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Le gouvernement veut bannir le trafic de drogue à Sevran

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Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, lancera d'ici une dizaine de jours un plan de reconquête de la ville de Sevran, devenue un haut lieu du trafic de drogue dans la région parisienne.

Il a d'ores et déjà créé mercredi, avec le ministre de la Justice, Michel Mercier, une unité judiciaire spécifique de lutte contre les trafics de stupéfiants en Seine-Saint-Denis.

Claude Guéant a annoncé à cette occasion qu'il se rendrait tous les mois à Sevran pour veiller à l'efficacité du déploiement policier et des enquêtes en cours, mais aussi pour s'atteler aux questions de rénovation urbaine.

"Le troisième volet c'est, avec la ville, de compléter l'action qui a déjà été entreprise de rénovation urbaine, incluant l'éducation nationale, la formation, le chômage", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

"Je veillerai à cela personnellement", a-t-il promis.

Claude Guéant a annoncé avoir proposé au maire écologiste, Stéphane Gatignon, lequel l'aurait accepté, un "plan de reconquête de cette ville". Ce dispositif sera prêt dans une dizaine de jours, a-t-il précisé.

Face à l'ampleur des règlements de comptes entre trafiquants de drogues, l'élu avait réclamé au début du mois l'intervention de l'armée et des "casques bleus".

Une proposition rejetée par le ministre de l'Intérieur, qui a néanmoins décidé de déployer sur place des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) aussi longtemps que nécessaire.

Il s'est également opposé avec force à toute perspective de dépénalisation du cannabis, réclamée par Stéphane Gatignon, qui y voit le seul moyen de lutter contre les trafiquants.

"STRATÉGIE CIBLÉE"

Claude Guéant a dit avoir été sensible au désarroi des enseignants et des habitants de Sevran le 1er juin alors que des coups de feu avaient été tirés près d'une école.

"Ce qui s'est passé nous a rappelé que les mafias de la drogue avaient pignon sur rue", a-t-il dit.

Pour Claude Guéant, la population "souffre du fait de l'emprise de la drogue (mais) il y a de l'avenir pour Sevran." "Ce que je voudrais, c'est que les habitants aient confiance en nous", a-t-il insisté.

Même volontarisme affiché par son collègue de la Justice, Michel Mercier, lequel veut faire en sorte que Sevran "soit une ville où le calme a été restauré, où le droit s'applique comme ailleurs."

L'unité judiciaire anti-drogue installée mercredi rassemblera, autour d'un membre du parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis), l'ensemble des services de police concernés.

Il n'y aura pas d'effectifs supplémentaires mais une meilleure synergie entre les acteurs de la chaîne pénale.

"La nouveauté est dans notre détermination à obtenir des résultats très concrets par une stratégie ciblée", a dit le procureur de Bobigny, Sylvie Moisson.

Depuis trois semaines, des CRS patrouillent jour et nuit au pied des tours de Sevran.

Selon Claude Guéant, qui s'est rendu sur place lundi, des habitants disent ne pas avoir connu une telle paix depuis longtemps. Mais d'autres affirment que le trafic s'est simplement déplacé sur des parkings voisins.

Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser

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