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Politique

Les défis d'une candidature nouveau centre en 2012

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par Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - Bien décidé à présenter un candidat à la présidentielle de 2012, le Nouveau Centre (NC) d'Hervé Morin devra surmonter l'hostilité de Nicolas Sarkozy mais aussi et surtout rassembler une famille centriste éclatée.

La tiédeur manifestée par certains caciques du parti, voire la préférence affichée pour une candidature Jean-Louis Borloo par d'autres comme la secrétaire d'Etat Valérie Létard constituent un autre obstacle pour le ministre de la Défense.

Ce dernier a été largement réélu (plus de 93% des voix) à la présidence du NC à l'occasion d'un congrès ce week-end à Tours, en promettant d'aller "jusqu'au bout" de sa campagne pour la présence de la formation alliée de l'UMP majoritaire à la prochaine présidentielle.

"Je n'ai pas l'intention d'être le président d'un parti qui se résumerait à être le décor d'une pièce qui se jouerait sans lui", a-t-il dit pour justifier sa volonté.

Le problème est que Nicolas Sarkozy semble décidé à éviter toute candidature centriste en parallèle de la sienne en 2012, ce qu'il a déjà signifié à Hervé Morin, pour éviter une dispersion des voix de droite au premier tour.

"Il sera difficile au Nouveau Centre de faire abstraction de ce que souhaitent Nicolas Sarkozy et l'UMP", déclare Gaël Sliman, directeur des études politiques de l'institut BVA.

Pour autant, il juge que les centristes représentent une "offre politique réelle" et ont raison de viser la présidentielle.

BEAUCOUP SUR LE MÊME TERRAIN

Il estime que sur les 18,57% des électeurs qui avaient voté François Bayrou en 2007, 10% à 11% ne récidiveront pas au vu de l'opposition frontale à Nicolas Sarkozy affichée par le leader du MoDem et qu'ils représentent un potentiel conséquent pour un candidat du centre.

"Le problème est qu'il y a beaucoup de gens qui se marchent dessus sur ce terrain", ajoute le responsable de BVA.

L'ancienne UDF, qui incarnait jadis les ambitions centristes, est aujourd'hui éclatée entre le NC, le MoDem de François Bayrou - dont le Nouveau Centre est une scission -, des personnalités UMP comme les ministres Jean-Louis Borloo et Marc Philippe-Daubresse ou encore des indépendants comme le président de la commission des Finances du Sénat, Jean Arthuis.

Porte-parole du NC, le député d'Indre-et-Loire Maurice Leroy a déclaré dimanche qu'un candidat centriste "authentique" ne pouvait émaner que d'une formation indépendante de l'UMP.

Présent à Tours, l'ancien député européen Jean-Louis Bourlanges a estimé au contraire qu'une candidature centriste devait rassembler et ne pas "ostraciser" quiconque, à commencer par Jean-Louis Borloo, "un des éléments constitutifs de la famille centriste".

"Une candidature centriste, pour qu'elle ne soit pas seulement d'appoint, doit aussi représenter des gens qui viennent du MoDem, je ne dis pas François Bayrou, de l'Alliance centriste (de Jean Arthuis) et de l'aile centriste de l'UMP", a-t-il dit.

PRESSIONS, DOUTES ET DÉFECTIONS

Favorable lui aussi à un candidat centriste en 2012, Jean Arthuis a proposé l'organisation de primaires aux contours encore incertains si plusieurs prétendants devaient se manifester.

Face à ces conjectures, le NC a décidé d'avancer "sans attendre de savoir qui va nous rejoindre, quand il va nous rejoindre, car ce serait le meilleur moyen de plomber une candidature authentiquement centriste", a indiqué Maurice Leroy.

En manque de notoriété par rapport à ses concurrents potentiels, Hervé Morin a décidé de tracer son sillon en multipliant les interventions sur le terrain et en publiant un livre sur sa carrière et ses idées à la rentrée.

Il lui restera aussi à s'assurer qu'il est suivi par l'ensemble de ses troupes, à commencer par les parlementaires qui pourraient privilégier leur réélection en 2012 en suivant les consignes de l'UMP.

Dans son intervention de dimanche, il a reconnu que le parti connaîtrait des "pressions", des "doutes" et des défections", pour ajouter: "Mais je sais que vous tiendrez bon, je sais que vous résisterez (...) je suis certain que vous soutiendrez le même chemin partagé que le mien."

Édité par Gilles Trequesser