BFMTV
Politique

Législative du Doubs : la question de la porosité entre l'électorat UMP et le FN se pose

La candidate du Front national Sophie Montel pour la législative partielle dans le Doubs le 8 février 2015.

La candidate du Front national Sophie Montel pour la législative partielle dans le Doubs le 8 février 2015. - Sébastien Bozon - AFP

Frédéric Barbier a été élu ce dimanche député du Doubs. En duel face à Sophie Montel, du Front national, le candidat PS l'a emporté d'une courte tête. Un résultat qui interroge sur le report des voix du premier tour du candidat de l'UMP vers celle représentant le FN.

"Je ne me réjouis pas, je ne pavoise pas". Ce sont les premiers mots de Frédéric Barbier, candidat socialiste à la législative partielle dans le Doubs, après sa victoire ce dimanche au second tour en duel face à la candidate du Front national. Le successeur de Pierre Moscovici à l'Assemblée nationale ne fanfaronne pas car il l'a emporté d'extrême justesse. Un résultat qui interroge sur le comportement des électeurs lors d'un duel entre la gauche et le Front national.

Si entre les deux tours l'UMP s'est divisée autour des consignes de vote, le résultat confirme que les électeurs n'écoutent qu'assez peu ces recommandations venues de la rue de Vaugirard. Officiellement, l'UMP avait appelé au "ni-ni", et donc au vote blanc ou à l'abstention. Or, la participation a été en nette hausse. Et avec un résultat aussi élevé pour la candidate du Front national, le report d'un certain nombre de voix de l'UMP vers le FN ne fait aucun doute.

Cette porosité inquiète à gauche

Au premier tour, Sophie Montel était arrivée en tête avec 32,60%. Elle avait devancé le candidat socialiste, à 28,85%, et le représentant de l'UMP, 26,54% des suffrages. Avec un score autour de 48% au second tour, elle a donc bénéficié de la hausse de la participation mais aussi d'un report des voix favorable de la droite traditionnelle.

Cette porosité inquiète à gauche. François de Rugy, co-président du groupe écologiste à l'Assemblée nationale et la sénatrice socialiste Frédérique Espagnac, proche de François Hollande s'en sont émus sur Twitter. "Sachons écouter le monde rural", a soufflé l'ancienne porte-parole du chef de l'Etat.

Soulagée mais inquiète....La porosité Ump/FN progresse. Sachons écouter le monde rural #Doubs
— Frédérique Espagnac (@FEspagnac) 8 Février 2015

#Législative #Doubs En + de la droitisation du parti, il y a une porosité de l'électorat #UMP Face à cela, un mot d'ordre : rassemblement !
— François de Rugy (@FdeRugy) 8 Février 2015

De récents sondages prédisaient déjà ce comportement électoral. Entre les deux tours, une étude de l'Ifop pour Le Figaro expliquait que 30% des électeurs de l'UMP se tourneraient plutôt vers le candidat du FN en cas de second tour entre le parti de Marine Le Pen et le Parti socialiste.

Les sondages qui se projettent vers la prochaine présidentielle vont également en ce sens. En cas de duel entre Marine Le Pen et François Hollande, nombreux sont les électeurs de l'UMP à se tourner plutôt vers la candidate du Front national que vers l'actuel président de la République.

Mais ces données sont à prendre avec prudence. Le sursaut dans les urnes pour le FN entre le premier et le second tour peut aussi être le résultat d'électeurs de gauche ou des abstentionnistes du premier tour. Une étude du Monde après la législative partielle du Lot-et-Garonne, en 2013, après l'affaire Cahuzac, avait montré que près de 15% des électeurs du premier tour ne s'étaient pas déplacés pour le second. Traduisant ainsi une certaine indifférence quant à la présence du Front national au second tour, plutôt qu'un sursaut républicain.

Ivan Valerio