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Les dernières cartes dans la main d'Hollande

François Hollande à Clichy-sous-Bois mardi 2 septembre.

François Hollande à Clichy-sous-Bois mardi 2 septembre. - Etienne Laurent - AFP

Livre de Valérie Trierweiler, démission de Thomas Thévenoud... Les ennuis s'accumulent pour François Hollande, dont la popularité n'a jamais été si basse. Ses adversaires le pressent d'agir, voire de quitter le pouvoir.

Ces dernières semaines auront ressemblé à un cauchemar pour François Hollande. Lui qui pensait, avec Manuel Valls, avoir passé la tempête après avoir écarté les ministres contestataires du gouvernement, doit affronter une énième crise, avec le livre de Valérie Trierweiler et la démission de Thomas Thévenoud pour raisons fiscales. 

Les rivaux politiques du président montent au créneau. Marine Le Pen réclame une dissolution, Rama Yade un référendum. Quelle autre possibilité est envisageable, d'ici à 2017?

La démission

Pourquoi c'est possible: à ce sujet, la Constitution se contente d'indiquer qu'en cas de décès ou de démission, c'est le président du Sénat qui assure l'intérim. Donc la démission du président de la République est conforme à la Constitution. Le dernier à l'avoir fait est le général de Gaulle: il avait quitté son poste en 1969, après un référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat.

Pourquoi ça semble compliqué: "le président est élu pour cinq ans, comme le prévoit la Constitution", rappelle le constitutionnaliste Pascal Jan. "Il est chargé d'une mission et doit donc aller jusqu'au bout de son mandat. Il est légitime démocratiquement, et s'il doit y avoir sanction venant du peuple, cette sanction interviendra s'il se représente." Et Pascal Jan de brandir le risque de "basculer vers une République sondagière": "si François Hollande démissionnait et que son successeur était impopulaire à son tour, où placerait-on le curseur pour décider qu'il doit démissionner?", demande-t-il. "Ce serait grave!" François Hollande, lui-même, exclut pour le moment cette option. Vendredi, en marge du sommet de l'Otan, il a assuré qu'il "ira jusqu'au bout". 

La dissolution

Pourquoi c'est possible: "si Manuel Valls n'obtient pas la confiance le 16 septembre, cela pourrait être un motif de dissolution", assure Eddy Fougier. "C'est l'une des possibilités qui permettrait de dénouer une crise politique." "La dissolution semble déjà plus logique qu'une démission", approuve Pascal Jan.

Pourquoi ça semble compliqué: "la dissolution, personne n'en veut", souligne Eddy Fougier. "Au PS, chaque député sait le danger que représenterait une nouvelle élection législative. Un grand nombre d'entre eux perdraient. Et même à l'UMP, on ne rêve pas unanimement d'une nouvelle élection". Marine Le Pen, elle, s'est déclarée ouvertement favorable à une cohabitation.

Mais Pascal Jan met en garde: "la dissolution, c'est une décision qui vient de l'exécutif, ça ne se fait pas comme ça. On a tendance à présenter ça comme l'unique solution, mais c'est d'abord François Hollande qui décide".

  • Le référendum

Pourquoi c'est possible: l'article 11 de la Constitution le dit: "le Président de la République (…) peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent". "Ce serait un énorme coup politique de la part de François Hollande", analyse Pascal Jan. "D'un point de vue économique, il piégerait la droite comme les frondeurs du PS. Et s'il échouait, il partirait dans la dignité, en ayant renforcé la fonction présidentielle".

Pourquoi ça semble compliqué: "le référendum n'est plus dans les pratiques de la Ve République", rappelle Eddy Fougier. "Et François Hollande a été traumatisé par le référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel européen, qui l'a isolé au sein du PS. Pas sûr qu'il ait envie d'y recourir à nouveau, surtout s'il a de grandes chances de le perdre." Car le danger réside surtout dans le fait que le référendum se transforme en élection pour ou contre François Hollande, au lieu de se concentrer sur son programme.

Un dernier espoir?

Une reprise économique? Pour Eddy Fougier, "François Hollande doit tenir jusqu'à 2017. Et son seul espoir, c'est la reprise économique qu'il a d'ailleurs promis. Ses espoirs ont été douchés cet été, les chiffres du chômage sont mauvais. Il n'y a qu'une embellie qui peut sauver les meubles".

Une majorité soudée? Pour Pascal Jan, "un président ne peut mettre en oeuvre sa politique que s'il a une majorité législative qui le soutient. Or ça bloque depuis 2012, parce que tous les accords internes ont été négociés par Martine Aubry", à l'époque premier secrétaire du PS. La maire de Lille représente-t-elle un dernier recours, pour venir ressouder une majorité qui s'effrite? Pour l'instant, elle se montre très discrète. La prochaine épreuve se passera le 16 septembre, à l'occasion du vote de confiance

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV