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Les élus UMP "crèvent les abcès" et plébiscitent François Fillon

Jean-Francois Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, à la sortie de l'Elysée, lundi. Deux jours après la lourde défaite de la majorité aux élections régionales, les députés UMP ont "crevé les abcès" mardi lors d'une réunion avec Françoi

Jean-Francois Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, à la sortie de l'Elysée, lundi. Deux jours après la lourde défaite de la majorité aux élections régionales, les députés UMP ont "crevé les abcès" mardi lors d'une réunion avec Françoi - -

PARIS - Deux jours après la lourde défaite de la majorité aux élections régionales, les députés UMP ont "crevé les abcès" mardi lors d'une réunion...

PARIS (Reuters) - Deux jours après la lourde défaite de la majorité aux élections régionales, les députés UMP ont "crevé les abcès" mardi lors d'une réunion avec François Fillon qualifiée de "psychothérapie" par un élu.

Les députés et sénateurs du parti majoritaire, qui retrouveront le Premier ministre lundi prochain pour "un après-midi parlementaire", rencontreront également Nicolas Sarkozy, vraisemblablement le 31 mars.

Le chef de l'Etat a fait savoir qu'il s'exprimerait publiquement mercredi à l'issue du conseil des ministres.

Le président du groupe UMP Jean-François Copé, qui a été reçu à quatre reprises par Nicolas Sarkozy en huit jours, a renouvelé sa demande d'"un pacte majoritaire" jusqu'en 2012 "sur la base des réformes que les gens attendent".

"Le message des élections, ce n'est pas d'arrêter les réformes, c'est de les poursuivre mais en tenant compte de ce qui nous a été dit durant cette campagne", a-t-il dit.

"On n'est pas là pour brûler la maison, on est là pour construire", a-t-il ajouté lors de son point de presse, tout en se félicitant du report de l'entrée en vigueur de la très impopulaire taxe carbone jusqu'à un hypothétique accord pour introduire le même dispositif à l'échelle européenne.

En attendant, les députés UMP, qui se sont réunis à huis clos avant d'entendre François Fillon, ont déchaîné leurs critiques au lendemain d'un remaniement ministériel - censé ressouder la famille UMP - qui n'a pas convaincu.

Fait exceptionnel, des députés ont raconté la séance en direct via le réseau social Twitter. Selon le député de la Mayenne Yannick Favennec, qui a ensuite effacé le "tweet" en question, un "Fillon président!" a fusé des rangs.

"NOUS AVONS COMMIS DES ERREURS"

Les députés n'ont pas mis en cause directement Nicolas Sarkozy, ont rapporté plusieurs participants, mais ils ont réservé une ovation debout à François Fillon.

"Le Premier ministre s'est posé en rassembleur. Il a tenu à réaffirmer qu'il était légitime par sa majorité parlementaire et cela, c'est nouveau dans un discours où traditionnellement la seule référence était celle du président de la République", a rapporté la député "villepiniste" Marie-Anne Montchamp.

Les critiques ont notamment porté sur la lisibilité de la politique menée par Nicolas Sarkozy, beaucoup critiquant l'ouverture à gauche.

"On ne comprend plus grand-chose", a commenté Bernard Debré, plutôt sarkozyste. "On a voulu draguer les écolos avec la taxe carbone, draguer le Front national avec l'identité nationale, draguer je ne sais pas qui avec l'ouverture. Finalement on n'a dragué personne", a-t-il dit à la presse.

Marc Laffineur, un autre sarkozyste, a plaidé pour un discours "beaucoup moins anxiogène, beaucoup plus calme" et des réformes "équitables", moins nombreuses et mieux expliquées.

Selon Lionel Tardy (Haute-Savoie), qui s'exprimait via Twitter, le Premier ministre n'a pas manié "la langue de bois". "Nous avons commis des erreurs", aurait-il dit. Avant d'ajouter : "il ne faut pas arrêter les réformes parce que les Français ne le demandent pas".

PAS DE "DEMI-TOUR"

Plaidoyer repris dans l'après-midi publiquement lors de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée, où le chef du gouvernement a pris acte de la défaite des régionales avec "humilité" et promis d'"amplifier" les efforts "pour protéger les Français" face à la crise.

Mais "faire demi-tour : non", a-t-il souligné.

Nombreux d'élus, selon des participants, ont déploré "une immense coupure" entre l'Elysée et les préoccupations des Français. Particulièrement incisif sur ce point, Michel Raison, député de Haute-Saône, a été "très applaudi".

"Si nous ne revenons pas courageusement sur la question du bouclier fiscal, qui a été soigneusement éludée par le Premier ministre, je pense que nous ne satisferons pas à l'exigence de justice sociale qui est venue de tous les rangs", a estimé Marie-Anne Montchamp.

Une "inflexion" s'impose après le "tsunami politique" de dimanche, a déclaré à la presse François Sauvadet, président du groupe Nouveau Centre.

"Ce remaniement, ce n'est pas un message qui est adressé aux Français, c'est un message qui est adressé à l'UMP", a-t-il dit.

Un remaniement critiqué dans les couloirs de l'Assemblée.

"Les villepinistes ne sont pas rentrés au gouvernement avec Tron, comme les socialistes n'étaient pas rentrés avec Eric Besson", a ironisé François Goulard à propos de la nomination du villepiniste Georges Tron à la Fonction publique.

Sophie Louet et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse