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Le PS se distancie de Strauss-Kahn avant son retour à Paris

En évoquant mercredi l'attitude à l'égard des femmes de Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry a pris ses distances avec l'ancien directeur du Fonds monétaire international dont la mise en cause dans une affaire de viol présumé a profondément choqué l'opin

En évoquant mercredi l'attitude à l'égard des femmes de Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry a pris ses distances avec l'ancien directeur du Fonds monétaire international dont la mise en cause dans une affaire de viol présumé a profondément choqué l'opin - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Sparadrap du capitaine Haddock ou chewing-gum collé : les images de la presse française diffèrent mais...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Sparadrap du capitaine Haddock ou chewing-gum collé : les images de la presse française diffèrent mais illustrent bien l'embarras du Parti socialiste face au retour annoncé de Dominique Strauss-Kahn à Paris.

En évoquant mercredi l'attitude à l'égard des femmes de l'ancien directeur du Fonds monétaire international, Martine Aubry a pris ses distances avec un homme dont la mise en cause dans une affaire de viol présumé a profondément choqué l'opinion.

"Dans cette affaire, il y a le comportement d'un homme, et j'ai le droit de penser ce que je veux du comportement de Dominique vis-à-vis des femmes", a dit la candidate à la primaire socialiste sur RMC Info et BFM TV.

Prononcés en pleine accélération de sa campagne, dont la parité homme-femme est l'un des thèmes-phares, les propos de la maire de Lille contrastent avec son "bonheur" exprimé la semaine dernière à l'annonce de l'abandon des poursuites dont a bénéficié Dominique Strauss-Kahn devant la justice américaine.

"Elle dit peut-être les choses plus brutalement que d'habitude mais dans la continuité : elle a toujours souligné la présomption d'innocence et le respect de la justice", dit un proche de Martine Aubry. "Elle comprend aussi que la conduite cavalière, déplacée, légère de Dominique Strauss-Kahn, quel que soit le qualificatif, puisse heurter"

Peu évoquée lors de l'université d'été du PS de ce week-end à La Rochelle, concentrée sur la primaire, "l'affaire" Strauss-Kahn refait la "une" à l'approche de son retour en France "dans les jours qui viennent", selon Martine Aubry.

MONTEBOURG DEMANDE DES EXCUSES

Le soulagement a laissé place à un certain malaise, exprimé dès l'épilogue de l'affaire par les organisations féministes.

Une première salve a été tirée lundi soir par Michel Rocard.

"Cet homme a visiblement une maladie mentale, avec des difficultés à maîtriser ses pulsions", a dit l'ex-Premier ministre sur Canal +, provoquant la réaction indignée de ténors socialistes comme Laurent Fabius et Jack Lang.

Aux bémols de Martine Aubry sont venus s'ajouter mercredi les excuses réclamées par un autre candidat à la primaire, Arnaud Montebourg.

"Ayant fait des excuses au Fonds monétaire international, qui était son ancien emploi, son ancienne maison, il aurait dû certainement également les faire à l'égard des socialistes et des électeurs de toute la gauche", a dit le député sur i>Télé.

Le maire de Sarcelles (Val-d'Oise) a quant à lui démenti l'organisation d'une "grande fête" pour le retour de Dominique Strauss-Kahn dans son ancien fief.

"Rien n'est prévu ni organisé formellement pour l'instant. Il décidera lui seul de comment les choses vont se passer", a dit François Pupponi au Parisien.

A son retour en France, Dominique Strauss-Kahn trouvera un PS polarisé sur une campagne primaire où l'ancien favori des sondages pour 2012 n'a plus sa place - 80% des Français et 77% des sympathisants de gauche ne souhaitent pas le voir y jouer un rôle, selon un sondage CSA paru vendredi.

"Il a compris que le train était parti sans lui. Il a eu aussi le sentiment d'être lâché par ses anciens amis", note un proche de l'ancien ministre de l'Economie.

UN "PLUS" POUR HOLLANDE ?

De fait, ses anciens soutiens, qui misaient sur lui souvent depuis des années, ont changé de camp.

Pierre Moscovici est devenu le coordinateur de campagne de François Hollande, également choisi par Jean-Marie Le Guen et le maire de Lyon Gérard Collomb. Jean-Christophe Cambadélis est, lui, dans l'équipe de Martine Aubry.

"La voix de Dominique Strauss-Kahn sera utile sur la crise", dit un proche de la première secrétaire "en retrait" du PS. "Mais c'est un fait : dès qu'il apparaîtra, il sera vu comme l'homme qui a couché avec une femme de chambre à New York".

Peu loquace sur le sort de l'ex-directeur du FMI, qu'il a remplacé en tête des sondages, François Hollande pourrait tirer profit de cette situation.

Adversaire déclaré, bien avant l'affaire de New York, de Dominique Strauss-Kahn, avec qui il n'a passé aucun accord de désistement à la différence de Martine Aubry, le député garde ses distances selon une ligne fixée de longue date.

"Je suis décidé à mener la bataille jusqu'au bout. Je n'ai aucun engagement vis-à-vis de Dominique. Je suis candidat pour gagner, pas pour figurer ou négocier. La candidature de Strauss-Kahn est vulnérable. Il ne me fait pas peur", déclarait-il en février dans Le Point.

Avec Pauline Mével et Sophie Louet, édité par Yves Clarisse