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Le PS prépare la deuxième vague de la décentralisation

François Hollande et le président PS du conseil régional d'Aquitaine Alain Rousset. Trente ans après les lois Defferre du gouvernement Mauroy, le député de la 7e circonscription de Gironde réaffirme l'importance de l'autonomie régionale défendue par Franç

François Hollande et le président PS du conseil régional d'Aquitaine Alain Rousset. Trente ans après les lois Defferre du gouvernement Mauroy, le député de la 7e circonscription de Gironde réaffirme l'importance de l'autonomie régionale défendue par Franç - -

par Elizabeth Pineau et Matthias Blamont PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste promet de lancer une nouvelle grande vague de décentralisation si...

par Elizabeth Pineau et Matthias Blamont

PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste promet de lancer une nouvelle grande vague de décentralisation si François Hollande remporte l'élection présidentielle, avec en ligne de mire une montée en puissance des régions pour réindustrialiser la France, a déclaré jeudi le président PS du conseil régional d'Aquitaine, Alain Rousset.

Trente ans après les lois Defferre du gouvernement Mauroy, le député de la 7e circonscription de Gironde place l'autonomie régionale au même niveau de priorité que la réforme fiscale défendue par François Hollande dès son entrée en campagne.

En cas de victoire de la gauche en mai, un texte législatif pourrait être présenté cet été pour parachever les lois de 1982.

"Quand on voit la puissance de feu des Länder allemands, c'est terrorisant, l'Etat est autiste par rapport à ses territoires", a dit dans une interview à Reuters Alain Rousset, qui se présente comme un "décentralisateur radical" à qui le candidat du PS a demandé de réfléchir aux questions industrielles.

"François Hollande veut un véritable 'pacte de confiance et de responsabilité' avec les régions et éviter les doublons avec l'Etat sur des sujets aussi importants que le transport, le développement des petites et moyennes entreprises, le droit des chômeurs, la formation professionnelle ou l'accompagnement des entreprises", a-t-il fait valoir.

La France, qui se définit constitutionnellement comme une république "indivisible, laïque, démocratique et sociale", est considérée comme très peu décentralisée par rapport à plusieurs de ses grands partenaires de l'Union européenne, au premier rang desquels l'Allemagne dont les performances économiques actuelles suscitent l'admiration du PS comme de l'UMP.

"Nous devons nous inspirer de ce qui se pratique en Allemagne mais aussi en Espagne ou en Italie", a nuancé Alain Rousset.

PLAFONDS DE VERRE

Pour y parvenir, le député propose de réorganiser le financement des collectivités locales qui devront disposer de davantage de dotations et de pouvoirs, une idée susceptible de déclencher un tollé à droite, la majorité des régions françaises étant actuellement contrôlées par le PS.

"L'Aquitaine, avec 3,2 millions d'habitants, a un budget de 1,3 milliard d'euros. Le Pays basque espagnol, qui compte deux millions d'habitants, fait avec 10 milliards. En Hesse (le land de Francfort-NDLR), c'est 38 milliards", a-t-il dit.

Selon lui, une réforme régionale de grande ampleur pourrait aboutir dans un délai compris entre six mois et un an.

"Si une entreprise était organisée comme l'Etat français, elle aurait fait faillite dix fois. Le modèle de Nicolas Sarkozy, c'est le modèle napoléonien avec préfet, sous préfet, alors que nous manquons de policiers, de juges ou d'enseignants", plaide Alain Rousset, qui préside l'Association des régions de France.

"Il faut faire exploser le plafond de verre qui se trouve au-dessus de la tête des PME-PMI, représenté par les banques, qui ne leur font pas confiance, et les donneurs d'ordres (les grands groupes-NDLR) qui entretiennent une relation 'dominant-dominé' avec la sous-traitance et travaillent trop avec des partenaires low cost," a-t-il mis en avant.

"Les grands groupes sont aidés par l'Etat. Il faudra élaborer avec eux des stratégies de filière industrielle", a-t-il ajouté, laissant entendre qu'une partie de la commande publique pourrait être liée à de futurs engagements de la part des grandes entreprises.

La "banque publique d'investissement" promise par François Hollande pour favoriser le développement des PME devrait être pour partie abondée par un doublement à 12.000 euros du plafond du livret de développement durable (LDD) - une solution qui pourrait dégager quelque 20 milliards d'euros supplémentaires selon le député - et pilotée avec des comités régionaux, en partenariat avec la Caisse des dépôts et Oséo.

"En ces temps de rigueur budgétaire, le financement de la croissance devra venir de l'épargne, abondante, mais mal orientée", estime Alain Rousset.

"Surtout, l'Etat n'émet plus d'idées sur les grands choix technologiques, il faut le réarmer."

Edité par Gilles Trequesser