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Les députés au secours du "nuage" de la Fondation LVMH

Maquette du bâtiment imaginé par Frank Gehry pour la Fondation Louis Vuitton pour la création. Les députés français ont voté deux amendements déclarant d'utilité publique cet édifice, venant ainsi à la rescousse du groupe de luxe LVMH dans sa bataille jur

Maquette du bâtiment imaginé par Frank Gehry pour la Fondation Louis Vuitton pour la création. Les députés français ont voté deux amendements déclarant d'utilité publique cet édifice, venant ainsi à la rescousse du groupe de luxe LVMH dans sa bataille jur - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - La construction du "nuage" de la Fondation LVMH va-t-elle bientôt reprendre au bois de Boulogne ? En votant...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - La construction du "nuage" de la Fondation LVMH va-t-elle bientôt reprendre au bois de Boulogne ?

En votant deux amendements déclarant d'utilité publique le bâtiment imaginé par Frank Gehry, les députés français sont venus à la rescousse du groupe de luxe dans sa bataille juridique contre les associations ayant provoqué la suspension des travaux par le tribunal administratif le 20 janvier.

Motif : le bois de Boulogne, propriété de la Ville de Paris, n'est pas constructible.

Mardi soir, deux amendements "cavaliers", c'est-à-dire n'ayant pas ou peu de rapport avec le texte en question, ont été déposés par l'UMP et le Parti socialiste et adoptés lors d'un vote sur le livre numérique.

Ces amendements identiques déclarent d'intérêt général la Fondation Louis Vuitton pour la création, un bâtiment en forme de chrysalide dessiné par l'audacieux architecte américano-canadien Frank Gehry, auteur du musée Guggenheim de Bilbao et du Walt Disney Concert Hall de Los Angeles.

"Nous n'avons rien contre l'art, la culture ni les collections de M. (le PDG de LVMH Bernard) Arnault, mais pas sur ce terrain", a dit à Reuters François Douady, président de la Coordination pour la sauvegarde du bois de Boulogne et de ses abords, à l'origine de l'arrêt des travaux.

"Le bois, espace classé par le plan local d'urbanisme, n'a pas à recevoir de construction quelles qu'elles soient", a-t-il ajouté devant le chantier hérissé de grues proche du jardin d'Acclimatation où jouent les enfants de l'Ouest parisien.

DAVID CONTRE GOLIATH

Rappelant que David a gagné contre Goliath, le retraité ne jette pas l'éponge malgré le vote à l'Assemblée. "Nous verrons si le Conseil constitutionnel accepte ce détournement de la loi...", prévient-il.

La mairie socialiste de Paris, qui a fait appel de la décision du tribunal administratif, a précisé qu'elle n'était pas à l'origine de la démarche de l'Assemblée.

De source proche de LVMH, on se disait même avant ce vote "très confiant" sur l'avenir du site construit par Vinci, dont l'inauguration, initialement prévue en 2012, "devrait être retardée d'environ six mois".

Les difficultés de Bernard Arnault rappellent celles d'une autre grande fortune française, François Pinault, parti installer sa collection d'art contemporain à Venise après avoir tenté en vain d'investir l'île Seguin, sur la Seine.

La même organisation présidée par François Douady a bataillé contre l'extension du site de Roland-Garros sur une partie du site abritant les serres d'Auteuil.

Repoussant les dossiers de Gonesse, Marne-la-Vallée et Versailles, la Fédération française de tennis (FFT) a décidé dimanche de maintenir le tournoi sur son site historique de la Porte d'Auteuil, qui sera agrandi de 14 hectares.

La chanteuse Françoise Hardy s'est jointe au combat, mettant en garde contre une dénaturation des serres d'Auteuil, site architectural et botanique remontant à Louis XV.

Pour François Douady, la décision de la FTT "n'est pas une défaite" et "toutes sortes d'oppositions judiciaires restent encore à exploiter contre ce funeste projet".

Sa campagne rappelle celle qui a retardé les travaux du chantier des Halles, au coeur de Paris, finalement entamé l'été dernier pour une durée de six ans. Ou les projets, très contestés en leur temps, de la pyramide du Louvre et des colonnes de Daniel Buren dans les jardins du Palais Royal.

Dans tous les cas, François Douady veut se placer du côté du droit. "En France, paraît-il, nous sommes dans un état de droit. La pratique permet un peu d'en douter", dit-il.

Avec Pascale Denis et Emile Picy, édité par Patrick Vignal