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Léotard accrédite la piste d'une vengeance sur l'affaire Karachi

L'ATTENTAT ANTIFRANÇAIS DE KARACHI

L'ATTENTAT ANTIFRANÇAIS DE KARACHI - -

PARIS (Reuters) - L'ancien ministre de la Défense François Léotard estime que l'attentat de Karachi qui avait tué en 2002 11 Français travaillant à...

PARIS (Reuters) - L'ancien ministre de la Défense François Léotard estime que l'attentat de Karachi qui avait tué en 2002 11 Français travaillant à la construction de sous-marins pouvait être le résultat d'une vengeance.

Les commanditaires pourraient être des personnes mécontentes de n'avoir pas reçu les commissions promises en marge de la vente de sous-marins, a-t-il déclaré dans une déposition en décembre 2009 devant une mission d'information parlementaire, publiée vendredi par le site Mediapart.

"Je vois mal pourquoi les Pakistanais attaqueraient des Français pour des commissions versées à d'autres Français. Soit c'est Al Qaïda, mais cela paraît peu probable compte tenu de la nature des explosifs utilisés, soit c'est une vengeance de personnes n'ayant pas touché leur part de commissions", dit-il.

"Je penche personnellement, mais c'est juste un sentiment, pour la deuxième hypothèse", ajoute-t-il. Il invite les députés à interroger son successeur au ministère de la Défense Charles Millon.

Soupçonnant des opérations de corruption en France au profit de son rival Edouard Balladur en marge de la vente de sous-marins, Jacques Chirac, élu à l'Elysée, avait chargé Charles Millon d'arrêter le paiement de certaines commissions en 1995, selon plusieurs dépositions rendues publiques.

Un éventuel lien avec l'attentat de Karachi en août 2002 est donc soupçonné et fait l'objet de deux instructions judiciaires.

L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, secrétaire général de l'Elysée en 1995, a confirmé devant des juges l'arrêt du versement des commissions mais, selon lui, il ne peut y avoir de lien avec l'attentat en raison notamment du délai.

Le texte de la déposition de François Léotard n'a pas été annexé au rapport officiel de la mission d'information parlementaire publié au printemps.

Le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer a refusé de remettre les procès-verbaux d'audition au juge d'instruction antiterroriste Marc Trévidic, en invoquant le principe de séparation des pouvoirs.

Un député communiste, qui a siégé dans la mission, a cependant pris l'initiative de remettre tous les procès-verbaux, dont celui de l'audition Léotard, au juge Trévidic.

Le dossier réveille de vieilles querelles à droite, d'autant plus sensibles que Nicolas Sarkozy était ministre du Budget et porte-parole du candidat Balladur.

L'argent des commissions passait par une société créée au Luxembourg avec, selon un rapport de police luxembourgeois rendu début 2010, l'aval d'Edouard Balladur et de Nicolas Sarkozy. Ce dernier conteste le rôle qui lui est prêté.

Ce circuit financier interrompu passait par deux intermédiaires libanais, Ziad Takieddine et Abdul Rahman El Assir, qui s'étaient vu promettre 33 millions d'euros.

Selon le procès-verbal, François Léotard a dit à la mission d'information que c'était son cabinet qui avait traité avec eux, citant Renaud Donnedieu de Vabres et Hervé Morin, qui vient de quitter le poste de ministre de la Défense.

Ce dernier a nié et protesté sur France Info vendredi, menaçant François Léotard de poursuites. "S'il venait à réitérer les mêmes déclarations, je demanderais les éléments de preuve et je porterais plainte dans la seconde", a-t-il dit.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse