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Les Constructifs, vers un nouveau parti?

Les Constructifs

Les Constructifs - MARTIN BUREAU / AFP

Si la création d'un parti semble être la continuation logique du groupe parlementaire Les Constructifs, les obstacles politiques sont nombreux pour les centristes.

Larguer les amarres, oui, mais pour aller où? Mercredi et jeudi prochains, les membres du groupe parlementaire Les Constructifs, panachage de députés Les Républicains, UDI et indépendants, se réunissent à Trouville, dans le Calvados, pour discuter de leur avenir politique. Plus que jamais, la question de la création d'un parti se pose.

"Evidemment la question de la traduction politique de notre groupe se posera", confie au JDD le patron de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde. "Nous ne serons rien si on ne s'appuie pas, dans les territoires, sur une structure partisane."

Les Républicains "constructifs" n'ont pas vraiment le choix: les tenants de la ligne "à droite toute" veulent les scalps de ceux qu'ils qualifient de "traîtres". "La majorité des 'LR constructifs' anticipent la victoire, en décembre, de Laurent Wauquiez à la présidence du parti", explique l'un d'entre eux au JDD. "Si tel est le cas, nous serons vite exclus. Et il fait froid dehors…"

Espace politique

Surtout, les LR constructifs croient discerner un espace électoral vacant après la primaire de la droite et la défaire d'Alain Juppé. Sur notre antenne ce dimanche, Thierry Solère lève pudiquement le voile sur la question: 

"Il y en a qui pensent qu'il existe un espace politique considérable et qu'il faut donc aujourd'hui créer une formation politique", pour réunir les "pro-européens, réformateurs, qui veulent faire à l'extrême droite une barrière infranchissable."

"On va se fédérer", promet Thierry Solère, consterné par "l'évolution prise par LR" vers "un petit parti franco-français qui fait des clins d'oeil de plus en plus forts au Front National", d'un "populisme effrayant". "Une bonne moitié des Républicains sera orpheline si Wauquiez passe", complète Laure de La Raudière, élue LR d'Eure-et-Loir, toujours dans le JDD.

Appoint ou tremplin?

Les membres de l'UDI restent toutefois prudents: le premier bilan du groupe parlementaire est en effet teinté d'amertume.

"Voulons-nous être rattachés à l'opposition ou à la majorité, alors qu'aucune de nos propositions n'a été pour l'instant retenue par l'exécutif?" interroge Yves Jégo, député de Seine-et-Marne. "Aujourd'hui, nous ne sommes ni dans la majorité, ni dehors. Nous ne sommes nulle part."

"Les membres de l'UDI sont ouverts à l'idée de créer quelque chose de nouveau, mais il faut que cela se passe dans les règles", prévient Jean-Christophe Lagarde. Autrement dit: pas question que les transfuges LR noyautent la nouvelle formation pour en faire un parti d'appui à Édouard Philippe, qui se dit lui-même "perplexe" face à la "droitisation".

Les radicaux en partance

Pour les centristes, majoritaire au sein du groupe parlementaire, le rapport de force au sein des Constructifs est moins favorable qu'il n'y paraît. En effet, la résurrection du Parti radical, à nouveau uni, pourrait coûter cher à l'UDI. Divisé depuis 1972 entre Parti radical de gauche, "compagnon de route" du PS et favorable au programme commun, et Parti radical valoisien, courant de centre droit rallié à l'UDI, le Parti radical siphonnerait près d'une demi douzaine d'élus à l'UDI.

"Je suis membre du Parti radical valoisien et il ne fait aucun doute que si un parti radical unique se reconstitue je le suivrai au sein d'un groupe à l'Assemblée le moment venu", assume Yves Jego dans Le Parisien. "Si la fusion avait bien lieu entre le PRG et les valoisiens, il n'y aurait aucune raison pour que je reste chez les Constructifs", confirme un autre radical.

Il n'y aurait donc pas un, mais deux nouveaux partis au centre? "Les centristes sont quand même des gens compliqués…", soupire un Constructif.

Louis Nadau