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Le Medef se montre conciliant envers François Hollande

Laurence Parisot, présidente du Medef

Laurence Parisot, présidente du Medef - -

Laurence Parisot a déclaré sur RMC et BFMTV ce vendredi que François Hollande, déjà engagé dans des consultations avec les dirigeants européens, avait raison de mettre le sujet de la croissance sur la table.

Avant même la prise de fonction du deuxième président socialiste de la Ve République, la présidente du Medef multiplie les signaux conciliants à son adresse. Laurence Parisot a ainsi déclaré sur RMC et BFMTV ce vendredi que François Hollande, déjà engagé dans des consultations avec les dirigeants européens, avait raison de mettre le sujet de la croissance sur la table. "Nous voulons travailler pour faire en sorte que le plus vite possible notre pays retrouve le chemin d'une croissance économique soutenue", a-t-elle dit à Jean-Jacques Bourdin. "Nous avons une certaine impatience à rencontrer le gouvernement ou le président." La présidente de la principale organisation patronale française estime cependant qu'il ne faut pas opposer cette question à celle de la discipline budgétaire, qui a été un des axes d'attaques du président sortant, Nicolas Sarkozy, contre François Hollande pendant la campagne présidentielle. "Il est évident que nous avons besoin, tous les pays européens aujourd'hui, de méthodes, de disciplines pour gérer nos budgets publics", a-t-elle souligné.

Une position qu'elle défend dans une interview aux Echos, dans laquelle elle s'interroge cependant aussi sur les moyens de compléter le "paquet budgétaire" signé en janvier par 25 des 27 pays de l'Union européenne par un "paquet croissance". "Il faut aussi se demander comment créer un choc de confiance qui serait un choc de croissance sans aggraver le déficit", explique la présidente du Medef. "En d'autres termes, nous sommes favorables à une initiative de croissance, un 'growth compact' mais sans renégocier le 'fiscal compact'." Elle fait à ce propos une série de propositions - engager une révision générale des politiques européennes, définir des axes prioritaires dans les infrastructures qui seraient financés par des partenariats public-privé ou des "project bonds" - des emprunts liés à des programmes d'investissements, etc.

Des divergences avec le président

"Le Medef est clairement européen. Nous rejoignons l'appel de Jacques Attali et de Pascal Lamy pour un gouvernement économique et un budget européen de croissance", ajoute-t-elle. L'ancien collaborateur de François Mitterrand et l'actuel directeur général de l'Organisation mondiale du commerce sont réputés proches du Parti socialiste. Laurence Parisot développe également dans Les Echos toute une argumentation que n'aurait pas renié le candidat Hollande. "Nous souhaitons que l'Europe ait une doctrine claire et assumée en matière de compétitivité, que la coordination soit meilleure entre la politique monétaire, les politiques budgétaires et une politique d'investissement qui pourrait être décidée au niveau communautaire", dit-elle.
Le Medef souhaite aussi que la Banque centrale européenne "fasse en sorte que l'euro ne soit pas si haut face au dollar, ce qui dépend des taux d'intérêt mais aussi du discours de son président", et que l'Allemagne, "qui n'a pas intérêt à ce que la zone euro entre en récession, ait une approche plus coopérative et une politique davantage axée sur la demande".
Ces convergences avec le programme de François Hollande n'effacent pas d'importantes divergences, notamment sur le sort de la réforme des retraites, la fiscalité des entreprises et un éventuel "coup de pouce" pour le salaire minimum (smic). Mais sur ces sujets, Laurence Parisot se montre plutôt conciliante. Elle se dit ainsi prête à discuter du mode de calcul du smic, souhaite l'instauration d'un tel salaire minimum en Allemagne et ne rejette pas l'idée d'encadrer les hautes rémunérations dans les entreprises publiques.

Le Medef a pris contact avec Hollande

"Je ne saurais vous dire si une échelle de 1 à 20 est bien ou pas", a-t-elle déclaré à BFM-TV et RMC. "Mais (...) j'attends beaucoup du président de la République sur ce point-là (...) Il y a un juste milieu à trouver." Et d'estimer, là aussi, que François Hollande a raison de mettre le sujet sur la table, "parce que c'est le lien social qui est en jeu".
Elle a confirmé sur BFM-TV et RMC que des responsables du Medef travaillaient déjà avec des collaborateurs du successeur de Nicolas Sarkozy, qui prendra ses fonctions mardi. "Moi-même j'ai rencontré plusieurs des membres de l'équipe de François Hollande", a-t-elle ajouté. "Nous sommes en train de balayer tous les sujets et en même temps (...) nous travaillons déjà avec les organisations syndicales." Pendant la campagne, le candidat Hollande a annoncé son intention de convoquer à la mi-juillet une conférence nationale pour la croissance et l'emploi. "L'approche de François Hollande sur le dialogue social correspond très largement à ce que nous préconisons depuis longtemps", souligne dans les Echos Laurence Parisot, qui juge même "intéressante" son idée de "contrat de génération". Nicolas Sarkozy, après avoir misé sur le dialogue avec les syndicats pour assurer la paix sociale, n'a eu pour sa part de cesse pendant la campagne présidentielle de dénoncer des "corps intermédiaires" accusés d'immobilisme et de brandir la menace d'en appeler directement au "peuple" par la voie du référendum.