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Les écologistes français se déchirent malgré leurs succès

A la veille d'une réunion de la direction d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), où, sauf imbroglio, Pascal Durand devrait succéder à Cécile Duflot au poste de secrétaire national, les écologistes français se déchirent à nouveau. Le député européen Daniel Co

A la veille d'une réunion de la direction d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), où, sauf imbroglio, Pascal Durand devrait succéder à Cécile Duflot au poste de secrétaire national, les écologistes français se déchirent à nouveau. Le député européen Daniel Co - -

par Thierry Lévêque PARIS (Reuters) - Les écologistes français se déchirent à nouveau, leur icône, le député européen Daniel Cohn-Bendit, redoublant...

par Thierry Lévêque

PARIS (Reuters) - Les écologistes français se déchirent à nouveau, leur icône, le député européen Daniel Cohn-Bendit, redoublant de critiques contre la direction malgré le succès que représente la constitution du premier groupe parlementaire de leur histoire.

A la veille d'une réunion de la direction d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), où, sauf imbroglio, Pascal Durand devrait succéder à Cécile Duflot au poste de secrétaire national, il a estimé que son parti avait perdu du crédit dans l'opinion du fait de l'arrivisme qu'il prête à ses dirigeants.

"Le paradoxe, c'est qu'on existe à l'Assemblée, au Sénat et au gouvernement, mais plus dans la société. Nos succès institutionnels ne sont pas accompagnés, bien au contraire, d'une dynamique citoyenne. Notre image est devenue détestable", dit-il dans un entretien publié vendredi par Libération.

"Aujourd'hui, nous incarnons souvent l'insoutenable légèreté de l'arrivisme (...) Le plus détestable a été la course aux maroquins ministériels", ajoute-t-il.

Alliés au PS dans un accord passé dans la douleur fin 2011, EELV a obtenu 17 sièges au élections législatives. La formation d'un groupe suppose des moyens financiers nouveaux et un temps de parole, donc une place officielle dans la vie politique.

Ce groupe à l'Assemblée s'ajoute à celui du Sénat constitué à la faveur de la victoire de la gauche l'automne dernier.

Cécile Duflot a décroché le portefeuille du Logement et de l'Egalité des territoires et le député européen Pascal Canfin le ministère délégué au Développement. L'Ecologie, confié finalement à la socialiste Delphine Batho, échappe cependant aux écologistes, dont c'est seulement la deuxième participation gouvernementale après l'expérience de 1997-2002.

INFLUENCE LIMITÉE

Le PS ayant par ailleurs la majorité absolue à lui tout seul à l'Assemblée, l'influence d'EELV s'annonce limitée, d'autant que le score à la présidentielle a été catastrophique avec Eva Joly (2,3%) et très médiocre aux législatives (6,27%), très loin des 16,3% obtenus aux européennes de 2009 avec Daniel Cohn-Bendit, qui avaient permis de nourrir tous les espoirs.

En réalité, le score des législatives, si l'on ne tient pas compte des circonscriptions où les candidats EELV avaient l'appui du PS, n'a été que de 3,9%.

La tâche des écologistes au gouvernement s'annonce donc périlleuse puisque le PS a des options éloignées de leurs options, notamment sur le nucléaire, où il prône une simple réduction et non l'abandon de cette forme d'énergie.

Les écologistes ont souffert de leur bataille des primaires entre l'ancien animateur de télévision Nicolas Hulot, porteur d'un projet centré sur le changement climatique, et Eva Joly.

Battu, le premier a brocardé la candidature de l'ancienne juge, pour laquelle il n'a d'ailleurs officiellement pas voté.

La campagne d'Eva Joly, centrée souvent sur les "affaires" et des questions institutionnelles et sociales sans rapport avec les problèmes d'environnement, a été ensuite vivement critiquée au sein du parti écologiste.

Dans son entretien à Libération, Daniel Cohn-Bendit se montre très sévère avec Cécile Duflot, qui a dirigé le parti depuis 2006.

"Elle peine à avoir des idées qui aillent au-delà de la matrice traditionnelle des écologistes. Chef de clan, elle impose l'intérêt de ses pairs comme l'intérêt commun", dit-il.

Le député européen Yannick Jadot, ancien de Greenpeace qui fut fortement impliqué dans la campagne Joly, a approuvé implicitement les questions posées par Daniel Cohn-Bendit.

"Notre succès ne peut pas cacher une autre réalité, c'est que notre image est brouillée dans l'opinion et que nous n'avons pas fait le score espéré", a-t-il dit à Reuters.

"Il faut que nous retrouvions l'élan d'EELV et il faut que nous retrouvions des pratiques collégiales", a-t-il ajouté.

Il faut selon lui conserver dans le groupe et dans le parti une parole libre vis-à-vis du gouvernement. Il se dit favorable à un congrès d'EELV avancé au printemps 2013.

Le sénateur Jean-Vincent Placé se montre plus sévère avec Daniel Cohn-Bendit, âgé de 67 ans. "C'est comme l'arbitre au foot, on fait avec, on est immunisé (...) Je suis très confiant, il y a une nouvelle génération écologiste qui émerge et qui est plus mûre que la précédente", a-t-il dit à Reuters.

Edité par Yves Clarisse