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Les avocats de Strauss-Kahn se plaignent de fuites de la police

Un policier devant la maison du quartier de TriBeca, à Manhattan, occupée par Dominique Strauss-Kahn. Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont évoqué jeudi des fuites propres à compromettre le droit de leur client à un procès équitable, et de divulgation

Un policier devant la maison du quartier de TriBeca, à Manhattan, occupée par Dominique Strauss-Kahn. Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont évoqué jeudi des fuites propres à compromettre le droit de leur client à un procès équitable, et de divulgation - -

par Basil Katz et Michelle Nichols NEW YORK (Reuters) - Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont évoqué jeudi des fuites propres à compromettre le...

par Basil Katz et Michelle Nichols

NEW YORK (Reuters) - Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont évoqué jeudi des fuites propres à compromettre le droit de leur client à un procès équitable, en disant posséder pour leur part des informations pouvant mettre en cause la crédibilité de la femme de chambre qui l'accuse de tentative de viol.

Dans une lettre adressée aux procureurs de Manhattan, les avocats de la défense, William Taylor et Ben Brafman, se plaignent de divulgations de la police de New York sur l'affaire auprès des médias. Ils disent ne pas en imputer la responsabilité aux procureurs.

"En effet, si notre intention était d'alimenter malhonnêtement la frénésie des médias, nous pourrions à présent diffuser des informations substantielles qui, à notre sens, saperaient sérieusement la qualité de cette action en justice et entameraient gravement la crédibilité de la plaignante dans cette affaire", écrivent Brafman et Taylor.

"Nous vous demandons d'user des moyens que vous jugerez appropriés pour faire cesser immédiatement les fuites", ajoute leur lettre, datée du 25 mai et adressée au procureur de Manhattan Cyrus Vance.

LES PROCUREURS S'INTERROGENT

Un porte-parole de la police de New York s'est refusé à tout commentaire.

Jeffrey Shapiro, l'avocat de la femme de chambre guinéenne qui poursuit l'ancien directeur général du FMI, a dit ne pas être surpris que les avocats de Strauss-Kahn affirment détenir des informations contre elle, mais il a parlé à ce sujet de basses manoeuvres.

"Une fois de plus, c'est faire de la victime le méchant", a dit Shapiro. "Ça me rend fou. Je connais cette femme. J'ai lu la peur dans ses yeux et sa volonté d'en finir avec tout cela."

Joan Illuzzi-Orbon, procureur adjoint de Manhattan, a répondu à Brafman et Taylor que les procureurs étaient "préoccupés" par le fait qu'ils aient choisi d'annoncer publiquement être en possession d'informations "susceptibles d'avoir un effet négatif sur l'affaire et d'entamer gravement la crédibilité de la victime".

"Nous n'avons connaissance d'aucune information de cette nature", écrit-elle.

L'accusation dit réunir des éléments à charge de plus en plus "substantiels" contre l'ancien ministre français.

LA DÉFENSE SE RENFORCE

Les avocats de ce dernier ont demandé à TD International, société de consultants de Washington dont le personnel comprend d'anciens officiers de la CIA et d'ex-diplomates américains, de se joindre à son équipe de défense, a appris Reuters.

On ignore le rôle exact qu'est appelée à jouer cette firme, mais on rapporte de source proche de TD International qu'elle n'enquêtera pas sur la femme de chambre.

Selon des documents du département de la Justice, TD International a accompli en 2007 des tâches de "relations publiques" pour le compte de Strauss-Kahn lorsqu'il était dans la course pour le poste de directeur général du FMI.

Un porte-parole de la société a dit qu'elle ne commentait pas ses activités mais que les indications du ministère la concernant étaient exactes.

Dominique Strauss-Kahn, qui a démissionné de son poste à la tête du FMI après son arrestation le 14 mai, doit comparaître à nouveau le 6 juin devant un tribunal new-yorkais. Il est à présent installé dans une luxueuse maison du sud de Manhattan.

Accusé d'agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration, il risque jusqu'à 25 ans de prison s'il est jugé coupable. L'accusation affirme que la plaignante a fait un "récit ferme et convaincant".

Dans leur lettre, les avocats de Strauss-Kahn disent craindre que "le droit de (leur) client à un procès équitable ne soit compromis par la divulgation d'éléments préjudiciables avant même que ces éléments aient été présentés à ses avocats".

A titre d'exemple, ils citent des informations de presse selon lesquelles des examens auraient confirmé la présence d'ADN de leur client sur les vêtements de la plaignante guinéenne.

Pour l'avocat new-yorkais Adam Freedman, cette lettre visant la police peut constituer pour la défense un moyen de préparer le terrain à un recours éventuel contre les fuites après les avoir dénoncées assez tôt pour que cette démarche revête un caractère d'avertissement.

Un autre avocat, Steve Zissou, estime que les défenseurs de Strauss-Kahn espèrent "voir le juge se fâcher et ordonner à tout le monde 'de la boucler'".

Jean-Loup Fiévet et Philippe Bas-Rabérin pour le service français

REUTERS