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Politique

Le PS tente d'éviter la cacophonie

Le Parti socialiste a tenté mercredi d'aplanir ses divergences internes sur la réforme des retraites en France pour éviter toute cacophonie en pleine édification de son projet présidentiel pour 2012. /Photo d'archives/REUTERS/Miro Kuzmanovic

Le Parti socialiste a tenté mercredi d'aplanir ses divergences internes sur la réforme des retraites en France pour éviter toute cacophonie en pleine édification de son projet présidentiel pour 2012. /Photo d'archives/REUTERS/Miro Kuzmanovic - -

PARIS - Le Parti socialiste a tenté mercredi d'aplanir ses divergences internes sur la réforme des retraites en France pour éviter toute cacophonie...

PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste, tous courants confondus, a refusé mercredi de se plier à l'agenda du gouvernement sur la réforme des retraites.

Dans l'espoir de mettre fin au brouhaha qui règne en interne depuis quelques semaines sur la question, le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, a dirigé dans l'après-midi une "réunion de calage" entre les différentes sensibilités avant un débat, sans vote, du Bureau national, l'exécutif du parti.

Sur les retraites, "nous avons nos réponses" prêtes, a assuré l'ancienne ministre des Affaires sociales lors d'un point de presse en début de soirée.

"Simplement, ce n'est pas nous qui sommes au gouvernement et nous ne souhaitons pas faire des propositions pour que le gouvernement en picore une ou deux, celles qui l'arrangent, et dont on sait qu'elles ne régleront pas le problème", a-t-elle ajouté.

Elle rencontrera le ministre du Travail, Eric Woerth, mardi prochain. "Dès lors que c'est juste, que c'est ouvert, nous sommes prêts à travailler mais pas le couteau sous la gorge avec une seule volonté: faire semblant d'avoir du courage", a prévenu la maire de Lille.

"URGENT D'ATTENDRE"

"En gros, on a plutôt décidé de ne rien décider, qu'il était urgent d'attendre", commente-t-on dans l'entourage de l'ancien premier secrétaire, François Hollande.

"On ne va pas compliquer les choses. Martine Aubry souhaite ce calendrier pour des raisons proprement politiques, face à la droite, mais aussi parce que (les retraites) peuvent causer du grabuge chez nous", ajoute-t-on de même source.

Après avoir manqué le coche en 1997 et en 2003, les dirigeants socialistes assurent qu'ils seront à la hauteur des attentes des Français, avec des contre-propositions dignes d'un parti de gouvernement, mais chacun a joué jusque-là sa propre partition, parfois aux antipodes les unes des autres.

Après avoir provoqué des remous en janvier - quand elle avait semblé ouvrir la porte à un report de l'âge légal - Martine Aubry a esquissé la "philosophie politique" d'une réforme estampillée PS la semaine dernière dans Le Monde, aussitôt sévèrement critiquée par le gouvernement.

L'aile gauche du PS refuse d'entendre parler de repousser l'âge légal au-delà de 60 ans, et préconise de se concentrer sur la recherche de nouvelles ressources pour financer le système.

"Nous ne pourrons pas éviter l'allongement de la durée de cotisations. Tout le monde le pense au PS mais presque personne n'ose l'assumer", lui répond indirectement Manuel Valls dans un entretien publié mercredi par le quotidien Nord-Eclair.

Le député de Paris Jean-Marie Le Guen et le maire de Lyon Gérard Collomb vont un cran plus loin.

Le premier a jugé sur Radio Classique que "tout (était) discutable" même "faire évoluer les 60 ans si on protège les populations aux carrières plus longues" et le second, interrogé sur Public Sénat, a appelé le PS à "bouger" sur cette limite "symbolique".

LA DROITE ET SES PROPOSITIONS "LILLIPUTIENNES"

Des voix discordantes que Martine Aubry fait mine de ne pas entendre. "Peut-être qu'ils ne connaissent pas leur sujet. Mieux vaut bosser avant de parler", persifle un proche.

De plus, à entendre Martine Aubry, le PS n'est pas si divisé que veut le dire la droite. Selon elle, il y a un "immense accord" entre socialistes pour ne pas revenir sur la réforme Fillon, qui doit faire passer la durée de cotisation à 41 ans en 2012, ce qui n'allait pas de soi il y a peu.

Pour le PS et Martine Aubry, l'unité retrouvée de ces derniers mois sur fond de victoire aux élections régionales est au moins autant en jeu que la crédibilité du parti et de sa dirigeante, à deux ans de la prochaine présidentielle.

Les représentants des courants ont travaillé mercredi sur une note de synthèse rédigée par la secrétaire nationale chargée de la protection sociale, Marisol Touraine.

Le PS fera une "proposition d'architecture d'ensemble" de réforme "dans les prochaines semaines", a-t-elle expliqué à la sortie, raillant la droite qui propose des "instruments lilliputiens pour résoudre des problèmes himalayens".

Les socialistes sont tombés d'accord qu'on ne pouvait pas se contenter de jouer sur un seul paramètre, comme la durée de cotisation ou l'âge légal, sans envisager des solutions sur l'emploi des seniors et des jeunes, la pénibilité ou la recherche de nouvelles ressources.

"Nous refusons cette espèce de conjonction qui consiste à répondre à des questions simples comme si c'était des QCM", a prévenu Marisol Touraine.

Laure Bretton, édité par Yves Clarisse