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Le syndrome "Raymond Barre" menacerait François Fillon

François Fillon commet "une erreur tactique majeure" en entretenant le doute sur son éventuelle candidature à la présidence de l'UMP et doit prendre les rênes du premier parti d'opposition s'il veut espérer s'imposer comme le candidat de la droite en 2017

François Fillon commet "une erreur tactique majeure" en entretenant le doute sur son éventuelle candidature à la présidence de l'UMP et doit prendre les rênes du premier parti d'opposition s'il veut espérer s'imposer comme le candidat de la droite en 2017 - -

PARIS (Reuters) - François Fillon commet "une erreur tactique majeure" en entretenant le doute sur son éventuelle candidature à la présidence de...

PARIS (Reuters) - François Fillon commet "une erreur tactique majeure" en entretenant le doute sur son éventuelle candidature à la présidence de l'UMP et doit prendre les rênes du premier parti d'opposition s'il veut espérer s'imposer comme le candidat de la droite en 2017, estime le politologue Thomas Guénolé.

Lors du conflit de l'automne pour la présidence de l'UMP, l'ancien Premier ministre "a montré, en créant son propre groupe parlementaire, une combativité qu'on ne lui connaissait pas: il sortait donc initialement vainqueur", explique-t-il à Reuters.

"Pour autant, il a perdu sa position de vainqueur en cédant sur le fait que Jean-François Copé soit président de l'UMP par intérim d'ici la prochaine élection. Surtout, en laissant entendre qu'il pourrait ne pas concourir à la prochaine élection du président de l'UMP, il a donné à l'électorat de droite un sentiment de type 'tout ça pour ça?': c'est une erreur tactique majeure qui ressuscite son image d'homme peu combatif."

"Dans ce contexte, s'il ne veut pas que la flamme filloniste s'éteigne ou se restreigne aux parlementaires et élus locaux qui le soutiennent, François Fillon doit cesser de n'être combatif que quand il joue défensif", dit-il.

"Il doit affirmer son ambition d'être dès maintenant le chef de la droite, donc être au plus vite candidat à la prochaine élection du président de l'UMP et sonner le rappel des troupes pour répondre au besoin culturel et traditionnel qu'ont les militants de l'UMP d'avoir un meneur charismatique".

Pour Thomas Guénolé, "s'il ne le fait pas, il sera l'équivalent pour l'UMP de feu Raymond Barre: un homme moralement et intellectuellement estimé, mais qui ne suscite pas l'envie de le suivre".

L'INCONNUE DE LA PRIMAIRE

"C'est à gauche, pas à droite, que prétendre ne pas avoir l'ambition d'être le chef est bien vu par l'électorat", souligne-t-il.

François Fillon copréside avec Jean-François Copé les deux principes commissions de l'UMP -révision des statuts et investitures.

La première doit réfléchir aux modalités d'une primaire ouverte -avec ou sans les centristes- théoriquement en 2016 pour désigner le chef de file de la droite à l'élection présidentielle de 2017. François Fillon a d'ores et déjà fait valoir ses ambitions élyséennes.

"Rien dans les statuts actuels de l'UMP n'oblige à organiser une primaire ouverte pour choisir le candidat à l'élection présidentielle. Ces statuts prévoient une primaire fermée, c'est-à-dire l'élection du candidat par les adhérents de l'UMP: c'est comme cela que Nicolas Sarkozy avait été 'sacré' en 2007", précise Thomas Guénolé.

"Autant l'idée de copier la primaire ouverte socialiste de 2011 est dans l'air du temps dans la classe politique de droite, autant rien dans les statuts de l'UMP n'oblige celui qui sera en 2016 le président de l'UMP à l'organiser".

"En d'autres termes, si l'objectif de François Fillon est l'éventuelle primaire ouverte de l'UMP en 2016, il doit être conscient que la seule vraie garantie qu'elle ait lieu, c'est qu'il soit lui-même président de l'UMP d'ici là, pour décider qu'elle ait lieu", juge le politologue.

Face à lui, "Nicolas Sarkozy est hors catégorie".

"Il peut parfaitement annoncer unilatéralement sa candidature en 2016, mettant l'UMP devant le fait accompli et la forçant donc, si les sondages montrent que cette candidature est plébiscitée par l'électorat de droite, à lui donner son investiture a posteriori", note Thomas Guénolé.

Sophie Louet, édité par Yves Clarisse