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Politique

Le gouvernement veut couper les banques en deux

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Jean-Marc Ayrault a confirmé mardi que le gouvernement souhaitait séparer les activités bancaires de dépôts, qui concernent les particuliers, et les activités de spéculation sur les marchés. Les banques, refinancées par l’État après la crise de 2008, sont réticentes à cette mesure. Explications...

Le gouvernement veut couper les banques en deux. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a confirmé lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, mardi, le projet gouvernemental de séparation des activités bancaires. Echaudé par la crise bancaire de 2008 qui avait obligé les Etats à venir au secours des banques, le gouvernement souhaite que les activités de dépôts, qui concernent les particuliers, soient détachées des activités de marchés les plus spéculatives. L’objectif est de rendre le système bancaire plus sûr.

« Séparer le service public du casino »

Séparer les activités de dépôts des activités de marchés, « c'est établir des cloisons étanches à l'intérieur des banques, explique Alexandre Delaigue, professeur d'économie à Saint-Cyr. C'est-à-dire séparer le service public du "casino". Le service public, c'est la banque de dépôt, c’est-à-dire l’épargne des particuliers et le crédit aux entreprises. Les activités "casinos" sont celles qui relèvent de la spéculation. La partie importante, la partie service public, doit être protégée de tout ce qui se passe du côté "casino". C'est dans cette direction que l'on va. Mais les banques aujourd'hui font un lobbying intensif pour tenter de réduire au maximum les contraintes qu'elles vont subir ».

« Des risques avec l’épargne des gens »

Les banques ne voient effectivement pas d’un bon œil cette mesure. Elles s’estiment assez solides pour éviter le pire des scénarios et assurent que les liens entre activité de crédits et de marchés sont tellement étroits et forts, qu’une séparation est techniquement impossible. L’argument : comment financer l’économie si les banques ne peuvent pas utiliser toutes leurs ressources pour se financer elles-mêmes sur les marchés ?
« Aujourd’hui, lorsque les banques investissent sur les marchés, elles le font avec leurs fonds propres mais aussi avec l’argent des épargnants », rappelle Phillipe Vasseur, président du Crédit Mutuel Nord Europe, qui milite, lui, pour une séparation claire des activités de dépôts et de spéculation. « Si vous prenez des risques vous le faites directement ou indirectement avec l'épargne des gens qui vous ont déposé leur argent. On a vu que ça ne fonctionnait pas toujours. Je rappelle que des banques ont été obligées d'être refinancées par les Etats parce qu'elles avaient bu des bouillons en 2008 [NDLR elles étaient ruinées] ».

La Rédaction avec Antoine Perrin