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Les candidats PS pour 2012 dénoncent le piège de la "règle d'or"

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PARIS (Reuters) - A huit mois de l'élection présidentielle, les prétendants socialistes à l'Elysée redoublent d'efforts pour démontrer leur...

PARIS (Reuters) - A huit mois de l'élection présidentielle, les prétendants socialistes à l'Elysée redoublent d'efforts pour démontrer leur capacité à répondre aux derniers inquiétants soubresauts de la crise mondiale.

Tous avancent des propositions pour réduire le déficit public français mais ils refusent majoritairement d'approuver la "règle d'or" qui vise à inscrire l'obligation d'une discipline budgétaire dans la Constitution.

Les socialistes considèrent qu'en proposant une telle mesure, le chef de l'Etat cherche à leur tendre un piège pour pouvoir ensuite les accuser d'irresponsabilité.

Ils notent que Nicolas Sarkozy ne s'appliquerait pas cette règle à lui-même, puisqu'elle ne serait mise en oeuvre qu'en 2013, bien après l'élection présidentielle de 2012.

Avant l'appel lancé mercredi par le chef de l'Etat, qui a invité l'opposition à faire preuve de responsabilité à l'issue d'une réunion de travail à l'Elysée, les brèches dans le front du refus étaient rares.

Manuel Valls s'est cependant distingué en admettant le principe d'une "règle d'or" tout en reconnaissant que derrière la proposition de Nicolas Sarkozy se cachait un "piège assez grossier".

Le député propose sur le site de l'hebdomadaire Marianne.fr (www.marianne2.fr) que le chef de l'Etat fasse "le premier pas" en discutant à l'Elysée avec les dirigeants de l'opposition.

LA FIN DE LA POLITIQUE ?

Ségolène Royal qualifie quant à elle la "règle d'or" d'équilibre budgétaire de "gadget de plus" de Nicolas Sarkozy, qui ne va pas "régler quoi que ce soit" à la crise. Elle s'est toutefois déclarée "prête à discuter" mais à plusieurs conditions qui semblent peu susceptibles de faire compromis.

"Si Nicolas Sarkozy accepte les propositions qui consistent à écrire également dans la règle d'or la lutte contre les inégalités fiscales, la contribution à égalité des revenus du capital et des revenus du travail aux dépenses, la justice fiscale, alors oui, on est prêt", a-t-elle dit à la presse.

Auparavant, François Hollande et Martine Aubry avaient tous deux rejeté l'appel du président de la République, lequel avait exhorté fin juillet dans une lettre aux parlementaires à adopter cette mesure.

Le député de Corrèze suggère que soit ajouté au projet de loi de finances pour l'an prochain un amendement dans lequel la France s'engage à respecter une trajectoire en ce sens.

"Cela montrerait la détermination de l'ensemble de la Nation à tenir les engagements pris. Le débat politique en 2012 porterait alors sur les moyens d'y parvenir et sur les conditions d'un retour à la croissance", déclarait François Hollande mardi dans un entretien aux Echos.

Martine Aubry a publié une tribune dans Libération samedi pour livrer ses solutions à la crise boursière, un message écrit avant la dégradation de la note américaine à l'origine de l'extrême nervosité des marchés de ces derniers jours.

En réponse à la lettre du président, la maire de Lille avait écrit : "Je préfère une vraie règle de conduite, celle que je m'engage à suivre si je suis élue présidente de la République en 2012 : affecter la moitié des marges de manoeuvre au désendettement du pays, qu'il s'agisse de celles issues de la réduction des niches fiscales injustes et inefficaces, ou des fruits de la croissance".

De son côté, Arnaud Montebourg, lui aussi candidat à la primaire pour 2012, a affirmé son opposition de fond à l'adoption d'une "règle d'or" qui constituerait, selon lui, "la fin de la politique".

Pour lui, la "règle d'or" est "une interdiction constitutionnelle prohibant les déficits, c'est-à-dire une négation du choix politique".

"Elle revient à dire que la finance et ses exigences sont plus fortes que ce que peuvent décider les citoyens et leurs élus, et que toute action politique disparaît derrière des règles technocratiques", a-t-il déclaré à Libération.

Enfin, Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche et candidat à la primaire socialiste d'octobre, a lui aussi déclaré son opposition à ce projet.

"C'est une fausse solution à un vrai problème", écrit-il dans un communiqué. "Après avoir creusé les déficits publics à des niveaux jamais atteints depuis 1945, Nicolas Sarkozy est aujourd'hui complètement disqualifié pour donner des leçons en la matière", ajoute-t-il.

Gérard Bon et Elizabeth Pineau, édité par Patrick Vignal