est déjà déposée.

Chèvreville : les électrons municipales
Une urne vide, un bureau de vote désert, pas de candidat et une abstention de 100%. Chèvreville, petite cité de la Manche, a inventé une nouvelle forme de lutte : le boycott des élections. La raison de cette curieuse grève des urnes ? Les 168 administrés entendaient protester contre l’implantation prochaine d’une ligne très haute-tension venant de la centrale EPR voisine. Que se passe-t-il quand une ville se retrouve sans maire ? La région va nommer une délégation pour parer au plus pressé, organiser de nouvelles élections et, espère-t-on à Chèvreville, ouvrir les négociations.

Leménil-Mitry: élu avec 100% des voix
Ici, le vote sanction... Connait pas. Cette ville de Lorraine a soutenu aussi nettement l’élection de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2007 et le renouvellement du mandat de son maire. 100 % des suffrages à chaque fois. Le fait que la commune ne comporte que deux habitants, maire inclus, a dû jouer ! Le conseil municipal comporte tout de même neuf membres, le minimum légal, lesquels sont choisis parmi les résidents secondaires. A noter que la plus petite commune de France s’appelle Bezonvaux et compte 0 habitants : son maire y est nommé par le préfet.

Antoine Besse et Charles Magnien