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Politique

Les élus du Tarn décident de l'avenir du barrage de Sivens

En septembre 2014, des opposants au projet de barrage se sont nichés dans les arbres pour empêcher sa construction.

En septembre 2014, des opposants au projet de barrage se sont nichés dans les arbres pour empêcher sa construction. - Remy Gabalda - AFP

Les conseillers généraux débattent vendredi de l'avenir du chantier du barrage de Sivens, cinq jours après la mort d'un jeune opposant au projet.

C'est un débat complexe qui s'ouvre vendredi à Albi, dans le Tarn. Les élus du Conseil général vont devoir décider de l'avenir du chantier du barrage de Sivens, cinq jours après la mort de Rémi Fraisse, un jeune homme qui manifestait contre le projet.

Les opposants ont appelé à se rassembler dès 8 heures, dans la ville habituellement tranquille d'Albi, devant le Conseil général où les élus doivent siéger à partir de 09h30.

Les élus sous pression

Au début de la séance, une minute de silence devrait être observée, en mémoire de Rémi Fraisse. Le département du Tarn, dirigé depuis 23 ans par le socialiste Thierry Carcenac, est maître d'ouvrage de ce barrage-réservoir. Jusqu'à présent, un seul des 46 conseillers généraux s'est opposé au projet. Mais les élus tarnais se retrouvent aujourd'hui sous pression, au cœur d'une polémique nationale particulièrement vive.

Car la mort de Rémi Fraisse a tout bouleversé. L'enquête privilégie désormais la thèse d'un décès dû à l'explosion d'une grenade offensive lancée par un gendarme. Et dans différentes villes, des manifestants crient: "Carcenac, y'a du sang sur ton barrage".

Le gouvernement s'interroge sur la légitimité même du projet, contesté localement depuis 2011, et qui avait été qualifié de "non sens" et de "stupidité" avant même le drame, par les élus écologistes José Bové et Noël Mamère.

Un projet critiqué par les ingénieurs

Poursuivre le chantier, l'arrêter provisoirement ou l'abandonner définitivement? Thierry Carcenac a déjà annoncé qu'il envisageait de "suspendre les travaux" mais "en aucun cas 'sine die'" (de manière indéfinie). Il va falloir tout remettre "à plat", a-t-il dit, dans l'idée d'"améliorer" le projet en suivant les préconisations des experts mandatés par la ministre de l'Écologie Ségolène Royal. Dans un rapport sévère, ces ingénieurs ont jugé le projet surdimensionné et coûteux.

"L'ensemble des conseillers généraux est prêt à optimiser ce projet pour réduire au maximum son impact environnemental", a assuré le député socialiste Jacques Valax, conseiller général du Tarn depuis 19 ans. Pour lui, le projet doit bien être mis en oeuvre, en dépit de la contestation: "il en va de la pérennité de nos institutions", dit-il. Plus de huit millions d'euros doivent être dépensés pour la construction de ce barrage-réservoir, destiné à sécuriser l'irrigation des cultures.

Jacques Pagès (divers gauche) - seul conseiller général du Tarn ayant voté "contre" le projet de barrage - se dit "très pessimiste" sur l'issue des débats. Car dans leur rapport publié lundi, "les experts mandatés par le ministère de l'Écologie expliquent pourquoi il n'aurait pas fallu faire ce barrage", dit Jacques Pagès. "Mais les mêmes experts concluent que maintenant, il va falloir le faire quand même, parce qu'il est déjà trop avancé... C'est affligeant!"

Pendant des mois, avant que la confrontation ne dégénère en affrontements, des opposants avaient multiplié les actions en justice, grèves de la faim, manifestations, occupations des lieux, quitte à vivre perchés dans les arbres. Ils tentaient, en vain, d'empêcher la destruction de 13 hectares de "zones humides" qui abritait 94 espèces protégées, selon eux. Aujourd'hui, plusieurs centaines d'opposants - parmi les plus radicaux - occupent le terrain défriché.

A. K. avec AFP