BFMTV
Politique

Le rallye d'Alsace "0 carbone" agace les écologistes

BFMTV
STRASBOURG (Reuters) - L'étape française du championnat du monde des rallyes, qui se courra du 30 septembre au 2 octobre en Alsace, se veut...

STRASBOURG (Reuters) - L'étape française du championnat du monde des rallyes, qui se courra du 30 septembre au 2 octobre en Alsace, se veut exemplaire en matière de respect de l'environnement sans convaincre les écologistes qui crient à la supercherie.

Les organisateurs de l'épreuve, qui se déroulera pour la deuxième année consécutive dans la région natale de Sébastien Loeb, septuple champion du monde, ont notamment promis de compenser les émissions de CO2 engendrées par la manifestation.

"La compensation carbone sera financée à 100% par la Fédération française de sport automobile (FFSA). Il n'y a aucun événement sportif aujourd'hui qui ait adopté cette démarche", a affirmé à Strasbourg Dominique Serieys, directeur de l'épreuve qu'il présentait lundi à la presse.

Pour le collectif "Ras le rallye", qui regroupe une quarantaine d'associations et de partis politiques, allant des Verts à la Ligue contre la violence routière, le message est jugé sévèrement en ces temps de lutte contre le réchauffement climatique.

"Ça veut dire qu'on peut tout faire parce que c'est compensé. Ça renvoie une image extrêmement négative de la façon d'appréhender la crise écologique", a dit à Reuters Maurice Wintz, président d'Alsace nature.

En guise de provocation, cette fédération d'associations environnementalistes a mis en ligne un jeu au titre éloquent : "Saccage ton Alsace", ou comment provoquer le maximum de dégâts à l'environnement avec une bolide en un minimum de temps.

La FFSA reconnaît quelques ratés dans l'édition 2010, dont une incursion dans un biotope protégé du Grand ballon d'Alsace, sanctionnée par le tribunal administratif, mais affirme en avoir tiré les leçons.

CRITIQUE "SYMBOLIQUE"

Les soixante-cinq concurrents éviteront cette fois les secteurs les plus fragiles et plus de 15 kilomètres de filets orange seront mobilisés pour maintenir la foule des badauds à l'écart des secteurs protégés.

Les organisateurs annoncent la mise en place d'un tri sélectif et cinquante commissaires de course seront affectés à la protection de l'environnement.

Les collectivités locales et territoriales, qui subventionnent l'épreuve à hauteur de 1,44 millions d'euros (pour un budget de 3,54 millions d'euros), promettent de leur côté un renforcement des moyens de transport collectif et du covoiturage.

Un bilan carbone de l'édition 2010 avait été réalisé à la demande de Jacques Bigot, président socialiste de la Communauté urbaine de Strasbourg, aux prises avec ses alliés Verts qui refusaient - et refusent toujours - de subventionner le rallye.

Le total des émissions, dont celles dues aux spectateurs, avait été évalué à 2.700 tonnes d'équivalent CO2 dont la compensation aurait coûté 37.800 euros.

En supposant que l'impact soit identique en 2011, Jacques Bigot a suggéré à la FFSA d'affecter cette somme à la plantation de 1.500 arbres ou à l'installation de 2.000 chauffe-eau solaires chez des particuliers.

"Notre critique est plus de l'ordre du symbolique que de l'impact réel", admet Maurice Wintz à propos d'une manifestation qui avait attiré 250.000 à 300.000 spectateurs l'an dernier selon la Fédération.

Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse