Les « Dupés », ces patrons « ulcérés par la Politique Economique et Sociale » de la France

Un collectif de "Dirigeants Ulcérés par la Politique Economique et Sociale" de la France (DUPES) des 30 dernières années, plaide auprès du gouvernement pour un Code du travail allégé. Des règles simplifiées permettraient, selon eux, de créer « immédiatement quelques centaines de milliers d’emplois ». « Irréaliste », rétorque le Medef.

Après les "pigeons" et les "poussins", voici les "dupés". Un collectif qui regroupe 3 700 chefs d'entreprise, principalement des TPE et PME, en colère. Ces "Dirigeants Ulcérés par la Politique Economique et Sociale" de la France grognent contre les charges trop lourdes, contre le code du Travail qui a triplé de volume en 30 ans. Et ils proposent 3 mesures au gouvernement pour redresser l'emploi et peut-être même faire baisser la courbe du chômage qui ne cesse de monter en France : réduire de moitié la taille du code du Travail, baisser les cotisations sociales et augmenter les salaires, avec en compensation une hausse de la TVA de 3 points. Des propositions que les Dupés ont données hier jeudi au nouveau président du MEDEF, Pierre Gattaz, en visite à Saint-Etienne.

« Simplifier les règles créerait immédiatement de l’emploi »

Julien Faure en a ras-le-bol. Ce patron emploie 80 personnes dans sa PME spécialisée dans le textile, mais pas une de plus à cause des contraintes légales : « Mon temps en gestion administrative et ressources humaines, est passé d’environ 10% à 40% ; ça ne donne plus envie de faire ce métier ». Les Dupés proposent donc de supprimer les articles du Code du travail les plus contraignants, comme certaines mesures fiscales ou environnementales. Dominique Jabouley est leur représentant : « Si l’Etat libérait beaucoup de petites entreprises par une simplification des règles, cela se traduirait immédiatement par quelques centaines de milliers d’emplois. Ça il faut bien que les dirigeants de ce pays se le mettent dans la tête ».

« Irréaliste » ?

Alors, simplifier la réglementation, Pierre Gattaz, le nouveau président du Medef est pour. Mais pas si fort, pas si vite : « ça me paraît irréaliste. Le Code du travail, il n’y a pas que le patronat qui est sur le coup, on a plusieurs partenaires, c’est très complexe ».
Les Dupés n'ont d'ailleurs pas prévu de participer aux prochaines réunions du Medef sur la réforme du travail en France.

« On n’a que des emmerdements, pas de reconnaissance »

Grégoire Giraud est un de ces patrons Dupés. Il dirige le groupe Cheynet, qui emploie plus de 400 personnes dans l'industrie textile. Selon lui, être chef d'entreprise en France est extrêmement contraignant, et ce depuis longtemps : « ça fait 30 ans que ça dure. Ça n’est pas du tout diriger contre le gouvernement actuel. Pour nous, tous les gouvernements sont rentrés dans un jeu dangereux, qui consiste à alourdir et à compliquer. C’est-à-dire que j’ai beaucoup de mal à résister, en étant aussi nombreux en France. D’ailleurs, il y a beaucoup de mes confrères qui eux n’ont pas hésité à tout mettre en Asie et ils gagnent beaucoup plus d’argent que moi, ils sont moins embêtés. Et en plus je ne sens pas de reconnaissance de cet effort énorme qu’on fait de rester en France avec beaucoup de salariés. On n’a que des emmerdements, pas de reconnaissance. Donc essayons de simplifier et d’alléger ».

J.V. avec Gwenaël Windrestin