Les députés s'écharpent sur un usage féministe de la langue française
Le féminisme est dans les détails. Académie française vs Assemblée nationale. Le député UMP du Vaucluse Julien Aubert s'est fait rappeler à l'ordre lundi soir dans l'hémicycle pour s'être obstiné à appeler la présidente de séance, la socialiste Sandrine Mazetier, "Madame LE président", lors des débats sur le projet de loi sur la transition énergétique.
Ce rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal entraînera la privation, pendant un mois, du quart de son indemnité parlementaire pour le député du Vaucluse, selon le règlement de l'Assemblée. "Sommes-nous encore libres de notre expression dans cet hémicycle?", s'est insurgé mardi l'UMP Christian Jacob. C'est une "sanction disproportionnée", a renchéri la députée UMP Marie-Jo Zimmermann. Julien Aubert a une nouvelle fois défendu sa position, mais "ce n'est pas l'Académie française qui fixe les règles de l'Assemblée nationale, c'est le bureau", a tranché le président Claude Bartolone.
"Un devoir d'exemplarité"
La députée EELV Barbara Pompili s'est elle aussi exprimée sur le sujet mardi, après que des parlementaires UMP ont pris la défense de Julien Aubert. "C'est une femme qui parle, pour eux c'est difficile d'écouter", a-t-elle lancée alors qu'elle était chahutée sur les bancs de la droite. "Nous avons un devoir d'exemplarité sur l'égalité hommes-femmes battue en brèche à de nombreuses reprises ici. A chaque fois qu'il y a la possibilité de réduire le rôle de la femme ici elle est utilisée", a-t-elle lancé, défendant l'utilisation de madame LA présidente comme "une avancée".
On notera que, lorsqu'elle était ministre, l'UMP Michèle Alliot-Marie mettait un point d'honneur à se faire appeler madame LE ministre. De quoi en perdre son latin.