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Le Parti communiste français repart à l'offensive

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par Chine Labbé PARIS (Reuters) - Le Parti communiste français a présenté samedi ses nouveaux adhérents lors d'une cérémonie symbolique destinée à...

par Chine Labbé

PARIS (Reuters) - Le Parti communiste français a présenté samedi ses nouveaux adhérents lors d'une cérémonie symbolique destinée à "enterrer l'enterrement" du PCF, un parti qui a entamé un "mouvement de renaissance" après plus de trois décennies de déclin continu, d'après son secrétaire national.

"Bienvenue dans votre maison", lance un animateur aux quelque 400 militants qui se rassemblent sous la coupole du siège historique du parti, place du colonel Fabien, dans le XIXe arrondissement de Paris. Toute la matinée, ils échangent sur les raisons de leur adhésion.

"L'élément déclencheur, c'est avant tout la campagne de Jean-Luc Mélenchon", avance Fabien, 22 ans, adhérent depuis quelques mois seulement. "J'ai un fort engagement syndical et j'ai senti que, pour faire avancer la bataille des idées, il fallait s'engager aussi en politique", ajoute Marie-Jo.

Au fond de la salle, un retraité se réjouit de voir des gens qui ont "de zéro à peut-être cent ans" et viennent gonfler les rangs d'un parti qui revendique 134.000 adhérents.

C'est parce que le PCF a d'après lui changé et n'est plus une "voie ferrée soviétique", qu'il a récemment rejoint ses rangs.

Comme lui, 6.500 personnes ont adhéré au PCF en 2012, deux fois plus que l'année dernière. Des nouveaux visages qui prouvent l'existence d'un nouveau communisme, estime Pierre Laurent, secrétaire national du parti.

"J'ai lu dans la presse qu'avec cette rencontre, nous voulions mettre en avant nos nouveaux adhérents, eh bien c'est vrai", lance le sénateur de Paris.

"Nous sommes fiers qu'il existe une nouvelle génération de communistes. Nous vivons un moment qui est celui de la naissance et de l'affirmation d'un communisme de nouvelle génération", ajoute-t-il.

D'où une adresse "potache" à la presse, invitée par un communiqué en forme de faire-part à "enterrer l'enterrement du PCF", sans fleur, ni couronne.

Durant la campagne présidentielle, le Front de gauche mené par Jean-Luc Mélenchon a "remis le rouge à la mode".

"NOUS SOMMES REPASSÉS À L'OFFENSIVE"

Avec 32% de bonnes opinions en septembre, le PCF est à son plus haut niveau de popularité depuis presque 8 ans, selon un baromètre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine. "Je suis communiste, et ça fait du bien", dit la nouvelle campagne d'affichage lancée samedi par le parti.

"C'est lié à la campagne bien sûr", estime Laurent Zagorac, 48 ans. Militant CGT de longue date, il a adhéré en mars et parmi les différentes formations qui forment le Front de gauche, le choix du PCF s'est imposé, dit-il. "On connaît son histoire, ses forces, ses faiblesses, on sait ce qu'il a apporté, on connaît aussi ses errements. Alors que le Parti de gauche (de Jean-Luc Mélenchon) est moins clair", juge-t-il.

"On a confiance par rapport à l'histoire du parti, mais il fallait un élément déclencheur", confirme Fella Pichard, éducatrice spécialisée de 27 ans. "Jean-Luc Mélenchon a réussi ça."

Les élus communistes, ulcérés par le rejet systématique de leurs propositions, ont engagé depuis quelques semaines un bras de fer avec le gouvernement.

Après avoir provoqué le rejet au Sénat d'une proposition de loi socialiste sur une tarification progressive de l'énergie et du projet de loi de programmation budgétaire, ils ont menacé de voter contre le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2013. Une stratégie dont ne veut pas dévier Pierre Laurent, qui invite à "repousser les limites de la politique gouvernementale".

"Nous ne sommes pas un parti défensif qui cherche à sauver son pré-carré (...) Le Parti communiste achève aujourd'hui sa mue. Nous sommes repassés à l'offensive", a-t-il dit samedi.

"Il faut maintenant que les citoyens de gauche fassent entendre leur voix (...) et imposent le respect des choix pour lesquels ils ont voté au printemps dernier", a-t-il ajouté.

Évoquant les interrogations de certains écologistes sur leur place au gouvernement (voir ), Pierre Laurent s'est réjoui samedi de voir "le débat s'élargir". "Nous avons été en avant pour le porter, mais j'espère que nous allons être de plus en plus nombreux à le porter maintenant", a-t-il dit.

Edité par Yann Le Guernigou